NULLE PART OÙ LOGER
Les entreprises peinent à loger leurs travailleurs venus de l’étranger
En raison du nombre croissant de travailleurs de l’étranger venus tenter leur chance dans le Restigouche-Ouest, il est pratiquement impossible de mettre la main sur un logement dans les alentours de Kedgwick ou Saint-Quentin. Et la situation risque d’empirer alors que plusieurs autres travailleurs sont attendus sous peu.
Crise du logement.
Le terme semble un peu tiré par les cheveux à prime abord. Nous sommes dans le nord de la province après tout et non dans un grand centre urbain. Mais c’est pourtant bien la réalité en ce moment dans le Restigouche-Ouest.
Marc Beaulieu est propriétaire de l’entreprise Atelier Gérard Beaulieu de Saint-Quentin et intervenant impliqué dans le dossier de l’immigration.
Depuis l’été 2018, ce sont quelque 70 familles qui se sont installées dans ce secteur du Restigouche. Jusqu’ici, elles ont pu se trouver un logement ou être hébergées dans des maisons aménagées à cet effet. Mais ça ne suffit plus. La région a atteint, en quelque sorte, un point de saturation en matière de logements.
Marc Beaulieu en sait quelque chose. Il a dû se tourner vers l’international pour pourvoir certains postes dans son entreprise. Aujourd’hui, il emploie huit travailleurs de l’étranger.
Il a donc dû composer avec la réalité non seulement de trouver cette maind’oeuvre qualifiée, mais aussi de la loger celle-ci un coup arrivée.
La crise du logement est telle en fait qu’elle a forcé l’homme d’affaires à se lancer – bien malgré lui – dans l’immobilier.
Il a fait l’achat de maisons qu’il a spécialement aménagées en logements afin de pouvoir pallier cet afflux sans précédent d’immigrants. Aujourd’hui, il gère 18 logements et ce n’est pas terminé. Il travaille sur un projet d’immeuble à logements pouvant contenir seize unités.
«Ça fait trois ans que je suis dans l’immobilier et ce n’est pas vraiment parce que j’aime ça ou que je veux me diversifier. C’est par obligation et aussi pour aider la communauté. Il faut faire quelque chose», explique-t-il.
MAISONS INACCESSIBLES
Selon M. Beaulieu, le nombre de maisons à vendre à Kedgwick et SaintQuentin est très bas en ce moment. Et il s’agirait en fait pratiquement de la seule disponibilité en terme de logement. Mais cette option est bien peu réaliste dans la dynamique actuelle.
«Quand bien même il y en aurait plus sur le marché, les nouveaux arrivants ne peuvent pas s’acheter une maison comme ça. D’abord, parce qu’ils n’ont pas de crédit au pays, mais aussi parce qu’ils ne veulent pas s’investir dans un tel engagement aussitôt arrivé ici. Ils préfèrent louer, et c’est compréhensible», souligne-t-il.
M. Beaulieu soutient qu’une partie du problème provient du gouvernement et des banques.
«On a un problème de main-d’oeuvre sur les bras au pays, et on se tourne de plus en plus vers l’étranger pour le combler. Mais c’est très difficile pour ces nouveaux arrivants de mettre la main sur du capital. Le gouvernement et les marchés ne se sont pas ajustés. Ce n’est pas facile, et le fait qu’ils n’ont pas accès à la propriété fait en sorte que leur rétention est doublement difficile. Car ce n’est pas tout de réussir à faire venir des travailleurs de l’étranger, il faut aussi les retenir ici par la suite», dit-il.
APPEL À L’AIDE
En attendant que les règles s’assouplissent au sein des plus hautes instances, Marc Beaulieu se tourne vers la population du coin pour un coup de pouce. En fait, il lance un cri du coeur.
Ce cri s’adresse d’abord aux gens d’affaires, à savoir qu’il y a une clientèle pour du logement au Restigouche-Ouest, donc des occasions pour la construction d’immeubles locatifs. Puis il vise aussi la population générale.
«Si des gens ont de la place chez eux, un sous-sol qu’ils peuvent convertir en appartements, ou même louer une maison entière. C’est une occasion pour eux de se faire un revenu tout en aidant des familles et des entreprises. On en a déjà déniché plusieurs au cours des deux dernières années, mais ça nous en prend davantage», soutient M. Beaulieu. ■
«C’est dramatique comme situation. On a 16 familles qui doivent arriver d’ici 2020 afin de travailler au Groupe Savoie. Et à ce moment-ci, il n’y a aucun logement disponible», explique Marc Beaulieu.