Nous avons besoin de plus d’éducation linguistique
Alcide F. LeBlanc Moncton
Une récente lettre publiée dans un journal provincial m’a rappelé la théorie du bien-aimé Leonard Jones, quand il était maire de la ville de Moncton. Comme nous le savons tous, M. Jones, qui était unilingue, avait cependant quelques idées sur la manière de produire des enfants bilingues!
Son plan était fort simple. Selon lui, il s’agissait de mettre dans les mêmes salles de classe les élèves anglophones et francophones et s’assurer que le personnel enseignant consacre une demi-journée en français et une demijournée en anglais. Nous savons tous qu’un tel stratagème favoriserait l’assimilation linguistique et culturelle des francophones.
Cette lettre ajoutait des munitions supplémentaires. Les jeunes devraient être transportés dans les mêmes bus, jouer dans les mêmes terrains de jeu et même vivre dans la même communauté.
Bien que je ne sois pas un expert dans aucun domaine, y compris celui du bilinguisme, j’estime que le système scolaire n’est pas le seul endroit pour produire des enfants bilingues. Combien de familles de notre province reçoivent et lisent des journaux en anglais et en français ou regardent sur une base régulière des émissions de télévision dans les deux langues ou écoutent la radio dans les deux réseaux? Au foyer familial, offre-t-on aux jeunes une bibliothèque bilingue? Est-ce que les jeunes lisent dans les deux langues ? Écoutent-ils seulement les artistes anglophones ou encore visionnent-ils surtout les films de nos compatriotes?
Quand je vais chez Tim Horton ou McDonald à Moncton, à Dieppe ou même à Cap-Pelé, si je commande en français un simple café, il n’est pas rare de me faire dire: je ne comprends pas ce que vous voulez.
Dans ces endroits, une vingtaine de mots dans les deux langues suffiraient amplement!
En d’autres termes, nous avons besoin de plus d’éducation linguistique, non seulement dans le système scolaire, mais au foyer et ailleurs dans notre société.
Pour devenir bilingue ou trilingue, cela exige une ouverture d’esprit, un souci d’apprentissage et un engagement linguistique, social, familial et culturel constant. ■