Oui, le système doit changer… de la bonne façon
Isabelle Cormier-LeBlanc Enseignante de troisième année École Ste-Thérèse Dieppe
M. le ministre de l’Éducation, Dominic Cardy, je suis d’accord avec vous que notre système d’éducation doit changer. Étant enseignante dans le système depuis 15 ans, je vois de plus en plus de tâches qui nous sont assignées. Je suis moi-même une victime de ce système qui m’a amenée à un épuisement professionnel au cours des dernières années. Toujours avoir ce sentiment d’être inefficace et inadéquate dans mon travail, c’est vraiment épuisant. Et je sais que je ne suis pas la seule. L’épuisement professionnel chez les enseignants est de plus en plus fréquent. Les gens qui quittent la profession enseignante pour chercher une autre carrière…
Nous devons changer les choses si nous voulons un meilleur avenir pour nos enfants. L’impact de notre épuisement est aussi ressenti chez nos jeunes en salle de classe. Je rêve du jour où j’aurai à nouveau hâte de me lever le matin pour aller travailler, car je sais que j’aurai une bonne journée à l’école; sans réunions quotidiennes, comités imposés, projets à travailler, listes à cocher, documents à composer et notes sur des comportements d’élèves à rédiger... tout ça, car il faut des données!
C’est simple, à force de fournir des données, je sens que je n’ai plus rien à donner!
Ceci dit, notre système doit changer, mais de la bonne façon. Je ne suis pas en désaccord avec le changement proposé, ça doit cependant être bien fait! Nous avons besoin des ressources humaines, de support, de l’aide. Nous n’avons pas besoin de courriels ou de vidéoconférences! Nous avons besoin d’une présence dans les écoles! Nous avons besoin d’ergothérapeutes, d’orthophonistes, de psychologues et d’infirmières qui sont de plus en plus rares. Nos experts pédagogiques doivent être sur-le-champ de bataille. Et nous avons besoin de nos assistants et assistantes en éducation. Nous avons besoin de toute une communauté!
J’appuie les changements proposés, M. Cardy, mais avec des conditions et de l’appui.
Donc, si nous...
- Changeons notre pédagogie sans avoir de formation, nous allons continuer de nous sentir inadéquats et les épuisements seront encore plus nombreux. Il faut de la formation!
- Gardons les mêmes programmes (certains datent de plusieurs années et sont très désuets), il sera impossible d’enseigner adéquatement la matière à trois niveaux différents. Il faut changer les programmes d’étude!
- Informons les parents. Nous devons être honnêtes et leur dire que l’on peut faire mieux. Avec les changements proposés, les enseignants seront déstabilisés et il sera important d’être patients et compréhensifs. Il faut leur dire que les enseignants feront des erreurs et qu’ils ne sont pas des superhéros. Il faut être transparents avec les parents!
- Avançons vers un avenir meilleur avec ce changement, il faut nous informer et nous demander notre opinion sur le système. Notre avis sur ce qui fonctionne bien et moins bien, etc. Il faut nous faire confiance et nous écouter!
Alors voici, M. Cardy, mon opinion sur le sujet. J’ai rédigé ceci en toute authenticité ce matin, car je suis une personne qui croit en l’importance d’un changement de notre système d’éducation. Je suis une enseignante qui aime les enfants, qui aime enseigner et qui a la passion de l’enseignement, mais qui se bat contre un système qui renie trop souvent ses valeurs.
Comme le dirait ma grand-mère: allons de l’avant. Mais, à ceci, j’ajoute mon petit grain de sel… en travaillant ensemble! ■