TRUDEAU VEUT FORCER LA MAIN DE HIGGS
Justin Trudeau s’engage à obliger le gouvernement de Blaine Higgs à assumer les coûts des avortements effectués en clinique s’il est reporté au pouvoir la semaine prochaine.
Le chef du Parti libéral du Canada a fait cette promesse lors de son passage à Fredericton, mardi.
«Si on est réélu, je m’assoirais avec le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, pour lui expliquer qu’il doit fournir une couverture pour les services d’avortement offerts en dehors des hôpitaux ici au Nouveau-Brunswick et que le gouvernement fédéral serait prêt à utiliser tous les outils nécessaires, y compris sous la Loi canadienne sur la santé, pour assurer que ça soit fait par le gouvernement du Nouveau-Brunswick.»
M. Trudeau a fait ses commentaires alors que le seul établissement de la province à pratiquer des avortements en milieu non hospitalier menace de fermer ses portes en raison d’importants problèmes financiers.
La Clinique 554 de Fredericton, anciennement la Clinique Morgentaler, pourrait être mise en vente dans moins de 90 jours.
Au Nouveau-Brunswick, seuls les avortements effectués dans les hôpitaux sont couverts par l’Assurance-maladie.
L’hôpital régional Chaleur de Bathurst et les deux hôpitaux de Moncton sont les seuls à offrir ce service.
Les femmes qui choisissent de subir un avortement à la Clinique 554 doivent débourser de 700$ à 800$. La clinique, qui est également un centre de santé familiale, est le seul établissement de la province spécialisé dans les soins de santé pour la communauté LGBTQ+.
Afin de faire respecter la Loi canadienne sur la santé, Ottawa peut notamment retenir l’argent des transferts fédéraux en santé aux provinces.
En juillet, la ministre fédérale de la Santé, la députée néo-brunswickoise Ginette Petitpas Taylor, a avait envoyé une lettre à la province demandant au gouvernement Higgs de modifier sa politique en matière de financement de l’avortement.
En réponse aux propos de Justin Trudeau, un porte-parole du ministère provincial de la Santé a réitéré mardi que les avortements «sont disponibles dans les hôpitaux» et que le gouvernement «ne finance pas les services de santé privés.»
«La position de la province du Nouveau-Brunswick en matière d’avortement reste inchangée par rapport à celle du gouvernement précédent», a déclaré Bruce Macfarlane par courriel.
Durant son point de presse à Fredericton, M. Trudeau a d’ailleurs dû expliquer pourquoi le statu quo sous l’ancien premier ministre Brian Gallant n’était plus satisfaisant sous M. Higgs.
«Nous avons encouragé le premier ministre Gallant à élargir l’accès aux services d’avortement et des pas ont été faits. Nous continuons à travailler avec les provinces et je vais continuer à défendre les droits des femmes dans chaque province où les premiers ministres conservateurs veulent les restreindre.»
Durant la première année de son mandat, Brian Gallant a éliminé la règle qui obligeait les femmes à obtenir la signature de deux médecins avant de subir un avortement. Il a également étendu les services d’avortement à l’Hôpital de Moncton. C’était cependant avant que Justin Trudeau ne devienne premier ministre du Canada.
Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a accusé M. Trudeau de n’avoir rien fait pour améliorer l’accès à l’avortement durant ses quatre dernières passées passées à la tête du pays.
«Justin Trudeau dit qu’il défend le choix, mais il a toujours refusé d’utiliser son pouvoir pour protéger l’accès à l’avortement. Si Justin Trudeau avait vraiment voulu défendre le droit de choisir, il l’aurait fait il y a quatre ans au lieu de simplement en parler», a-t-il dit dans un communiqué de presse.
M. Singh s’engage à utiliser la Loi canadienne sur la santé pour «sauver la Clinique 554». ■
«Un gouvernement libéral et un premier ministre canadien libéral vont toujours tenir tête aux provinces qui veulent limiter le droit des femmes de choisir, quelque chose que les conservateurs, surtout sous Andrew Scheer, ne feront pas», a déclaré Justin Trudeau.