Rester en contact avec un proche hospitalisé grâce à la technologie
La situation de crise occasionnée par la pandémie de la COVID-19 demande des sacrifices - certains plus difficiles que d’autres - de la part de tous.
Par exemple, Christianne Comeau, de Lavillette, attendait avec impatience des nouvelles de son père, âgé de 87 ans, qui venait de subir une lourde opération à l’Hôpital régional de Miramichi.
Grâce à la technologie et à la bienveillance de quelques infirmières de l’hôpital, Christianne Comeau a enfin pu avoir des nouvelles de son père, le week-end dernier.
En fait, Aldéric McGraw, atteint d’un cancer, a été admis à l’Hôpital de Miramichi peu avant la mise en place des mesures pour limiter la propagation potentielle de la COVID-19. La chirurgie consistait à lui retirer un intestin au complet et de lui placer un sac pour stomie.
«C’était une grosse opération. Ils ne savaient pas à quoi s’attendre étant donné son âge et sa santé. La première étape était qu’il passe à travers l’opération. Après, il a été sur le ventilateur pendant trois jours.»
Pendant ce temps, les gouvernements provincial et fédéral ont commencé à mettre des mesures pour limiter la propagation de la COVID-19, y compris des restrictions sur les visites en milieu hospitalier.
«Il est sourd et utilise un pocketalker (un appareil d’amplification pour les personnes malentendantes). Je ne peux pas juste l’appeler. Ma mère lui a expliqué qu’on ne pourrait probablement pas le visiter à l’hôpital pendant 14 jours, mais en raison de la chirurgie, des médicaments et de son âge, il était confus. Il refusait de manger et de prendre ses médicaments. J’avais peur qu’il pense qu’on l’ait abandonné.»
Impatiente d’en connaître plus sur l’état de son père, Christianne Comeau a contacté l’hôpital pour des nouvelles.
«Les infirmières me disaient qu’il passait de mauvaises journées. Le vendredi suivant, j’ai rappelé l’infirmière. C’était encore la même histoire. Il refusait les médicaments et il refusait de manger. Je n’en pouvais plus. Je me suis mise à pleurer au téléphone.»
«Ça n’avait pas de sens. Il faut comprendre qu’on vit toutes sortes d’émotions. Si ça devait continuer comme ça, j’avais peur que mon père ne passe pas à travers. La personne qui refusait des médicaments et de manger, ce n’était pas vraiment lui. C’était difficile pour moi.»
Un jour alors que Christianne se trouvait au travail, elle reçoit soudainement un appel d’un numéro non familier.
«C’était une infirmière. Elle m’a dit, ‘’Je suis avec ton père. Veux-tu faire une session Facetime avec?’’ J’étais contente. J’ai pu le voir. Ça lui a fait du bien. Moi aussi. J’ai pu voir comment il allait et j’ai pu lui dire qu’il fallait qu’il mange et qu’il prenne ses médicaments. On a pu se parler pendant un bon 15 minutes.»
Quelques jours plus tard, un scénario semblable se produit de nouveau.
«Une autre infirmière m’appelle. Je ne m’y attendais pas. Elle m’a juste demandé si j’étais la personne qu’elle cherchait. J’ai pu encore lui parler sur Facetime. Dimanche, il avait déjà l’air d’aller mieux. Je trouvais qu’il avait l’air moins confus.»
Christianne Comeau continue d’envoyer des messages à son père en attendant de pouvoir le visiter.
Le Réseau de santé Horizon permet d’envoyer des courriels à une adresse précise. Le message est ensuite livré aux patients par des bénévoles.
«J’envoie un petit mot chaque jour. Je lui dis de ne pas oublier de manger et qu’on va aller le voir aussitôt que possible.»
En principe, Christianne Comeau pourra enfin visiter son père mardi, mais elle sait que cette date pourrait être reportée encore, selon la situation au Nouveau-Brunswick.
«J’ai hâte de le revoir, mais il y a quand même de l’incertitude. Quand il est rentré à l’hôpital, ce n’était pas encore une situation folle au Nouveau-Brunswick. C’est après son opération que ç’a commencé. Il écoutait toujours le hockey, mais la saison a été annulée. On ne veut pas trop le faire paniquer avec ça. Pour le moment, il n’est pas trop au courant de ce qui se passe à l’extérieur de l’hôpital.» ■