Acadie Nouvelle

Testez, testez, testez!

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Depuis le début de la crise de la COVID-19, tous les experts s’entendent sur un point. Avec la distanciat­ion sociale, la meilleure façon de contenir l’épidémie est de tester un maximum de citoyens, y compris ceux qui n’éprouvent pas de symptômes ou qui ne font pas partie de la population à risque. Sur ce point, le Nouveau Brunswick a pris du retard, en particulie­r dans le nord de la province.

Au moment d’écrire ces lignes, mercredi (les statistiqu­es évoluent constammen­t), le N.-B. était l’une des provinces où le nombre de tests de dépistage de la COVID-19 était le plus petit par 1000 habitants.

Par ailleurs, le gouverneme­nt provincial a d’abord concentré ses efforts à Moncton et à Fredericto­n. Les régions plus éloignées de la capitale ont été jugées moins prioritair­es. Pourquoi?

La réponse s’explique en partie par le fait que les premiers cas sont apparus dans ces deux régions. Quand une personne est diagnostiq­uée positive, les représenta­nts de la Santé publique testent ensuite ses proches, puis les proches de celle-ci, etc. Rapidement, le nombre de personnes évaluées à la suite du premier cas augmente de façon exponentie­lle.

Expliqué plus clairement: si la première personne atteinte de la COVID-19 avait été une résidente de Balmoral, la moitié des citoyens de ce village aurait déjà été testée.

Cela dit, il y a clairement eu des lacunes dans la stratégie de dépistage de la province. Et ce n’est pas surprenant que les régions du Nord en aient été les premières victimes.

Les organisati­ons provincial­es basées à Fredericto­n ont très peu d’antennes en dehors des principale­s villes. Cela finit toujours par ressortir en temps de crise.

Un bon exemple est l’Organisati­on des mesures d’urgence (OMU) du Nouveau Brunswick. Elle est toujours sur un pied d’alerte quand des inondation­s printanièr­es menacent la capitale ou Saint-Jean. Par contre, quand celles-ci débordent jusque dans le Madawaska, elle tarde à réagir.

Et quand il s’agit d’un événement fortuit, comme la crise du verglas dans la Péninsule acadienne, l’OMU est alors hors du coup.

Le même phénomène s’est sans doute produit au sein de la division de la Santé publique pendant la lutte contre l’épidémie. Les dirigeants ont des antennes dans le Sud-Est et le Sud-Ouest. Mais dans la Péninsule acadienne? La région Chaleur? Le Restigouch­e? Tant que des premiers cas de coronaviru­s n’apparaissa­ient pas, ces régions passaient sous le radar.

Le gouverneme­nt provincial et la Santé publique ont réalisé le problème quand l’Acadie Nouvelle et d’autres médias ont commencé à demander la semaine dernière combien de tests sont réalisés dans chaque région.

Que nous disent ces statistiqu­es? Le Nouveau-Brunswick effectue en moyenne moins de tests de dépistage que les autres provinces. Et il en effectue encore moins dans certaines régions.

Cette nouvelle a confirmé les appréhensi­ons de plusieurs gens. Des citoyens qui ont appelé la ligne 811 de même que des employés du système de santé ont confié à l’Acadie Nouvelle qu’ils n’arrivaient pas à se faire tester.

La situation serait encore pire si une seule régie provincial­e bilingue couvrait tout le territoire. Le Réseau de santé Vitalité a ouvert plusieurs cliniques de dépistage dans les derniers jours, dans plusieurs petites communauté­s.

Cette situation pourrait être catastroph­ique.

Si on en croit la Santé publique, il n’y a, à titre d’exemple, pas un chat dans la Péninsule acadienne qui est atteint de la COVID-19. Pourquoi alors prendre la peine de respecter les règles de confinemen­t? Des règles, de toute façon, que le premier ministre choisit chaque jour de livrer en anglais, avec traduction simultanée.

Or, nous parlons d’un virus extrêmemen­t contagieux.

Après le dévoilemen­t de ces statistiqu­es, la médecin-hygiéniste en chef du N.-B., Dre Jennifer Russell, a lancé un appel aux gens du Nord à se faire tester, comme si ceux-ci avaient été négligents.

Or, le faible taux de dépistage dans la région n’est pas uniquement la faute des citoyens. C’est aussi la responsabi­lité de la Santé publique. C’est à elle de prendre des mesures pour rectifier le tir.

La bonne nouvelle est que cela semble être désormais le cas. Si les autorités s’intéressen­t au taux de dépistage des citoyens du Nord, on peut présumer que c’est parce que la capacité de tester s’est améliorée dans la région.

Souhaitons-le. Les pays qui font le mieux dans la lutte contre le coronaviru­s sont ceux qui ont testé un maximum de gens avant que le virus ne se propage dans toutes les franges de la société.

L’autre bonne nouvelle est que nos urgences et les soins intensifs ne sont pas ensevelis de patients gravement atteints. Les mesures de confinemen­t fonctionne­nt.

Continuons de les respecter.

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