Acadie Nouvelle

PORTER LA VIE DURANT LA PANDÉMIE

- Allison.roy@acadienouv­elle.com

Qui dit grossesse dit fêtes prénatales, séances photos, magasinage et rendezvous médicaux remplis de joies. Pour celles qui portent la vie au coeur de cette pandémie, par contre, l’aventure peut s’avérer plutôt angoissant­e. Trois femmes partagent leurs inquiétude­s avec l’Acadie Nouvelle.

Enceinte de 17 semaines, Véronique Vienneau, de Bathurst, attend son deuxième bébé en septembre.

Malgré la fébrilité qu’elle ressent dans ces moments «précieux», la jeune mère ne cache pas la peur, l’angoisse et l’incertitud­e qui l’envahit.

«Est-ce que la situation sera maîtrisée d’ici septembre ou est-ce que tout aura empiré? Est-ce que nous nous trouverons sans aucune place où accoucher puisqu’il n’y aura plus de lits?», s’est-elle interrogé.

«Aurai-je droit de vivre un accoucheme­nt humain, d’avoir un accompagna­teur, la visite de ma famille?»

Mme Vienneau craint aussi une pénurie de personnel et l’impact qu’elle pourrait avoir sur la naissance de son bébé.

«Si je dois subir une césarienne d’urgence, comme avec mon premier, est-ce que l’équipe médicale sera suffisante?»

Pour la majorité des femmes, porter un enfant engendre déjà sa dose d’inquiétude­s; la crise de la COVID-19 semble toutefois les multiplier.

«Dans tout cela, ce qui me fait le plus peur c’est d’attraper le virus et de ne pas pouvoir porter mon bébé à terme (...)», a confié Mme Vienneau.

Il est a noté que les dernières données recensées en Chine indiquent que la transmissi­on de la COVID-19 au foetus pendant la grossesse, bien que possible, reste rare.

Dans une étude concernant 33 femmes enceintes atteintes, seulement trois bébés auraient été infectés. Tous ont survécu.

Du côté de Petit-Rocher, Cindy Bertin apprend aussi à apprivoise­r ses déceptions.

Enceinte de 29 semaines, elle essaie de se faire à l’idée qu’elle pourrait devoir donner naissance sans l’appui de ses proches.

«J’espère que la crise sanitaire sera finie avant mon accoucheme­nt, mais j’ai peur. Je sais que présenteme­nt, personne ne peut venir à l’hôpital, à part le papa, et qu’on ne peut pas sortir de notre chambre.»

En effet, la plupart des hôpitaux limitent actuelleme­nt chaque femme à un seul accompagna­teur.

«Déjà qu’il est difficile d’accoucher, mais accoucher sans le soutien de la famille, c’est triste.»

Mme Bertin pense surtout à sa petite fille, qui ne pourra pas visiter ses parents et le nouveau-né à l’hôpital pour la durée de leur séjour.

Elle pense aussi aux mères qui doivent commencer leur congé de maternité plus tôt que prévu à cause du virus et qui devront retourner au travail avant le premier anniversai­re de leur enfant.

«Je trouve que ce n’est pas facile ce que l’on vit... Non seulement on doit se stresser pour nous-mêmes, on doit aussi s’inquiéter pour deux!», a-t-elle témoigné.

Pour sa part, Amy Perron entame son troisième trimestre et compte maintenant les jours avant l’arrivée de son enfant.

Censée accoucher à la fin avril, la femme de Campbellto­n redoute toutefois son séjour à l’hôpital.

«Être dans un hôpital, c’est toujours angoissant, peu importe la raison, mais tout ce qui se passe ajoute un stress de plus.»

Mme Perron et son conjoint se préparent eux aussi à accueillir leur petite fille sans la présence de leurs familles.

«Je suis très déçue puisque c’est censé être un beau moment avec la famille (...). Heureuseme­nt, on a Facetime et d’autres technologi­es donc on pourra quand même leur présenter notre trésor.»

Les femmes avec lesquelles nous avons discuté ont aussi soulevé le fait que les partenaire­s n’ont plus le doit d’assister aux échographi­es.

Il s’agit d’une pilule difficile à digérer pour celles qui rêvaient d’entendre le coeur ou de connaître le sexe du bébé en présence de leur conjoint.

REDOUBLER DE PRUDENCE

La médecin-hygiéniste en chef du Nouveau-Brunswick, Dre Jennifer Russell, affirme que les femmes enceintes devraient redoubler de prudence durant la pandémie.

«Si j’étais enceinte aujourd’hui, j’aurais les mêmes craintes qu’elles parce que l’on sait que lorsqu’on est enceinte, notre système immunitair­e est diminué», expliquet-elle.

Les femmes enceintes devraient donc rester à la maison «autant que possible» et éviter de recevoir des visiteurs. Le lavage des mains et l’éloignemen­t physique sont également évidemment de mise.

Les futurs parents devraient aussi demander à leur médecin s’il est possible de remplacer les visites médicales par une conversati­on téléphoniq­ue ou une vidéoconfé­rence, affirme Dre Russell.

Les femmes ne devraient toutefois pas avoir peur de transmettr­e le coronaviru­s à leur nouveau-né durant l’accoucheme­nt.

«On sait qu’il n’y a pas de preuve concernant la transmissi­on entre la mère et l’enfant durant l’accoucheme­nt», dit-elle.

Les nouveaux parents ne devraient surtout pas hésiter à poser toutes leurs questions à leur médecin, assure Dre Russelle.

«Il faut certaineme­nt avoir des conversati­ons avec son médecin au sujet de ces craintes pour l’accoucheme­nt. J’encourage les femmes à avoir ces conversati­ons avec leur médecin», lance-t-elle. ■

Avec la collaborat­ion du journalist­e Mathieu Roy-Comeau

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Pour la majorité des femmes, porter un enfant engendre déjà sa dose d’inquiétude­s; la crise de la COVID-19 semble les multiplier. - Archives
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