UNE LEÇON DE TRANSPARENCE
Depuis le début de la pandémie de la COVID-19, on entend beaucoup parler de tout ce qui devra changer sur la planète lorsque nous nous serons remis de cette crise.
La liste est pour le moins ambitieuse: la minceur du filet social, l’industrie du voyage, la consommation de masse, la délocalisation des moyens de production et la mondialisation dans son ensemble ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres. Pour le Nouveau- Brunswick, on peut toujours souhaiter quelque chose d’un peu plus réaliste: que la pandémie laisse dans son sillage une véritable culture de transparence au sein de nos institutions publiques alors que nos dirigeants auront découvert ou redécouvert l’importance primordiale du partage de l’information.
Sur le plan pratique, cela nécessitera tout d’abord l’adoption d’une nouvelle loi sur l’accès à l’information au lieu de la législation actuelle qui est bourrée d’exceptions qui permettent aux responsables de nos institutions publiques de refuser à peu près toutes les demandes sous n’importe quel prétexte.
Avec une véritable culture de transparence, on ne se contenterait toutefois pas de respecter la loi à la lettre. Si nos institutions publiques étaient vraiment ouvertes, elles partageraient avec la population toute l’information pertinente sans que l’on ait à recourir au long et pénible processus prévu dans la loi. L’urgence de la pandémie prouve ces jours-ci l’importance de partager les véritables informations avec la population afin d’éviter la propagation des rumeurs et des fausses nouvelles sur les médias sociaux. La Santé publique a d’ailleurs fait de beaux efforts cette semaine pour être plus ouverte. Même si ce n’est toujours pas suffisant et que nous avons eu droit à plusieurs informations contradictoires du même coup, il faut espérer qu’ils continueront dans cette voie.
Comme le lavage régulier des mains en profondeur, il ne faudra surtout pas oublier cette importante leçon de transparence lorsque la crise sera terminée.
Si tout se déroule comme prévu, la saison pourrait, en principe, être lancée la semaine prochaine dans la zone 12.
«Il n’y a actuellement aucun délai pour l’ouverture de la zone 12 de la pêche au crabe des neiges dans le golfe du Saint-Laurent, en lien avec la COVID-19. Nous continuons de consulter les pêcheurs, les transformateurs et les partenaires de l’industrie, y compris les associations de pêcheurs de crabe des neiges, pour évaluer la situation de façon continue», dit Bernadette Jordan, ministre des Pêches et des Océans dans une déclaration envoyée à l’Acadie Nouvelle.
Malgré la volonté de sa collègue, le député d’Acadie-Bathurst, Serge Cormier, estime qu’il serait plutôt de mise de reporter le début de la saison d’au moins quelques semaines. Au cours des derniers jours, plusieurs voix se sont élevés pour demander le report ou même l’annulation des pêches au crabe et au homard dans cadre de la pandémie mondiale de la COVID-19.
«J’ai eu beaucoup de discussions avec des gens de l’industrie, soit des pêcheurs, des transformateurs et des travailleurs d’usine.
Les opinions sont très partagées, mais j’ai été très clair sur un aspect, nous ne pouvons pas mettre la santé et la sécurité des nombreux différents travailleurs en danger. Pour moi, la meilleure solution est de reporter la saison de quelques semaines», affirme-t-il.
Le premier ministre du NouveauBrunswick, Blaine Higgs, a récemment affirmé que la province est prête à considérer la transformation alimentaire, y compris les fruits de mer, comme un service essentiel, à condition de respecter les lignes directrices en matière de santé publique.
Il y a quelques semaines, Gilles Thériault, président de l’Association des transformateurs de crabe du Nouveau-Brunswick, a indiqué que les usines sont en train de prendre d’examiner de nombreuses mesures permettant d’assurer la sécurité des employés.
«Il faut encore donner le temps aux usines. Tant qu’on ne sait pas si le plan des usines sera approuvé par la santé publique, c’est difficile et sans usine, il est difficile d’avoir une saison de pêche. En reportant le début de la saison, ça donne du temps à tout le monde d’évaluer la situation de long et en large», ajoute le député d’Acadie-Bathurst.
Bien qu’elle n’ait pas encore annoncé le report de la saison, la décision ultime de Bernadette Jordan ne semble pas entièrement coulée dans le ciment.
«La décision de retarder une saison de pêche est prise avec le soutien des pêcheurs et des transformateurs, et après avoir pris en compte une variété de facteurs, notamment la sécurité sanitaire des travailleurs et la conservation et la protection des stocks. Nous travaillons ensemble pour garantir que les décisions que nous prenons aujourd’hui soutiennent l’industrie à court terme et permettent une reprise solide dans le futur.»
«Je suis très reconnaissante envers mon collègue pour son partenariat, car nous travaillons tous ensemble pour soutenir nos pêches en ce moment. Il écoute les pêcheurs de la région. Il a été élu pour représenter et pour exprimer leurs préoccupations, et cet apport est extrêmement important pour notre gouvernement en ce moment.»
L’Acadie Nouvelle a tenté de joindre Diane LeBouthiller (Gaspésie – Les Îles-de-laMadeleine) et Robert Morrissey (Egmont), deux collègues libéraux à Serge Cormier en Atlantique, pour savoir s’ils appuient la demande à Serge Cormier, mais aucun n’a répondu à notre message. ■