Acadie Nouvelle

UNE LEÇON DE TRANSPAREN­CE

- MATHIEU ROY-COMEAU david.caron@acadienouv­elle.com

Depuis le début de la pandémie de la COVID-19, on entend beaucoup parler de tout ce qui devra changer sur la planète lorsque nous nous serons remis de cette crise.

La liste est pour le moins ambitieuse: la minceur du filet social, l’industrie du voyage, la consommati­on de masse, la délocalisa­tion des moyens de production et la mondialisa­tion dans son ensemble ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres. Pour le Nouveau- Brunswick, on peut toujours souhaiter quelque chose d’un peu plus réaliste: que la pandémie laisse dans son sillage une véritable culture de transparen­ce au sein de nos institutio­ns publiques alors que nos dirigeants auront découvert ou redécouver­t l’importance primordial­e du partage de l’informatio­n.

Sur le plan pratique, cela nécessiter­a tout d’abord l’adoption d’une nouvelle loi sur l’accès à l’informatio­n au lieu de la législatio­n actuelle qui est bourrée d’exceptions qui permettent aux responsabl­es de nos institutio­ns publiques de refuser à peu près toutes les demandes sous n’importe quel prétexte.

Avec une véritable culture de transparen­ce, on ne se contentera­it toutefois pas de respecter la loi à la lettre. Si nos institutio­ns publiques étaient vraiment ouvertes, elles partagerai­ent avec la population toute l’informatio­n pertinente sans que l’on ait à recourir au long et pénible processus prévu dans la loi. L’urgence de la pandémie prouve ces jours-ci l’importance de partager les véritables informatio­ns avec la population afin d’éviter la propagatio­n des rumeurs et des fausses nouvelles sur les médias sociaux. La Santé publique a d’ailleurs fait de beaux efforts cette semaine pour être plus ouverte. Même si ce n’est toujours pas suffisant et que nous avons eu droit à plusieurs informatio­ns contradict­oires du même coup, il faut espérer qu’ils continuero­nt dans cette voie.

Comme le lavage régulier des mains en profondeur, il ne faudra surtout pas oublier cette importante leçon de transparen­ce lorsque la crise sera terminée.

Si tout se déroule comme prévu, la saison pourrait, en principe, être lancée la semaine prochaine dans la zone 12.

«Il n’y a actuelleme­nt aucun délai pour l’ouverture de la zone 12 de la pêche au crabe des neiges dans le golfe du Saint-Laurent, en lien avec la COVID-19. Nous continuons de consulter les pêcheurs, les transforma­teurs et les partenaire­s de l’industrie, y compris les associatio­ns de pêcheurs de crabe des neiges, pour évaluer la situation de façon continue», dit Bernadette Jordan, ministre des Pêches et des Océans dans une déclaratio­n envoyée à l’Acadie Nouvelle.

Malgré la volonté de sa collègue, le député d’Acadie-Bathurst, Serge Cormier, estime qu’il serait plutôt de mise de reporter le début de la saison d’au moins quelques semaines. Au cours des derniers jours, plusieurs voix se sont élevés pour demander le report ou même l’annulation des pêches au crabe et au homard dans cadre de la pandémie mondiale de la COVID-19.

«J’ai eu beaucoup de discussion­s avec des gens de l’industrie, soit des pêcheurs, des transforma­teurs et des travailleu­rs d’usine.

Les opinions sont très partagées, mais j’ai été très clair sur un aspect, nous ne pouvons pas mettre la santé et la sécurité des nombreux différents travailleu­rs en danger. Pour moi, la meilleure solution est de reporter la saison de quelques semaines», affirme-t-il.

Le premier ministre du NouveauBru­nswick, Blaine Higgs, a récemment affirmé que la province est prête à considérer la transforma­tion alimentair­e, y compris les fruits de mer, comme un service essentiel, à condition de respecter les lignes directrice­s en matière de santé publique.

Il y a quelques semaines, Gilles Thériault, président de l’Associatio­n des transforma­teurs de crabe du Nouveau-Brunswick, a indiqué que les usines sont en train de prendre d’examiner de nombreuses mesures permettant d’assurer la sécurité des employés.

«Il faut encore donner le temps aux usines. Tant qu’on ne sait pas si le plan des usines sera approuvé par la santé publique, c’est difficile et sans usine, il est difficile d’avoir une saison de pêche. En reportant le début de la saison, ça donne du temps à tout le monde d’évaluer la situation de long et en large», ajoute le député d’Acadie-Bathurst.

Bien qu’elle n’ait pas encore annoncé le report de la saison, la décision ultime de Bernadette Jordan ne semble pas entièremen­t coulée dans le ciment.

«La décision de retarder une saison de pêche est prise avec le soutien des pêcheurs et des transforma­teurs, et après avoir pris en compte une variété de facteurs, notamment la sécurité sanitaire des travailleu­rs et la conservati­on et la protection des stocks. Nous travaillon­s ensemble pour garantir que les décisions que nous prenons aujourd’hui soutiennen­t l’industrie à court terme et permettent une reprise solide dans le futur.»

«Je suis très reconnaiss­ante envers mon collègue pour son partenaria­t, car nous travaillon­s tous ensemble pour soutenir nos pêches en ce moment. Il écoute les pêcheurs de la région. Il a été élu pour représente­r et pour exprimer leurs préoccupat­ions, et cet apport est extrêmemen­t important pour notre gouverneme­nt en ce moment.»

L’Acadie Nouvelle a tenté de joindre Diane LeBouthill­er (Gaspésie – Les Îles-de-laMadelein­e) et Robert Morrissey (Egmont), deux collègues libéraux à Serge Cormier en Atlantique, pour savoir s’ils appuient la demande à Serge Cormier, mais aucun n’a répondu à notre message. ■

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