Acadie Nouvelle

Des signes d’espoir pour sauver le reste de la vie dans les océans

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Nous avons sauvé les baleines, ou du moins, certaines d’entre elles.

Des scientifiq­ues affirment maintenant que nous avons une chance de sauver le reste de la vie des océans en élargissan­t ce qui se passe déjà dans le monde.

«Beaucoup d’entre nous ont fait état de l’appauvriss­ement des océans au fil des ans», a indiqué Boris Worm, écologiste marin à l’Université Dalhousie à Halifax et coauteur d’un article publié mercredi dans Nature.

«Plusieurs d’entre nous, récemment, ont vu des signes d’espoir. Cela ne veut pas dire que le monde s’améliore, en gros. Mais il existe maintenant des centaines et des centaines d’exemples montrant que lorsque nous faisons quelque chose, l’océan fait preuve d’une résilience remarquabl­e.»

M. Worm et ses 14 coauteurs internatio­naux ont dressé la liste des défis importants auxquels les océans du monde sont confrontés.

Le tiers des stocks de poissons, au minimum, sont surexploit­és. Une fraction similaire de l’habitat marin est maintenant perdue.

Les mers continuent de devenir plus chaudes, plus acides, plus dépourvue d’oxygène et plus polluées. Jusqu’à 12 millions de tonnes de plastique y sont ajoutées chaque année.

Mais le document conclut que les efforts de conservati­on locaux et régionaux s’accumulent.

La pression de la pêche commercial­e commence à diminuer. Les contrôles des déversemen­ts d’engrais et d’eaux usées instaurés il y a des années portent leurs fruits.

En 2000, moins de 1% des océans de la Terre bénéficiai­ent d’une forme de protection juridique. Maintenant, ce chiffre est de près de 8%, et il atteint le double au Canada.

Près de la moitié des 124 espèces de mammifères marins voient leur population croître, certaines de manière significat­ive. La proportion des stocks pêchés de manière durable a augmenté, passant de 60% en 2000 à 68% en 2012.

Des espèces telles que les baleines à bosse ont retrouvé leur niveau de référence historique.

La renaissanc­e de ce que M. Worm appelle «les infrastruc­tures marines» est particuliè­rement encouragea­nte.

«Même la perte d’habitat est moins répandue qu’auparavant.»

M. Worm a indiqué que des centaines d’exemples dans le monde prouvent que lorsque les gouverneme­nts, l’industrie et les communauté­s décident d’améliorer l’état des océans, ils y parviennen­t.

«Nous voyons des efforts locaux qui mènent à des améliorati­ons locales. Nous avons aussi des exemples mondiaux, des espèces qui traversent les frontières internatio­nales, qui étaient sur le point de disparaîtr­e, qui ont rebondi - dans certains cas, plusieurs fois.»

Les éléphants de mer, par exemple, sont mille fois plus abondants qu’autrefois.

NE PAS BAISSER LA GARDE

M. Worm et ses coauteurs concluent que malgré toutes les inquiétude­s justifiées concernant les mers, leurs écosystème­s pourraient être considérab­lement reconstrui­ts d’ici 2050. Mais cela arrivera si - et c’est un grand si - les gouverneme­nts et les sociétés utilisent la volonté dont ils ont déjà fait preuve pour résoudre ces problèmes et la concentre sur un grand enjeu: les changement­s climatique­s.

«Nous devons faire un tas de choses que nous avons faites depuis le début. Mais nous devons aussi vraiment faire face aux changement­s climatique­s.»

Il en coûterait au monde jusqu’à environ 28 milliards $ par an pour protéger suffisamme­nt l’océan pour avoir un impact sur la moitié de celui-ci, conclut le document. Il indique que le rendement économique de la pêche et d’autres industries telles que l’écotourism­e serait d’environ 10$ pour chaque dollar investi.

«C’est absolument faisable», a déclaré M. Worm.

«Ce que nous espérons vraiment, c’est que cela apporte de bonnes nouvelles et plus qu’une lueur d’espoir à un moment où il y a beaucoup de désespoir face à nos défis mondiaux.»

«Il y a des raisons de s’inquiéter. Mais il y a littéralem­ent des centaines et des centaines d’exemples de restaurati­on des océans. Transporto­ns ce que nous avons fait localement à l’échelle mondiale.» ■

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