Un dur coup financier pour de nombreuses familles acadiennes
Malgré les nombreuses mesures de soutien annoncées par les différents paliers de gouvernement et par certaines entreprises pour venir en aide aux Canadiens touchés par la COVID-19, l’impact économique de la pandémie risque de se faire sentir chez bon nombre de familles néobrunswickoises.
«Il est bon que le gouvernement canadien ait annoncé des mesures pour soutenir les Canadiens à faible revenu, mais de nombreuses familles ne peuvent attendre un soutien qui ne se concrétisera que plus tard. Elles en ont besoin maintenant. De nombreux locataires qui viennent de perdre leur travail seront dans une situation catastrophique», a lancé dit Ricardo Tranjan, qui est économiste politique et chercheur principal au Centre canadien de politiques alternatives.
L’organisme a publié le mois dernier un nouveau rapport qui fait état du fait que plus de la moitié des locataires néo-brunswickois ayant un emploi ne disposent pas d’assez d’économies pour payer leurs factures au-delà d’un mois s’ils perdent leur travail.
Plus précisément, 59% de ces locataires ne pourront faire face à leurs obligations.
De ce lot, plusieurs n’ont même pas assez de revenus pour se passer de paie pendant une seule semaine soutient l’organisme.
«Alors que la crise s’aggrave, la nécessité de soutenir les locataires à faible revenu se fait encore plus urgente. Le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux doivent tous travailler à assurer la sécurité et la solvabilité des locataires», estime Ricardo Tranjan.
Des organismes communautaires d’ici, comme l’Atelier R.A.D.O. d’Edmundston, disent déjà ressentir les effets pervers de cette insécurité financière grandissante chez les gens.
«Nous recevons beaucoup plus de demandes d’aide alimentaire ces jours-ci comparativement à pareille date le mois dernier. Il y a des personnes qui nous appellent et qui sont désespérées», a indiqué Yves Sévigny, le directeur de l’organisme à but non lucratif du Madawaska qui fournit des services de banque alimentaire, de soupe populaire, de comptoir vestimentaire ainsi que des services d’urgence aux personnes démunies.
L’Atelier R.A.D.O. a réduit ses effectifs et ses activités afin de répondre aux nouvelles normes de salubrité et de distanciation sociale.
La direction a dû se résoudre à fermer son comptoir vestimentaire puisqu’il ne s’agit pas d’un service essentiel.
«On parle d’une perte de revenus de 3000$ par semaine, des revenus qui nous permettent de financer notre service de banque alimentaire et de cuisine communautaire», se désole Yves Sévigny.
Le Front commun pour la justice sociale du Nouveau-Brunswick dit s’inquiéter de la situation qui attend les travailleurs à bas salaire qui viennent de perdre leur emploi dans la foulée des fermetures d’entreprises causées par la COVID-19.
«Pour un travailleur au salaire minimum, recevoir 55% de son salaire durant plusieurs semaines est difficile à imaginer comme situation», illustre Jean-Claude Basque, porte-parole de l’organisme.
Celui-ci dit souhaiter de la part du gouvernement provincial une aide financière aux bénéficiaires du programme de logements sociaux tant que perdurera la crise causée par la pandémie de COVID-19.
Différentes mesures extraordinaires ont été annoncées afin de venir en aide aux Canadiens qui sont aux prises avec des difficultés par les temps qui courent.
Le gouvernement fédéral a récemment dévoilé des mesures qui fourniront jusqu’à 27 milliards $ en soutien direct aux travailleurs et entreprises canadiens.
Pendant ce temps, différentes entreprises au pays ont accordé une bonification des salaires des employés qui continuent à oeuvrer au travail malgré la pandémie de COVID-19.
Les principales grandes banques canadiennes ont récemment annoncé des plans pour fournir un soutien financier aux citoyens et aux petites entreprises, incluant des sursis de paiement des prêts hypothécaires et le report de paiements d’autres produits de crédit.
«Je crois que les entreprises, comme toute la communauté en général, font leur possible dans les circonstances pour aider leurs clients. Nous sommes dans un état d’urgence nationale, on va voir de l’innovation de la part de nos PME et au niveau de l’entraide sociale et toutes sortes de choses que les gens vont faire pour aider la société», a affirmé LouisPhilippe Gauthier, le directeur des affaires provinciales de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante. ■