C’est le temps de s’activer chez les Cormier
NDLR: Jusqu’au 5 mai, l’Acadie Nouvelle met ses lecteurs en vedette en page 2. Nos journalistes vous présentent des individus ou des familles des régions acadiennes qui vivent le confinement de façon inspirante, amusante ou intéressante.
Jardinage, musique, peinture et bénévolat: Gilles et Lise Cécile Cormier n’ont pas perdu de temps à entamer plusieurs projets dans leur domicile à Beaubassin-Est.
Pour Gilles Cormier, un entrepreneur qui fait des estimations de projet dans le domaine de la construction, le rythme de travail n’a pas changé tant que ça.
«Le travail continue parce que je travaillais déjà de la maison, mais mon épouse a dû fermer son salon de coiffure. Elle se trouve d’autres projets.»
«Je suis en train de repeindre toute la maison», lance-t-elle d’une autre pièce en riant.
Pour les Cormier, la pandémie est devenue une occasion parfaite de s’attaquer à la longue liste de projets classée dans la catégorie «ah, si j’ai le temps un jour…»
Gilles joue de la guitare, un passe-temps qu’il s’est mis à partager de plus en plus sur les réseaux sociaux.
«On a un groupe amateur, et on se rencontrait une fois par semaine pour jammer ensemble», dit-il.
Faute de pouvoir se rencontrer, Gilles et ses amis filment leurs chansons et les partagent sur Facebook. C’est une façon de ne pas perdre l’habitude et de rester en contact.
«On se sent à nouveau comme si on est ensemble en train de faire de la musique.»
Gilles Cormier dit qu’il a aussi un «motif ultérieur» lorsqu’il publie ces vidéos sur Facebook: remettre un peu de normalité dans la vie de ses amis et connaissances.
«On commence à réaliser que ça va prendre une secousse avant qu’on revienne à la normale. Je me dis que comme population, il faut trouver une façon de gérer cette situation-là sur le plan émotionnel et mental.»
Un autre pan important de la vie des Cormier a basculé depuis la déclaration de l’état d’urgence: l’engagement communautaire. «On aime beaucoup les rencontres sociales, donc être confinés en dedans, c’est un peu difficile», confie Lise Cécile Cormier.
Elle est présidente du conseil d’administration du centre communautaire de Saint-André-LeBlanc, leur quartier de la communauté rurale de Beaubassin-Est.
«Le centre communautaire est fermé, on ne peut plus faire de collectes de fonds, et il n’y a pas vraiment de programmes en place pour les centres qui ont besoin de bénévoles. Les revenus sont tombés à l’eau et les factures continuent à entrer», résume Gilles. Il siège aussi au Conseil d’éducation du District scolaire francophone-sud, qui ne peut plus se réunir en personne. Malgré tout, les Cormier ont trouvé un moyen de contribuer à leur communauté. Un beau jour, au lieu de rester cloîtrés dans la maison, ils ont décidé d’aller faire un grand ménage du printemps au centre communautaire.
«On est allés laver et cirer le plancher. Il n’y a pas d’activités, donc c’était un bon temps pour le faire», dit Lise.
Histoire de transformer cette tâche ménagère en activité familiale et de faire un peu d’exercice, ils y ont emmené leur fils Riley. Mais toutes ces activités servent un peu à oublier le fait que des fois, le confinement, ce n’est pas facile.
Les Cormier ne peuvent plus aller voir leur fille Jenny, qui demeure à l’Île-du-Prince-Édouard. Ils gardent le contact par vidéoconférence.
De plus, la mère de Lise est confinée au Castel des flots bleus, une résidence pour personnes âgées à Cap-Pelé. Comme cette population est vulnérable au coronavirus, il n’est pas question d’y aller. Le contact se fait par l’entremise des employés.
«C’est difficile parce qu’elle fait un peu de démence. Pour elle, le concept de temps n’est pas vraiment là. Je n’ai pas pu faire de vidéochat parce qu’elle ne comprend pas vraiment ce qui se passe», explique-t-elle avec regret.
Comme coiffeuse, Lise Cormier se rendait aussi régulièrement au foyer pour couper les cheveux des résidents. Cette activité lui manque, c’est le moins qu’on puisse dire.
«Ma mère me manque, mais les autres résidents aussi. Ils aiment tellement la visite. C’est difficile, c’est certain», dit-elle, la voix brisée.