Oubliée dans la crise
Tia McFarlane, âgée de 39 ans, n’a pas peur de la COVID-19. Ce sont ses conditions préexistantes, toujours sans traitement aujourd’hui, qui l’empêchent de dormir la nuit. Voici le témoignage d’une Néo-Brunswickoise qui se sent oubliée au coeur de la crise sanitaire.
Diagnostiquée d’une tumeur de l’hypophyse en octobre, Mme McFarlane souffre également d’anxiété sévère et d’arythmie cardiaque causée par des contractions ventriculaires prématurées.
En cette période de pandémie, il est difficile de recevoir l’aide dont elle a besoin, estime-t-elle.
«La crise rend les choses vraiment difficiles pour ceux et celles qui souffrent d’autre chose (que la COVID-19). Je me sens vraiment mise de côté.»
Au cours des derniers mois, la femme de Bathurst a été référée à divers médecins spécialistes, dont un cardiologue, un neurologue, un endocrinologue et un neurochirurgien.
Elle explique toutefois que l’accès à ces professionnels est limité depuis l’arrivée de la COVID-19 au Nouveau-Brunswick.
«Je n’ai pas encore pu voir mon cardiologue. Je suis sur la liste d’attente d’urgence.»
Mme McFarlane attend aussi de consulter un neurochirurgien afin d’établir un plan de traitement pour sa tumeur, qui, notons-le, ne pose pas de risque éminent à sa vie.
Elle devait subir un examen d’imagerie par résonance magnétique en février, mais attends toujours le feu vert de l’hôpital.
En attendant, elle dit ne prendre aucun médicament et composer avec les symptômes de ses conditions par elle-même.
«Honnêtement, je n’ai pas le temps d’avoir peur de la COVID-19, car je suis déjà trop préoccupée par la possibilité que mon coeur cesse de battre et ne s’en remette pas.»
Le complexe ventriculaire prématuré (PVC) dont souffre la jeune trentenaire est relativement fréquent et dans plusieurs cas, ne pose aucun danger.
Mme McFarlane décrit toutefois ses épisodes d’arythmie comme un véritable cauchemar, où elle perd même parfois connaissance.
Elle note que son anxiété, désormais amplifiée à cause du virus, complique davantage son quotidien.
«Je ne crois pas qu’on reçoit des soins adéquats pour les maladies graves en ces temps de pandémie. Nous ne sommes pas capables de voir les spécialistes, nos médecins ou de subir les tests dont nous avons besoin.»
Il faut savoir que les deux réseaux de santé néo-brunswickois, Vitalité et Horizon, ont tous deux suspendu les chirurgies et procédures médicales non urgentes afin de prioriser les efforts contre la COVID-19.
Les consultations et les services d’imagerie diagnostique qui peuvent attendre sont également remis à plus tard.
«Je crois que les gens sont tellement concentrés sur le coronavirus qu’ils oublient le reste d’entre nous.»
Tia McFarlane
La femme de Bathurst a voulu partager son histoire après avoir lu le témoignage de la Néo-Écossaise Robin McGee dans un article de CBC.
Mme McGee souffre de cataractes depuis qu’elle a subi des traitements de chimiothérapie contre le cancer en 2017.
Elle devait subir une chirurgie de la cataracte le 25 mars, mais elle a été suspendue en raison des restrictions gouvernementales.
«Cette femme pourrait devenir aveugle avant d’avoir sa chirurgie. Vous voyez, je ne suis pas la seule. Il y a plusieurs personnes qui sont prises de conditions bien pires que les miennes qui doivent faire face à cette situation.»
Mme McFarlane a récemment pu discuter avec sa neurologue par téléphone.
Elle espère que le processus s’accélère et que ses symptômes puissent s’apaiser le plus rapidement possible. ■