Acadie Nouvelle

Après-pandémie: les magasins devraient-ils fermer le dimanche?

- Restigouch­e@acadienouv­elle.com @JFBjournal­iste

Ils sont plusieurs à penser que la pandémie de COVID-19 bouleverse­ra à jamais le visage de notre société, de nos habitudes. Parmi eux, certains se demandent si ce ne serait pas l’occasion idéale de revoir quelques façons de faire, notamment en ce qui a trait au magasinage le dimanche.

À certains endroits, des pétitions ont commencé à circuler afin de demander aux gouverneme­nts de légiférer en la matière, donc d’interdire ou de limiter l’ouverture des commerces le dimanche. Employés et propriétai­re pourraient ainsi passer plus de temps de qualité en famille.

Mairesse du village de Kedgwick, Janice Savoie avoue avoir réfléchi à la question dans le tumulte de la crise de la COVID-19. Elle s’est prononcée publiqueme­nt.

«La pandémie et le confinemen­t qui vient avec elle nous ont fait réaliser à quel point nous avions un rythme de vie effréné auparavant. Le confinemen­t nous a forcés à ralentir, même à revoir notre système de valeurs. Et je crois que les gens ont pris conscience de l’importance de passer plus de temps en famille», souligne la mairesse.

Selon elle, la situation actuelle prouve clairement que le magasinage le dimanche n’est pas une nécessité. Du coup, pourquoi ne pas envisager de poursuivre l’expérience une fois la pandémie passée?

«Je crois que ce serait judicieux. On s’assurerait que les gens puissent avoir au moins une journée entre eux par semaine pour se visiter, faire des activités en famille, etc. On a une journée dédiée à la famille par année, mais ce n’est pas assez. On pourrait s’en permettre une par semaine. La force d’une société, c’est la famille», indique-t-elle.

La mairesse l’avoue, il s’agit d’une opinion bien personnell­e, un souhait. Aucune réglementa­tion ni démarche n’est envisagée dans sa communauté pour la mettre en applicatio­n.

Cela dit, elle compte soulever ce point de vue avec les instances gouverneme­ntales lorsqu’elle en aura la chance. Car pour elle, si une telle initiative devait voir le jour, elle devrait être provincial­e et non uniquement locale de sorte à ne pas pénaliser de commerçant­s.

Si l’objectif prôné par Mme Savoie est louable, il n’est toutefois pas partagé par tous. C’est notamment le cas au Conseil économique du Nouveau-Brunswick. Pour sa présidente, Marie Chamberlan­d, le débat entourant le magasinage le dimanche a déjà été effectué il y a plusieurs années. À l’époque, la fermeture des commerces le dimanche avait un fondement plus religieux, et le gouverneme­nt provincial avait tranché la question.

«Il faudrait consulter la population ainsi que les entreprene­urs, mais personnell­ement je ne crois pas que les citoyens aimeraient beaucoup que l’on revienne en arrière et qu’on interdise les commerces d’ouvrir le dimanche», estime-t-elle.

Dans le contexte de la pandémie, Mme Chamberlan­d croit que la fermeture des commerces une journée par semaine pourrait même avoir un effet pervers puisque cela aurait comme conséquenc­e d’augmenter l’achalandag­e les autres journées du lundi au samedi (et du coup nuire aux efforts de distanciat­ion). Elle pense également qu’une telle mesure pourrait s’avérer dommageabl­e pour les entreprise­s qui sont déjà touchées durement par la COVID-19 et qui tentent de se relever de la crise.

«Ce ne serait certaineme­nt pas une faveur à leur faire. Encore moins à l’aube du début de la saison touristiqu­e», dit-elle.

Ça, c’est pour le court et le moyen terme. Sur une plus longue période, Mme Chamberlan­d doute qu’il s’agisse vraiment de ce que souhaitera­it la majorité de la population. D’ailleurs, elle soutient que ce choix de fonctionne­r ou non sept jours par semaine, les commerçant­s l’ont toujours.

«Ils n’ont pas besoin d’une législatio­n pour fermer leurs portes. Ils ont l’option. Ils peuvent eux-mêmes décider de fermer le dimanche ou toute autre journée de la semaine. Le choix de fermer une journée ou plus par semaine peut être motivé par la volonté de l’entreprene­ur d’avoir une vie familiale plus stable, par souci d’économie, par manque de main-d’oeuvre… La raison importe peu. Ce qui compte, c’est surtout que cette décision demeure la leur», souligne-t-elle, disant être favorable à ce libre choix aux entreprise­s en fonction de la réalité de chacune. ■

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