Trois ans de prison pour avoir brisé les os d’un bébé
Un homme a écopé de trois ans et trois mois de prison consécutifs pour négligence criminelle et pour manquement aux conditions d’une probation. Il a brisé les os d’un bébé âgé d’un mois et demi plus d’une fois.
La juge Brigitte Volpé s’est appuyée sur un cas de jurisprudence de 1997 pour imposer une peine plus sévère que celle recommandée par la Couronne. Elle espère ainsi décourager le reste de la société de commettre des actes similaires.
Pendant sa lecture de la peine, elle a décrit les blessures subies par le bébé: 15 côtes brisées, ainsi que les os de ses avant-bras et ses tibias.
Des résultats de rayons X démontrent que ces fractures auraient guéri et que les mêmes os ont été brisés à nouveau.
L’auteur du crime, qui était présent au palais de justice de Moncton pour connaître le verdict, avait déjà plaidé coupable aux accusations de négligence criminelle et de bris de probation.
Il a maintenu que les blessures qu’il a infligées au bébé étaient accidentelles. Il dit avoir mal tenu le bébé dans ses bras, ce qui lui aurait causé les blessures.
La juge Brigitte Volpé croit cependant que cette excuse ne tient pas la route compte tenu de la nature des blessures, qui étaient «hautement spécifiques et non accidentelles».
Selon elle, la force requise pour infliger de telles blessures démontre que les actes étaient intentionnels ou insouciants. Le coupable n’a pas non plus cherché à obtenir de l’aide médicale pour les blessures du bébé et l’a plutôt «laissé souffrir», toujours selon les mots de la juge.
Les blessures ont été découvertes à l’Hôpital de Moncton. Le bébé avait subi une radiographie pour une infection à la poitrine, et les employés de l’hôpital ont alors constaté les os cassés.
«Des photos admises comme preuve pour l’imposition de la peine montrent aussi plusieurs ecchymoses sur le côté de sa tête, sa poitrine, ses bras et son genou, et des ampoules dans ses mains. Les photos sont assez troublantes», admet la juge pendant son jugement énoncé en anglais.
L’enfant avait aussi subi des dommages internes au foie. Il a été transféré à l’hôpital pour enfants IWK, à Halifax. Il est sous la garde des services sociaux et est surveillé par des médecins. Il est trop tôt pour dire quelles seront les séquelles à long terme, s’il y en a.
La juge a émis un interdit de publication concernant toute information qui pourrait permettre d’identifier le coupable ou la victime.
L’auteur du crime purgera sa peine de trois ans de prison pour négligence criminelle ayant causé des lésions corporelles, puis trois mois supplémentaires pour avoir violé les conditions d’une probation.
À sa sortie, il lui sera aussi interdit de posséder des armes à feu pour 10 ans.
La juge lui a accordé 200 jours de crédit pour le temps passé derrière les barreaux en attendant la résolution de son procès. Le crédit accordé représente le double du temps passé en prison compte tenu du mauvais traitement qu’il a subi pendant son séjour.
Selon le tribunal, le détenu aurait été menacé par une garde et tabassé par un autre prisonnier. Il s’en serait tiré avec un oeil au beurre noir.
«On lui a dit qu’il méritait de mourir et qu’il devrait se pendre pour ce qu’il avait fait.» La garde a été suspendue.
La juge estime que le coupable s’est montré récalcitrant à réintégrer la société, et que son degré de «culpabilité morale» est élevé dans cette affaire. ■