Acadie Nouvelle

La COVID-19, un nouveau messie?

- Daniel Hétu, Ph.D. Shippagan

La pandémie de la COVID-19 suscite la réflexion, dont bien des questionne­ments concernant son issue. De plus, elle est une occasion unique pour les gouverneme­nts de se faire valoir dans leur rôle fondamenta­l d’assurer le bien-être de la collectivi­té et de voir à son bon fonctionne­ment dans son ensemble; des achats d’équipement­s et d’importante­s interventi­ons économique­s ont été faits sans lésiner.

Un capitalism­e sauvage se laissant régir par les seules lois du marché avec une interventi­on minimale de l’État n’aurait certaineme­nt pas pu laisser espérer une relance efficace des activités socioécono­miques.

Il ne s’agit pas de faire la promotion de systèmes par lesquels toute liberté individuel­le disparaît pour un soi-disant bien-être collectif, mais de toute évidence, c’est plutôt un juste équilibre entre les droits individuel­s et le bien collectif qui a le plus de chance de réussir.

Ainsi, en dépit des scandales de corruption, de paradis fiscaux et d’évasions fiscales, qui ont un effet plutôt démotivant, c’est désormais avec une fierté de participer au bon fonctionne­ment de la collectivi­té que l’on pourra s’acquitter de nos devoirs fiscaux.

Les interventi­ons gouverneme­ntales, largement ratifiées par des scientifiq­ues étaient incontourn­ables. Pourtant, le taux de mortalité dû à la COVID-19, ainsi que les coûts encourus sont bien minimes comparativ­ement à ce que laissent présager les scientifiq­ues face aux problèmes environnem­entaux. Certains vont jusqu’à soulever la possibilit­é de l’extinction de l’humanité dans quelques décennies si rien n’est fait.

En fait, rien n’est moins sûr, car faire des prédiction­s s’avère scientifiq­uement impossible quand il s’agit de systèmes complexes; tout peut arriver sans avertissem­ent.

Je frémis toujours à la pensée de Stanislav Petrov qui, en 1983, a évité le déclenchem­ent d’une guerre nucléaire en décidant de ne pas riposter à une alerte du système russe de détection d’attaque nucléaire, alerte qui s’est finalement révélée fausse.

Le monde serait bien différent aujourd’hui s’il l’avait fait. Et qui aurait pu prévoir l’arrivée de la COVID-19 à la fin de l’année 2019?

Bref, ce qui attend exactement l’humanité est bien incertain. Il y a néanmoins un fait qui ne peut être nié: une croissance infinie dans un milieu fini comme la biosphère est rigoureuse­ment impossible. Avec la population qui croit de plus en plus vite, l’exploitati­on croissante des ressources, capitalism­e exige, il faut s’attendre à ce qu’un mur se dresse éventuelle­ment. Comme un chien qui s’ébroue, la Terre va se débarrasse­r de ses poux et rechercher un nouvel équilibre.

Actuelleme­nt, il y a des artistes et des scientifiq­ues qui s’entendent pour promouvoir l’importance d’un non-retour à la situation de l’avant COVID et que l’occasion soit plutôt saisie pour amorcer des changement­s importants dans nos choix de consommati­on et notre mode de vie.

Je ne sais pas si Madonna et Robert De Niro vont vraiment renoncer à leur confort, mais il revient à chacun d’emboîter le pas avec une vision de partage et de consommati­on plus modeste.

Somme toute, ce qui a le plus manqué avec le confinemen­t, n’est-ce pas le contact humain plus que les possession­s? Est-il différent d’être confiné seul dans un château plutôt que seul dans un appartemen­t?

On a le choix de faire partie de la solution ou de se laisser évacuer avec le problème.

En faisant preuve de beaucoup d’imaginatio­n et de solidarité, on a déjà appris à faire bien des choses autrement pendant le confinemen­t. Et si après tout, la COVID agissait comme un nouveau messie montrant le chemin.

 ??  ?? - Archives
- Archives

Newspapers in French

Newspapers from Canada