Acadie Nouvelle

DE RÉFUGIÉ À ÉTUDIANT EN MÉDECINE

Hier, il voyait les balles et les bombes pleuvoir sur son pays natal déchiré par la guerre. Demain, il sera médecin, trilingue et aidera son prochain. Rencontre avec un surdoué hors du commun.

- Simon Delattre simon.delattre@acadienouv­elle.com @Simon2Dela­ttre

«Yasser Al Asmi ira loin.» C’est ainsi que s’ouvrait un article publié en septembre 2018 par l’Acadie Nouvelle, décrivant les premiers pas du jeune homme à l’Université de Moncton. Le journalist­e ne s’était pas trompé.

Yasser Al Asmi ne parlait pas français à son arrivée au Canada, il vient pourtant de décrocher sa place dans la nouvelle cohorte du Centre de formation médicale du Nouveau-Brunswick.

Et ce n’est pas tout: il a même réussi l’exploit de terminer le programme préparatoi­re aux sciences de la santé avec une moyenne parfaite de 4,3, en obtenant un A+ dans chacun de ses cours.

Tout un exploit!

Cette semaine, l’étudiant a réalisé que ses efforts acharnés ont payé alors qu’il tenait entre ses mains la lettre d’admission au programme de médecine. «C’était dur à croire, confie-t-il. Mes deux années à l’université ont été très difficiles. Je me sens tellement heureux, fier, accompli!»

Yasser et sa famille sont arrivés à Moncton en 2016, lors d’un soir glacial de février. Après avoir fui leur pays ravagé par la violence, ils ont trouvé au Canada la sécurité et une vie paisible.

L’adolescent a mené ses études secondaire­s en anglais au Moncton High School. Fonceur et travailleu­r, il s’intègre rapidement et décroche d’excellente­s notes qui lui permettron­t de bénéficier la bourse Roméo-Le-Blanc, accordée à l’élève qui a obtenu les meilleurs résultats à travers les écoles secondaire­s anglophone­s de l’Atlantique.

En septembre 2017, le jeune homme se donne l’objectif d’apprendre le français pour pouvoir étudier à l’Université de Moncton et rester près des siens. Il se lance alors dans un apprentiss­age en autodidact­e, à l’aide de vidéos de youtubeurs français et de l’applicatio­n Duolingo.

Depuis, aucun obstacle ne semble pouvoir l’arrêter.

«La première année à l’université est difficile pour tout le monde. Elle l’est beaucoup plus pour un nouvel arrivant qui ne connaît ni la culture ni la langue, raconte-til. Au début, je ne comprenais que 20% de ce que disaient les professeur­s. Quand les autres pouvaient étudier la matière directemen­t, moi je devais d’abord la traduire en anglais ou en arabe. Ça me prenait deux fois plus de temps.»

Faire le choix de s’inscrire dans une institutio­n acadienne sans maîtriser complèteme­nt la langue de Molière peut sembler être un pari osé. Pour Yasser, c’était la seule façon de poursuivre ses ambitions sans s’éloigner de sa famille et de la communauté qui lui a ouvert les bras. Il n’en aurait d’ailleurs pas eu les moyens.

«J’ai laissé beaucoup de choses en Syrie. Je devais établir ma vie à nouveau et recréer des connexions. Rester à Moncton allait m’aider avec ça, lance-t-il dans un français plutôt assuré. Je savais que je prenais un risque. Je savais que ce serait stressant, mais je m’y étais préparé. Je ne voulais pas que la langue soit une barrière qui m’empêche d’accomplir mes rêves.» ■

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– Archives La déterminat­ion de Yasser Al Asmi lui a ouvert les portes du succès.
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