Acadie Nouvelle

Victorine Larocque vit sa deuxième pandémie

On peut avoir l’impression qu’on ne verra jamais la fin de la COVID-19. Mais à 105 ans, Victorine Larocque nous rappelle qu’il faut toujours garder espoir.

- Allison Roy allison.roy@acadienouv­elle.com

Née en 1915, trois ans avant l'éclosion de la grippe espagnole au Canada, Mme Larocque traverse aujourd'hui sa deuxième pandémie mondiale.

Vendredi, elle célébrait son anniversai­re en compagnie de sa fille et de proches venues lui chanter bonne fête à travers la fenêtre de son appartemen­t.

Sa petite-fille, Josée Larocque-Boudreau, a également profité de l'occasion pour lui rendre hommage en partageant une parcelle de son histoire.

«Nous voulons saisir cette occasion, pour vous encourager alors que nous traversons cette pandémie mondiale», a-t-elle adressé à ses amies Facebook.

«En racontant sa vie, nous souhaitons nous rappeler que malgré toutes les incertitud­es auxquelles nous faisons face, nous pouvons être convaincus que “Oui, ça va bien aller!”»

Mme Larocque se souvient très peu de l'époque où la grippe espagnole, surnommée la grande tueuse, avait ravagé le globe.

Elle se souvient toutefois de la période qui a suivi… de belles années où elle commence l'école, apprend à cultiver les légumes, à s'occuper des animaux et à cuisiner avec ses douze frères et soeurs.

Quelques années plus tard, la jeune femme fait la rencontre de son époux, Thomas Laroque, avec qui elle partagera sa vie et fondera une famille.

Ensemble, ils donnent naissance à trois enfants.

«Et puis, c'est le drame d'une vie. Une fièvre apportée dans le village par des visiteurs frappe les trois enfants du couple. (...) Malheureus­ement, la petite Jeanne-Mance âgée de seulement 3 ans ne survivra pas à cette terrible maladie», a raconté Josée.

À travers le deuil, le jeune couple continue d'avancer et apprend quelques années plus tard qu'ils attendent une autre petite fille.

«Victorine est la preuve vivante que malgré les épreuves, de beaux jours reviennent et comme elle, nous aurons une belle vie et de beaux souvenirs à partager.»

Le long parcours de la centenaire a été parsemé de défis, mais après tout elle préfère se souvenir des fameuses soirées où elle enflammait la piste de danse avec son mari.

«Depuis sa naissance, Victorine a traversé deux guerres mondiales, deux épidémies, 12 récessions économique­s, des deuils, la mort de sa petite Jeanne-Mance, la mort de son fils, Fernand, le chômage et la maladie.»

«Pourtant, en la regardant, on oublie facilement toutes ces épreuves», a témoigné sa petite-fille.

Aujourd'hui, Mme Larocque est toujours en forme, malgré son âge avancé. Elle écoute la télévision et lit le journal tous les jours, selon sa fille.

«Elle sait que la crise est sérieuse, mais elle ne s'arrête pas à ça.»

La centenaire préfère quant à elle se tourner vers l'avenir.

«Elle ne regarde presque jamais dans le rétroviseu­r. Elle vit toujours dans le moment présent et elle est très positive», a assuré sa fille.

LA PANDÉMIE GRIPPALE

De 1918 à 1920, la grippe espagnole a fait entre 50 et 100 millions de morts à travers le monde, dont plus de 50 000 au Canada.

C'est dans la région de Boston, aux ÉtatsUnis que les premiers cas mortels de la grippe ont été recensé.

Le virus envahit toutefois le reste du globe assez vite, en commençant par l'Europe, qui était à l'époque le centre colonisate­ur du monde.

En seulement quelques mois, le virus de type H1N1 , étant particuliè­rement virulent et contagieux, a fait trois fois plus de victimes que la Première Guerre mondiale.

Ce sont les soldats qui participen­t à la Première Guerre mondiale (1914-1918) en Europe qui auraient ramené la grippe au Canada à leur retour. ■

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Victorine Larocque – Gracieuset­é
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