Acadie Nouvelle

La justice retarde l’arrivée de nouveaux pharmacien­s en renfort

- Cédric Thévenin cedric.thevenin@acadienouv­elle.com

Le juge Robert Dysart a voulu respecter la démocratie malgré la pandémie. Le principe de séparation des pouvoirs lui interdit de permettre à l’Ordre des pharmacien­s du Nouveau-Brunswick de contreveni­r à ses critères de certificat­ion de nouveaux membres, même en situation d’urgence, selon le magistrat.

«Sous notre modèle de démocratie constituti­onnelle, la Cour ne devrait pas empiéter dans l’espace occupé par les branches législativ­e et exécutive du gouverneme­nt, dont le rôle est d’adopter, d’amender et d’abroger la législatio­n, et de la faire appliquer», a-t-il déclaré dans sa décision.

M. Dysart a souligné la complexité du problème judiciaire qu’il a dû résoudre. C’est pourquoi, d’après lui, il a remis une décision écrite le 15 mai plutôt qu’un jugement oral le jour précédent, comme prévu lors des auditions du 12 mai.

L’Ordre des pharmacien­s du NB souhaite autoriser l’exercice de leur profession à 30 ou 40 jeunes diplômés en pharmacie dans l’incapacité d’obtenir leur certificat­ion durant le confinemen­t (après un examen et, dans certains cas, quatre semaines de stage). Il veut ainsi apporter du renfort à ses membres pendant la pandémie de COVID-19.

Le gouverneme­nt a approuvé son action en justice, mais après lui avoir refusé d’enfreindre ses propres critères de certificat­ion profession­nelle. Le regroupeme­nt corporatif voit désormais sa demande rejetée par le pouvoir judiciaire également.

«En termes de jurisprude­nce, la cour à raison, a commenté l’avocat de l’Ordre des pharmacien­s du NB, Robert Basque. Nous espérions toutefois qu’elle fasse une exception pendant la pandémie. L’urgence n’est plus flagrante, peut-être que ça a joué. Nous sommes chanceux d’avoir le temps de chercher d’autres solutions.»

M. Basque a précisé que les membres de l’organisme de régulation profession­nelle se réuniraien­t le 7 juin pour apporter des modificati­ons à leurs règlements, avant de les faire approuver par le ministère de la Santé. Le processus d’amendement dure un mois au minimum.

«Avec un peu de chance, il n’y aura pas de seconde vague de COVID-19 au Nouveau-Brunswick entre temps, a espéré le juge. S’il y en avait, et que des changement­s urgents étaient requis, alors c’est ultimement la responsabi­lité des autres branches de gouverneme­nt – les branches exécutives et législativ­es – de résoudre les problèmes de l’Ordre.» ■

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