Les entrepreneurs du N.-B. sont les plus optimistes du pays
«Quand on se compare, on se console», lâche la présidente du Conseil économique du Nouveau-Brunswick (CÉNB), Marie Chamberland à propos de la santé publique. Elle explique ainsi pourquoi les chefs des petites et moyennes entreprises (PME) de la province ont les plus grands espoirs du Canada pour les 12 prochains mois.
La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) a révélé un indice d’optimisme de 59,5 pour les PME du Nouveau-Brunswick dans son baromètre des affaires de début mai. Cet indice est de 53,2 seulement au Canada. À noter qu’il s’élève à 65 lorsque l’activité économique réalise son plein potentiel, selon le groupe de pression qui le mesure.
«Lorsque la santé publique est sous contrôle et qu’on relâche un peu les restrictions gouvernementales, nous nous disons que les gens seront enclins à recommencer leurs achats et nous reprenons espoir, surtout les propriétaires de commerces de détail», explique Mme Chamberland.
La porte-parole de plusieurs entrepreneurs néo-brunswickois fait valoir les nombreux efforts qu’ils ont effectués pour s’adapter au confinement. Elle raconte qu’ils ont appris à se servir de nouveaux outils technologiques et à répondre à la demande différemment, en transformant parfois beaucoup leur offre.
«Ça a connu un certain succès, assure-telle. Quand on travaille et qu’on a des résultats, ça aide au moral des troupes.» Beaucoup de nuages sombres Le directeur des affaires provinciales pour le Nouveau-Brunswick et l’Île-duPrince-Édouard de la FCEI, LouisPhilippe Gauthier, pense que le principal facteur d’espérance des chefs d’entreprises est la diminution de leur incertitude.
«À partir du moment où nous avons reçu des indications et un plan sur la façon dont la reprise allait se faire, l’optimisme a augmenté», souligne-t-il.
M. Gauthier constate néanmoins que les entrepreneurs néo-brunswickois sont 44% à qualifier leur situation de médiocre et seulement 15% à la juger bonne. Il observe aussi qu’ils sont 32% à avoir revu à la baisse leurs prévisions d’embauche de personnel à temps plein au cours des trois prochains mois et uniquement 15% à les avoir revues à la hausse.
Les PME de la province fonctionnent de plus à 49% de leurs capacités seulement, selon le baromètre des affaires de la FCEI. M. Gauthier assure qu’un indice normal est de 85%.
«Il y a de la lumière dans les douze prochains mois, mais l’état des entreprises n’est pas vraiment ce qu’il devrait être, précise-t-il. Elles ont des problèmes de flux d’argent et de coûts fixes. Nous nous demandons aussi si la clientèle sera présente lors de la reprise.»
UNE REPRISE LENTE PRÉVUE
La FCEI a mesuré un bond de 20 points de l’indice d’optimisme des PME du Nouveau-Brunswick durant les deux dernières semaines. Elle a toutefois enregistré une chute importante de l’aiguille de ce baromètre en avril.
«Il faudra voir son évolution dans les prochaines semaines, prévient M. Gauthier. L’indice fluctue d’un mois à un autre en fonction des conditions immédiates.»
L’économiste Pierre-Marcel Desjardins juge quand même l’indicateur intéressant.
«Il est lié à des sentiments et peut changer rapidement, mais il montre quand même quelque chose de positif sur la gestion de la pandémie», estime-t-il.
M. Desjardins prévoit que la reprise économique sera lente et que l’activité atteindra son niveau normal après la découverte d’un vaccin contre le nouveau coronavirus. Il souligne notamment que les fermetures des frontières (illustrée par exemple par l’interdiction de la venue de travailleurs étrangers temporaires au N.-B.) fragilisent les chaînes d’approvisionnement.
«Ce ne sera pas un sprint, mais un marathon», illustre-t-il.
Les résultats du baromètre des affaires de la FCEI du début mai 2020 s’appuient sur 1201 réponses d’un sondage par internet. La marge d’erreur est de 2,8 points de pourcentage environ. ■