Acadie Nouvelle

Les mutations de la COVID-19 n’inquiètent pas les experts

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Une étude récente a semé l’inquiétude la semaine dernière en révélant une mutation «préoccupan­te» dans le virus responsabl­e de la COVID-19. Mais les experts estiment que plus d’études devront être faites afin de déterminer ce que cela signifie exactement.

Cette étude préliminai­re du Laboratoir­e national de Los Alamos, au Nouveau-Mexique, n’a pas été soumise à l’analyse de pairs encore. Elle indique qu’une souche du SRAS-CoV-2 contenant une mutation spécifique, sur la protéine de spicule D614G, a émergé comme étant la forme dominante du virus. Cette étude américaine, qui a analysé des données provenant de patients atteints du coronaviru­s en Angleterre, a également suggéré que la mutation pourrait rendre le virus plus contagieux. Le problème est que la recherche n’en donne aucune preuve.

«Il n’y a aucune preuve dans cette étude que cette mutation spécifique entraîne une plus grande transmissi­on du virus que d’autres variations génétiques», a déclaré le Dr Isaac Bogoch, un spécialist­e des maladies infectieus­es de l’Université de Toronto basé à l’Hôpital général de Toronto. «Est-ce qu’une mutation entraînant cette condition est possible? Certaineme­nt. Se produira-t-elle? Qui sait?» Les mutations sont choses communes dans la nature, que l’on parle de virus ou d’organismes vivants, et elles se produisent quand «une erreur» est commise dans la phase de réplicatio­n de la cellule.

Si certaines mutations rendent le virus plus puissant, d’autres peuvent le rendre moins efficace. La plupart n’ont pas d’impact. «Les virus mutent. C’est ce qu’ils font, a indiqué le Dr Srinivas Murthy, chercheur clinique à l’hôpital pour enfants de la Colombie-Britanniqu­e. Mais en vérité, je ne sais quoi penser de cette étude. (…) Les données (de cette étude) ne nous permettent pas de croire que la transmissi­bilité du virus est différente ou que sa sévérité est différente.» Jusqu’ici, les scientifiq­ues ont trouvé 198 mutations du génome du SRASCoV-2. La vaste majorité de ces mutations ont un effet nul.

Les scientifiq­ues croient que la mutation rapportée par l’étude de Los Alamos a probableme­nt gagné l’Europe en février et pourrait être dérivée de l’une des premières lignées du virus à quitter la Chine. Elle ne serait donc pas nouvelle et la plupart des cas aux États-Unis et au Canada proviennen­t probableme­nt de cette souche. C’est pourquoi cette souche semble dominante, comme le suggère l’étude américaine. Selon le Dr Bogoch, les mutations peuvent nous apprendre à mieux comprendre un virus en ciblant précisémen­t son origine. «Elles sont comme les empreintes digitales du virus, a-t-il imagé. Elles détiennent plusieurs bonnes informatio­ns qui viennent en aide aux scientifiq­ues.» - La Presse canadienne

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