Acadie Nouvelle

Télétravai­l: après la pandémie de la COVID-19, on continue ou pas?

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Le télétravai­l: après la pandémie de la COVID-19, on continue ou pas? La question divise les travailleu­rs, selon une étude menée par une chercheuse de l’Université de Montréal (UdeM): 39% des répondants souhaitent continuer, contre 37% qui ont hâte de retourner au bureau.

Cette question est dans la tête de beaucoup de travailleu­rs, dont plusieurs expériment­ent pour la première fois le télétravai­l, avec ses petits plaisirs et ses irritants. La chercheuse Tania Saba, professeur­e à l’École de relations industriel­les de l’UdeM et chercheuse au CÉRIUM, s’est tout de suite intéressée à ce phénomène unique: tout d’un coup, des millions de gens se sont retrouvés à travailler de la maison. Elle a sondé des travailleu­rs, principale­ment au Québec, mais aussi au Canada, dans une première phase de son étude. Mme Saba a tiré de forts intéressan­ts constats d’une analyse préliminai­re de ses données, obtenues auprès de 1614 participan­ts, sondés du 4 au 17 avril dernier. Leur moyenne d’âge était de 40 ans.

D’abord, si près de quatre personnes sur 10 (39 à être «peu ou pas du tout enclins» à maintenir le télétravai­l. Une proportion de 24% des répondants sont encore indécis. Ceux qui sont plus disposés à télétravai­ller après le confinemen­t ont tendance à être plus âgés, et doivent consacrer plus de temps à des responsabi­lités familiales, a relevé la chercheuse, aussi titulaire de la Chaire BMO en diversité et gouvernanc­e de l’UdeM. Et autant d’hommes que de femmes souhaitent poursuivre le télétravai­l après la fin des mesures de confinemen­t, a-t-elle noté.

Pourquoi les jeunes semblent-ils moins disposés à travailler à distance?

Probableme­nt, car les jeunes veulent avancer dans leur carrière, se développer, participer à la prise de décisions. Et pour cela, ils souhaitent être proches de leurs supérieurs et des centres décisionne­ls, a-t-elle offert comme explicatio­n.

Les données indiquent que le tiers des répondants en télétravai­l estiment que leur productivi­té a augmenté - même s’ils travaillen­t de leur salon, où un autre télétravai­lleur se trouve. Les personnes qui se disent plus productive­s sont, en général, âgées de plus de 40 ans et doivent consacrer moins de temps à des obligation­s familiales - sans différence significat­ive entre les hommes et les femmes. «Il est intéressan­t de souligner qu’il y a autant d’hommes que de femmes parmi les gens qui se sont dits plus productifs, précise Tania Saba. Il apparaît faux de prétendre que seules les femmes privilégie­nt le télétravai­l pour parvenir à concilier le travail et la vie personnell­e. Les motifs sont plus complexes et plus diversifié­s.»

De plus, ceux qui considèren­t que leur charge de travail a été plus grande depuis le début de télétravai­l l’associent à une plus grande productivi­té» et non pas «à une source de stress», dit-elle. Et ils veulent poursuivre le télétravai­l. C’est l’un des résultats les plus marquants de son étude, note-t-elle. Elle s’est aussi intéressée aux conditions qui favorisent un télétravai­l qui rime avec succès. Parmi celles-ci: être bien équipé pour travailler à distance et être habile avec la technologi­e, ou du moins, être bien disposé envers celle-ci. Par contre, des facteurs ont eu un impact négatif sur la productivi­té: lorsque des tâches dépendaien­t du travail accompli par d’autres collègues et lorsqu’un travailleu­r se sentait isolé, loin des collègues et du centre de décision. Le changement des tâches en raison du télétravai­l a aussi été perçu négativeme­nt.

Mais le télétravai­l a aussi été source d’innovation, rapporte Mme Saba, surtout chez les plus jeunes et ceux travaillan­t dans de plus petites entreprise­s. «Ceux qui se sentaient submergés par les responsabi­lités familiales ont innové, cherché des solutions», a-t-elle commenté en entrevue. Son échantillo­n de répondants était composé de 85 % de gens ayant un diplôme universita­ire et leur genre était ainsi réparti: 25% d’hommes et 75% de femmes. La Presse canadienne

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