L’industrie de la crevette réclame des mesures d’urgence
L’industrie de la pêche aux crevettes de l’est du Canada unit ses forces afin de réclamer des mesures d’urgence du gouvernement fédéral pour sauver la saison de pêche, qui est mise en péril par la pandémie mondiale de la COVID-19.
Une coalition de trois associations de pêcheurs provenant du NouveauBrunswick, du Québec et de TerreNeuve-et-Labrador ainsi que de six communautés autochtones du Québec demande au fédéral d’adapter son plan d’aide aux pêcheurs, dévoilé il y a quelques semaines, à l’industrie de la crevette.
Les zones de pêche fréquentées par les crevettiers de la Péninsule acadienne, situées au large de Sept-Îles, de l’île Anticosti et de la Côte-Nord, sont officiellement ouvertes depuis le 1er avril. Un secteur, situé au large de la Nouvelle-Écosse dans l’Océan Atlantique, est ouvert douze mois par année à la pêche, mais la pandémie mondiale a tout freiné.
La pandémie a notamment ralenti les marchés mondiaux et les transformateurs rapportent déjà des grands volumes d’inventaire. La plupart des acheteurs, y compris ceux du Nouveau-Brunswick, ont indiqué qu’ils pourraient ne pas être en mesure d’acheter de crevettes cette année. Au Québec, on offre un prix nettement inférieur à celui de l’an dernier.
Par conséquent, plusieurs semaines plus tard, les crevettiers, dont ceux de la Péninsule acadienne, ne savent toujours pas à quelle date qu’ils pourront prendre la mer.
Parmi les demandes, figure l’élimination des coûts de permis de pêche pour la saison 2020. Selon Michel Léger, président de l’Association des crevettiers acadiens du golfe, ce montant varie de 15 000$ à 18 000$ par crevettier. Il est calculé selon le quota de chaque pêcheur.
Les membres de la coalition ont déjà fait cette demande auprès du ministère des Pêches et des Océans, mais elle aurait été refusée, dit M. Léger.
«Notre demande a été refusée par le ministère la semaine dernière, mais on revient à la charge, parce qu’on trouve ça important. On va le dire, l’année 2020 est une année de survie pour nous. Avec ce coût fixe en moins, la minute qu’on pourra sortir pêcher, ce sera une chose de moins. On ne demande pas la lune, seulement un allégement.»
Les crevettiers demandent aussi qu’ils puissent profiter du programme de subventions salariales de 75% pour couvrir l’ensemble de la saison de pêche à la crevette. À l’heure actuelle, le programme prend fin le 29 août.
On exige aussi une modification des critères d’accessibilité au programme d’assurance emploi pour s’assurer que les travailleurs puissent continuer de recevoir un revenu en raison du retard du début de la saison ou en raison d’une saison écourtée.
Finalement, on revendique une augmentation du montant maximal offert dans le cadre du programme de soutien aux entreprises de 40 000$ à 120 000$ et une augmentation de la portion non remboursable du prêt.
«Nous sommes contents que le gouvernement canadien ait pris ces mesures, mais 40 000$ pour une entreprise de pêche, ce n’est pas beaucoup.»
«Nous sommes dans une situation sans précédent et les perspectives désastreuses pour les pêcheurs, les travailleurs d’usine et nos communautés requièrent qu’on travaille ensemble. Notre survie en dépend», déclare Jean Lanteigne, directeur général de la Fédération régionale acadienne des pêcheurs professionnels, basé à Shippagan.
Outre les coûts annuels liés aux permis, les pêcheurs ont d’autres frais fixes élevés à payer chaque année. Par exemple, une assurance d’équipage coûte 25 000$ par année.
D’autres mesures spécifiques aux communautés autochtones du Québec font aussi partie de la liste de demandes.
Selon Michel Léger, toute cette aide permettrait aux crevettiers de mieux planifier leurs prises de décisions d’affaires.
«La subvention salariale, c’est un bon programme, mais en tant qu’industrie saisonnière, en ce moment, nous n’avons aucun revenu. C’est un risque d’embarquer des employés sur la subvention salariale sans savoir s’il y aura même une pêche. C’est difficile de prendre des décisions lorsqu’on se base sur des ‘‘je pense’’ et des ‘‘peut-être’’. Avec une date de sortie, on pourrait au moins mettre nos gars sur la subvention, parce qu’on sait qu’on va décoller à partir de telle date.» ■