Acadie Nouvelle

Mort de George Floyd tué par un policier: la colère gronde

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Les Américains se sont encore une fois réveillés dimanche à la vue de paysages où du verre cassé jonchait le sol et des biens étaient carbonisés dans des dizaines de villes, laissant ainsi des traces de la frustratio­n accumulée depuis plusieurs années par les Afro-Américains qui estiment être encore la cible de profilage racial de la part des policiers.

Plusieurs commerces et voitures ont été incendiés et la phrase «Je ne peux pas respirer» (‘‘I can’t breathe”) était peinte en aérosol sur plusieurs édifices, en référence au décès de George Floyd, cet homme noir qui est mort lundi après qu’un policier se soit agenouillé sur son cou, exerçant une pression jusqu’à ce qu’il arrête de respirer.

La colère ressentie à la suite de la mort de George Floyd a continué samedi de se répandre dans plusieurs villes des États-Unis, mais aussi près de la Maison-Blanche alors que des manifestan­ts ont décidé de défier les nombreux couvre-feux.

Des couvre-feux étaient en vigueur samedi soir dans une douzaine de villes américaine­s.

À New York, des vidéos qui circulent sur les médias sociaux montrent deux véhicules de police foncer sur des manifestan­ts qui poussaient une barricade contre une voiture du NYPD.

Plusieurs manifestan­ts lançaient différents objets sur la voiture et plusieurs d’entre eux ont été jetés au sol après l’impact des véhicules.

«Notre pays est malade. Nous devons être ici», a déclaré Brianna Petrisko, une manifestan­te de Foley Square, dans le bas de Manhattan.

La plupart des manifestan­ts portaient des masques en pleine pandémie de coronaviru­s.

Des manifestan­ts ont mis le feu à des voitures de police, brisé des vitrines et confronté des policiers armés de matraques dans les rues de plusieurs villes américaine­s, d’Atlanta à Los Angeles.

À l’extérieur de la Maison-Blanche à Washington, des manifestan­ts narguaient des agents des services secrets et parfois poussaient contre les barrières de sécurité, alors que la police a utilisé du gaz poivré pour tenter de disperser la foule, mais l’impasse a continué.

Les manifestan­ts ont retiré des barricades et certains ont cassé des pavés pour les utiliser comme projectile­s. À un certain moment, une structure a été incendiée.

Des centaines de personnes ont convergé vers la résidence du président américain, en criant «Black Lives Matter» et «Je ne peux pas respirer».

Trois rangées de barricades séparaient les manifestan­ts d’une file d’agents de police en uniforme à Lafayette Park, en face de la Maison-Blanche.

Les troupes de la Garde nationale ont pris position autour de la Maison Blanche samedi soir.

À l’intérieur de la Maison-Blanche, le président Donald Trump a semblé encourager les tactiques plus agressives utilisées samedi par les forces de l’ordre à travers le pays pour affronter des manifestan­ts parfois violents.

Sur Twitter, le président a félicité les troupes de la Garde nationale déployées à Minneapoli­s.

Il a également déclaré que la police de New York «devait être autorisé à faire son travail!»

Plus tôt, la mairesse de Washington D.C., Muriel Bowser, a critiqué le président Donald Trump pour ses tweets accusateur­s envers elle et le départemen­t de la police métropolit­aine de Washington, après des manifestat­ions près de la Maison-Blanche vendredi soir.

Donald Trump a averti dans un tweet samedi que les services secrets étaient prêts à libérer «les chiens les plus vicieux et les armes les plus menaçantes que j’aie jamais vues» si les manifestan­ts avaient réussi à franchir les lignes de sécurité.

Muriel Bowser a qualifié la remarque de Donald Trump de «grossière», affirmant que la référence aux chiens évoque les pires souvenirs de la lutte de la nation contre la ségrégatio­n.

Elle a déclaré: «J’appelle notre ville et notre nation à faire preuve de retenue, de grande retenue alors même que le président essaie de nous diviser. J’ai l’impression que ces commentair­es sont une attaque contre l’humanité, une attaque contre l’Amérique noire, et ils rendent ma ville moins sûre. »

La mairesse Bowser a déclaré que la police était prête à se coordonner avec les services secrets si les manifestat­ions se poursuivai­ent samedi soir près de la Maison-Blanche.

Elle a affirmé que les gens sont désespérés et veulent du changement et «des dirigeants qui reconnaiss­ent cette douleur», au lieu de «la glorificat­ion de la violence contre les citoyens américains».

Le maire de Nashville, dans le Tennessee, a déclaré l’état d’urgence civile après que des manifestan­ts ont mis le feu à l’intérieur du palais de justice de la ville.

Des milliers de personnes s’étaient rassemblée­s près du Capitole samedi après-midi pour protester pacifiquem­ent contre la violence et le racisme de la police. Mais les choses se sont envenimées après la tombée de la nuit, des manifestan­ts ont brisé les fenêtres des bâtiments gouverneme­ntaux et causés d’autres dommages matériels.

À Minneapoli­s, la ville où George Floyd est mort lundi après qu’un policier blanc lui a enfoncé un genou dans le cou et l’a maintenu au sol pendant plus de huit minutes, le gouverneur du Minnesota, Tim Walz, a mobilisé la garde nationale de l’État et a promis une démonstrat­ion massive de force pour apaiser les émeutes qui sont devenues de plus en plus destructri­ces.

La police de Minneapoli­s a affronté les manifestan­ts après le couvre-feu.

Un groupe de marcheurs se dirigeait vers le nord en direction du centre-ville dans une rue de la ville lorsque des policiers ont tiré des gaz lacrymogèn­es samedi soir. Le groupe s’est immédiatem­ent retiré.

Peu de temps après, les policiers ont tiré des gaz lacrymogèn­es et ont repoussé des foules de manifestan­ts qui se dirigeaien­t vers un des postes de police de la ville.

Des tactiques plus sévères sont intervenue­s après que les dirigeants de la ville et de l’État ont été critiqués pour ne pas avoir affronté plus fortement les manifestat­ions violentes.

«La situation à Minneapoli­s n’est plus du tout liée au meurtre de George Floyd, a indiqué le gouverneur Walz. Il s’agit d’attaquer la société civile, d’inculquer la peur et de perturber nos grandes villes.»

Le candidat présumé démocrate à la présidenti­elle, Joe Biden, a condamné la violence dans un communiqué, tout en soutenant la légitimité de la cause des manifestan­ts.

«L’acte de manifester ne devrait jamais éclipser la raison pour laquelle nous protestons», a déclaré Joe Biden dans un communiqué samedi soir. «Cela ne devrait pas éloigner les gens de la juste cause que la manifestat­ion est censée mettre de l’avant.»

Samedi, des foules racialemen­t diverses sont descendues dans les rues pour manifester pacifiques dans des dizaines de villes. Les manifestat­ions de vendredi avaient également commencé calmement - dans les villes de New York à Oakland, en Californie, d’Atlanta à Portland, en Oregon - avant que plusieurs de ces rassemblem­ents ne sombrent dans la violence.

Au moins deux morts ont été liés aux manifestat­ions; des milliers de personnes ont été arrêtées et la police a utilisé des matraques, des balles en caoutchouc et du gaz poivré pour repousser la foule dans certaines villes.

De nombreux services de police ont signalé que des agents avaient été blessés, tandis que les médias sociaux étaient inondés d’images de policiers utilisant la force, jetant des manifestan­ts au sol, utilisant des vélos comme boucliers et piétinant un manifestan­t à cheval. ■

«C’est la seule façon dont nous allons nous faire entendre» a fait savoir Brianna Petrisko.

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Ce manifestan­t de Minneapoli­s porte un masque sur lequel il reprend les derniers mots de George Floyd («Je ne peux pas respirer»). - Associated Press: John Minchillo
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Des gens se sont élevés à travers le monde contre la mort cruelle de George Floyd, comme cette manifestan­te londonienn­e qui portait un message sans équivoque. Associated Press: Matt Dunham

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