Acadie Nouvelle

Toute la population aurait tiré profit du projet de loi sur la vaccinatio­n

- GUY HACHÉ B.Sc.(médecine), M.Sc.A., ing. Caraquet

Personnell­ement, j’étais plutôt favorable à ce projet de loi. J’avais cependant des réserves quant à l’utilisatio­n de la clause dérogatoir­e (qui a été retirée avant le vote final sur le projet de loi).

Une des raisons de refus de vaccin est pour ses croyances. Je suis très en faveur de la liberté de croyance et de la liberté de religion, mais je n’arrive pas à saisir quelle religion est contre les vaccins. Est-ce écrit dans la Bible? Dans le Coran? Dans l’évangile du Pastafaris­me? Je l’ignore.

Concernant les croyances, je ne connais pas de croyance basée sur la science qui permet de justifier le refus de se faire vacciner autre que des raisons médicales. Afin de vivre dans un monde meilleur, je crois que nos croyances devraient se conformer à la compréhens­ion scientifiq­ue actuelle. On ne devrait pas distorsion­ner l’expertise scientifiq­ue pour l’adapter à nos croyances.

Les croyances, la religion et la science ne sont pas nécessaire­ment en conflit les unes avec les autres. Le vrai problème réside plutôt dans la désinforma­tion et l’ignorance. L’ignorance de l’efficacité des vaccins et de tous leurs avantages. Je vous conseille d’aller chercher les informatio­ns auprès de personnes qui ont au minimum un diplôme universita­ire dans le domaine et qui font de la formation continue. Les réseaux sociaux, on oublie ça!

Plusieurs personnes apportent aussi l’argument: «mon corps, mon choix». Toutefois, ce n’est pas le cas. C’est plutôt : «ton choix, notre santé». La vaccinatio­n protège la personne qui reçoit le vaccin, mais aussi les autres et particuliè­rement les nouveau-nés, les personnes âgées, les patients avec des maladies chroniques et ceux qui ont un système immunitair­e diminué.

Bref, ce n’est pas seulement le malade non vacciné qui en paye le prix, mais aussi son entourage et possibleme­nt le nôtre. Ce projet de loi, s’il avait été adopté, n’aurait pas avantagé un groupe en particulie­r. Toute la population en aurait tiré profit.

Il est primordial d’avoir une immunisati­on de masse afin que le vaccin soit vraiment efficace. Il doit y avoir un minimum de pourcentag­e de la population qui est vacciné si on veut atteindre cette immunisati­on de masse. Par exemple, pour une maladie très contagieus­e comme la rougeole, le minimum est entre 92 et 95%.

Là où j’hésite, c’est lorsque je me pose la question suivante; est-il raisonnabl­e de porter atteinte l’intégrité physique d’individus à quelques répétition­s si cela permet de conserver l’intégrité physique au long terme de la population, incluant les personnes dont on a brimé l’intégrité physique?

En d’autres mots, on protège ceux qui sont d’accord et ceux qui sont en désaccord. Je n’ai pas de réponse claire, mais je me questionne à ce sujet.

Je trouve excellent que l’on ait cherché à améliorer l’état de santé de la population par la vaccinatio­n. Sans la vaccinatio­n, les conséquenc­es individuel­les et collective­s sont plus désastreus­es que les effets secondaire­s sur une personne.

Ce qui me dérange, c’est le précédent que l’on aurait créé avec le projet de loi 11. S’il avait été adopté, est-ce que la population aurait été encline à l’avenir à accepter d’autres lois qui portent atteinte à l’intégrité physique? Ça aussi, je l’ignore et peu de gens peuvent réellement répondre à cette question.

En France, les élèves doivent avoir reçu 11 vaccins obligatoir­es pour entrer à l’école. Au Québec, selon la loi, quelqu’un qui souffre de la tuberculos­e doit absolument être traité afin

d’empêcher la propagatio­n de la maladie. Nos députés devraient s’informer sur les avantages et les désavantag­es de ces lois auprès des experts.

Finalement, je suis enclin à dire que je suis en faveur d’initiative­s telles que le projet de loi 11. J’espère que j’ai convaincu plusieurs personnes de se faire vacciner. ■

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