UN NOUVEAU CAPITAINE DANS LA TEMPÊTE
Le nouveau recteur de l’Université de Moncton devra trouver ses repères en deux temps trois mouvements, alors que l’institution fait face aux nombreuses conséquences de la pandémie. L’Acadie Nouvelle est allée à la rencontre de Denis Prud’homme.
Le campus de Moncton a l’air d’une ville fantôme, mardi en fin d’avant-midi. Un petit écriteau accueille les visiteurs à l’entrée du pavillon Léopold-Taillon, perché en haut de la butte.
Seuls les visiteurs autorisés sont les bienvenus dans les corridors sombres et vides. Ils doivent porter un masque. Et se désinfecter les mains. Et suivre les flèches au sol. Et emprunter le bon escalier.
Le Dr Denis Prud’homme nous accueille dans son grand bureau du deuxième étage, dont il a hérité le 1er juillet lors de son entrée en fonction.
En poste depuis quelques jours à peine, il n’a pas le luxe de pouvoir prendre tout son temps pour s’intégrer en douceur, parce que l’institution dont il prend les commandes nage dans l’incertitude en raison de la COVID-19.
«Dans toutes les universités au Canada et dans le monde, à moins d’avoir des gros coussins, on a tous un défi d’équilibre budgétaire», dit-il.
Et comme on le sait, le coussin de l’U de M n’est pas des plus épais. Rappelons qu’elle avait prévu d’enregistrer un déficit d’un million de dollars… l’année passée, bien avant que le virus vienne tout foutre en l’air.
«Ça nous prend une solution à court terme. Il faut contrôler les dépenses à court terme, on n’a pas le choix. Il y a trop d’incertitude. Il faut être plus conservateurs», explique le Dr Prud’homme.
Ce médecin de formation – qui a notamment été prof, chercheur, doyen et directeur par intérim de l’Hôpital Montfort d’Ottawa pendant sa longue carrière – n’a pas de temps à perdre.
C’est que le conseil des gouverneurs de l’institution a décidé le mois dernier – face à l’incertitude liée à la COVID-19 – de reporter le dépôt de son budget à l’automne. Cet échéancier arrive à grands pas.
Toutes les facultés et tous les services dans les trois campus ont récemment reçu la mission de se pencher sur leurs activités afin d’identifier des moyens de réduire leurs dépenses.
«C’est comme un chirurgien face à une hémorragie, il faut qu’il arrête le saignement. Il faut prendre des mesures», illustre le recteur.
Aucun programme ne sera supprimé dès cet automne, assure-t-il, mais d’autres changements pourraient être apportés.
Par exemple, l’enseignement de certains cours pourrait se faire devant de plus grands groupes qu’à l’habitude, ce qui pourrait permettre de réduire le nombre de chargés de cours.
Certains cours qui sont offerts dans plus d’un campus pourraient être donnés par un seul prof par vidéoconférence (ou même par un prof qui fait la tournée des campus pour que tous les étudiants reçoivent une partie de l’enseignement en personne).
D’autres changements qui ne touchent pas à l’enseignement pourraient aussi être apportés, selon le Dr Prud’homme.
«Est-ce qu’il faut avoir trois endroits pour faire les paies? Est-ce qu’on peut mettre les paies à Shippagan et tel autre service à Moncton?»
Il ne s’agit cependant que d’idées pour l’instant. Le Dr Prud’homme n’est en poste que depuis quelques jours et veut tout d’abord prendre le temps de consulter la communauté universitaire.
«Ce sont des discussions qui vont être critiques. Et avant d’aller dans ces affaires-là, il faut établir la confiance avec les collègues, avoir des discussions, voir si ce sont des gains réels. Tu ne fais pas ça si ça n’a pas d’impact réel, si c’est pour des pinottes.» ■