Les crevettes sont au rendez-vous
Malgré un début de saison tardif, les premières sorties des crevettiers du Nouveau-Brunswick laissent espérer que le reste de la saison pourrait se dérouler assez positivement.
Les zones de pêche fréquentées par les crevettiers de la Péninsule acadienne – Sept-Îles, Esquiman et Anticosti – toutes au large du Québec, sont officiellement ouvertes depuis le 1er avril, mais les pêcheurs ont seulement pu prendre la mer à la mi-juin en raison de la pandémie mondiale de la COVID-19.
«Les prises sont bonnes et la qualité de la crevette est meilleure que l’an dernier – elles sont plus grosses. C’est positif. À présent, le produit est beau et la quantité est là dans les trois zones. Les bateaux sont en mesure de prendre des quantités intéressantes», dit Michel Légère, président de l’Association des crevettiers acadiens du golfe.
Selon M. Légère, il est encore prématuré de dire que ce début positif permettra aux pêcheurs de couvrir les pertes occasionnées par le report de l’ouverture de la pêche.
«Il est trop tôt pour le dire, mais une chose qu’il faut savoir, le prix payé a beaucoup diminué par rapport à l’an dernier. On parle d’une baisse significative (de 25 à 40 cents la livre). Ça va faire extrêmement mal.»
Les crevettiers acadiens et les transformateurs du Nouveau-Brunswick se sont entendus sur un prix au débarquement vers la mi-juin. L’entente est semblable à celle négociée entre les pêcheurs et les transformateurs de la région de Gaspé.
Le prix pour la grosse crevette avait été établi à 1,65$ la livre, celui de la crevette de taille moyenne à 1,35$ la livre et 0,84$ la livre pour la petite crevette.
À partir du 1er juillet, les prix sont de 1,20$ la livre pour la grosse crevette, 1$ la livre pour la crevette moyenne et 0,78$ pour la petite crevette.
Pour éviter une concentration de bateaux au large en même temps, les crevettiers prennent la mer à tour de rôle.
Le total autorisé de capture varie selon la zone de pêche, soit 5123 tonnes dans Sept-Îles, 6311 tonnes dans Anticosti et 5959 tonnes dans Esquiman.
En général, les stocks de crevettes nordiques sont en déclin dans le golfe du Saint-Laurent depuis une dizaine d’années. Au départ, on attribuait cette baisse au réchauffement des eaux du golfe du Saint-Laurent, mais au cours des dernières années, on observe aussi une augmentation du nombre de sébastes, un prédateur de la crevette.
Cet été, du moins jusqu’à maintenant, la présence du sébaste ne s’est pas encore avérée un problème majeur.
«Il y a des endroits où il est présent, pour nous, ce sont des lieux à éviter. Les sébastes ont grossi. Il faut faire attention, mais en général, ce n’est pas trop un problème jusqu’à maintenant.»
Pêche et Océans Canada permet encore une pêche expérimentale du sébaste cette année.
Son objectif est de lever le moratoire qui interdit la pêche commerciale du sébaste depuis de nombreuses années.
Michel Légère se croise les doigts pour que le reste de la saison, qui ferme officiellement le 31 décembre, se déroule bien. Cela est possible, croit-il, à condition que les usines continuent d’acheter le produit.
«Je pense que si les usines continuent d’acheter, on a une bonne possibilité de capturer une bonne partie de notre contingent.» ■