Langues officielles: bond de 25% des plaintes en 2019-2020
Le commissaire aux langues officielles du Canada, Raymond Théberge, a enregistré 1361 plaintes recevables pour l’année 2019-2020. Il s’agit d’un bond de 25% par rapport à l’année précédente.
C’est ce qui ressort de son rapport annuel publié mardi, qui couvre la période du 1er avril 2019 au 31 mars 2020. Le commissaire Théberge constate «qu’en 2020, il est encore difficile d’obtenir le respect des droits fondamentaux dans la langue officielle de son choix, tels que le droit de vote, le droit à la sécurité et le droit de recevoir des services du gouvernement fédéral».
Environ la moitié des incidents se sont déroulés dans la région d’Ottawa-Gatineau et 62 ont été recensés au Nouveau-Brunswick.
En juillet 2019, près de la moitié des plaintes reçues concernaient des voyageurs insatisfaits du service offert par Air Canada, l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) et l’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA).
«Il est déconcertant de voir que ces failles de sécurité sont notamment observées de façon constante dans les aéroports et aux postes frontaliers, où plus de 100 millions de voyageurs transitent chaque année», peut-on lire dans le document.
Le rapport soulève les problèmes de recrutement rencontrés par l’ASFC et l’ACSTA.
«La capacité bilingue actuelle des deux institutions ne leur permet pas d’avoir un nombre suffisant d’agents et de surintendants bilingues pour offrir un service de qualité égale dans les deux langues officielles aux différents points d’entrée désignés bilingues.»
Au problème: les électeurs ne sont pas toujours en mesure d’obtenir des services dans la langue officielle de leur choix au moment du vote. Le commissariat a traité 123 plaintes recevables dans le cadre des élections fédérales de 2019, un record.
La majorité (70%) des plaignants en lien avec les élections provenaient de l’Ontario, surtout dans l’est de l’Ontario et dans la région du Grand Toronto.
Dans l’ensemble, le commissaire Théberge se réjouit qu’au moins 80% de toutes les plaintes traitées aient mené à des «résultats concrets pour les plaignants».
«Ces données démontrent qu’une majorité des institutions sont à l’écoute et qu’elles veulent mieux faire, mais elles racontent aussi une autre histoire. En effet, bien qu’un bon nombre de recommandations soient mises en oeuvre, le signal d’un changement durable au sein des institutions fédérales visées est loin d’être aussi évident.»
UNE QUESTION DE SÉCURITÉ
Les langues officielles ont aussi été malmenées dans le cadre de la crise sanitaire qui secoue le pays. Santé Canada avait notamment fait des exemptions en matière d’étiquetage bilingue, au printemps, pour certains produits sanitaires très recherchés comme les désinfectants, les produits nettoyants et les savons pour les mains et pour le corps.
«Trop souvent, les informations importantes sur cette crise ont été publiées dans une seule langue officielle», rapporte Raymond Théberge. Il souligne que dans le contexte actuel, il est d’autant plus crucial que le gouvernement fédéral communique des renseignements essentiels à l’ensemble de la population dans la langue officielle de son choix.
Le commissariat a aussi traité 85 plaintes relatives à des messages d’alertes d’urgence diffusés dans une seule langue officielle. Cela «met en danger le public qui ne comprend pas cette langue», s’alarme M. Théberge. «La sécurité du public ne devrait pas varier selon l’endroit où l’on se trouve au pays et selon la langue de diffusion des messages d’alertes d’urgence.»
Un rapport traitant spécifiquement de la pandémie est en préparation et sera publié dans les prochaines semaines. ■
- Avec des extraits de la Presse canadienne