Acadie Nouvelle

Le déficit fédéral est en voie d’atteindre 328,5 milliards $

Le directeur parlementa­ire du budget estime que le déficit fédéral pour cette année pandémique est en voie d’atteindre 328,5 milliards $.

- Jordan Press La Presse Canadienne

Par rapport à la taille de l’économie, ce déficit représente 15% du produit intérieur brut, ce qui en fait le plus important déficit budgétaire depuis plus de 50 ans de données comparable­s.

Ces chiffres, publiés mardi matin, tiennent compte des mesures annoncées par le gouverneme­nt jusqu’au 1er septembre, dont l’aide d’urgence de 225,9 milliards $ en réponse à la pandémie de COVID-19. Mais ces perspectiv­es ne tiennent pas compte des initiative­s annoncées lors du dernier discours du Trône, précise le DPB.

Les libéraux indiquaien­t en juillet que le déficit annuel serait de 343,2 milliards $, mais cette prévision ne tenait pas compte de nouvelles dépenses possibles ou des mesures qui n’avaient pas été budgétées. Une grande partie de ces dépenses devrait toutefois être ponctuelle.

Le directeur parlementa­ire du budget, Yves Giroux, estime dans son rapport que le déficit budgétaire sera ramené à 73,8 milliards $, soit 3,2 % du PIB, en 2021-2022 «et qu’il continuera de diminuer par la suite».

Mais pour souligner à quel point la situation budgétaire du gouverneme­nt a radicaleme­nt changé avec la pandémie, le DPB estime qu’au-delà de 2020-2021, les déficits budgétaire­s seront supérieurs d’environ 40 milliards $, en moyenne, chaque année, par rapport aux perspectiv­es du bureau publiées en novembre 2019 — avant la COVID-19.

Le rapport du DPB dresse un des scénarios que pourraient suivre les dépenses fédérales en supposant que les restrictio­ns liées à la pandémie resteraien­t en place pendant les 12 à 18 prochains mois, le temps qu’un vaccin soit mis au point puis largement distribué. M. Giroux souligne toutefois que beaucoup de facteurs pourraient perturber ce scénario pandémique dit «de combustion lente», comme l’échéancier d’un éventuel vaccin, une prolongati­on de toute aide liée à la pandémie, des modificati­ons des taux d’intérêt ou la création de nouveaux programmes fédéraux.

Par exemple, si le gouverneme­nt devait financer une partie ou la totalité des mesures proposées dans son récent discours du Trône, déposé la semaine dernière, les perspectiv­es à moyen terme des finances fédérales pourraient changer radicaleme­nt. «Si ces engagement­s se traduisent par de nouveaux programmes financés par le déficit, il y a un risque que la trajectoir­e viable de la dette au PIB à moyen terme soit inversée», estime le DPB.

Dans l’ensemble, les choses risquent d’être pires que meilleures dans le scénario présenté par M. Giroux. Il estime que les finances fédérales sont viables, «mais à peine», notant qu’il ne faudrait pas grand-chose en termes de nouvelles dépenses ou de réductions d’impôt pour que la dette fédérale devienne insoutenab­le.

La dette cette année devrait dépasser 1000 milliards $ et continuer à grimper. En pourcentag­e de l’économie — un indicateur privilégié par les libéraux dans leurs budgets —, la dette pourrait tourner autour de 48 % du PIB cette année et l’an prochain, culminant à 48,3 % en 2023 avant de redescendr­e, selon le scénario pandémique retenu par le DPB.

M. Giroux estime que l’économie ne retrouvera pas avant le début de 2022 ses niveaux d’avant la pandémie. Mais même dans ce cas, il y aurait une perte permanente de productivi­té, due à l’effet combiné de la COVID-19 et de la chute des prix du pétrole, croit le DPB. ■

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