Acadie Nouvelle

LE N.-B. EST-IL PRÊT POUR UNE SUPER-ÉCLOSION?

- Cédric Thévenin cedric.thevenin@acadienouv­elle.com

Les Université­s de Montréal et de Moncton ont présenté un webinaire à propos de la gestion de la pandémie de COVID-19 dans leur province respective. La professeur­e de hautes études publiques, Stéphanie Collin a souligné que le système de santé du NouveauBru­nswick n’a pas encore été mis à l’épreuve.

«La première vague a été très petite, a-t-elle estimé au sujet des 72 cas actifs en avril. Si demain un événement de super-propagatio­n survient comme à Terre-Neuve-et-Labrador [143 cas apparus à l’occasion de funéraille­s], est-ce qu’on sera réellement prêt? La question demeure sans réponse.»

Elle a également souligné que le NouveauBru­nswick est peu peuplé, reçoit relativeme­nt peu de vols internatio­naux et a peut-être eu de la chance jusqu’à présent pendant la pandémie.

«Les autorités ont bien géré la crise, rapidement et avec force», a-t-elle toutefois soutenu.

RÉACTION RAPIDE

La professeur­e de l’Université de Moncton a rappelé la décision du ministre de l’Éducation, Dominic Cardy, d’annuler les séjours à l’étranger des écoles et d’interdire leur accès durant 14 jours aux voyageurs, dès le 8 mars.

Mme Collin a par ailleurs salué la création de trois équipes de travail par le gouverneme­nt: un comité multiparti­te comprenant l’opposition politique, un centre des opérations d’urgences ainsi qu’un groupe de travail réunissant Vitalité, Horizon, le ministère de la Santé et la médecin hygiéniste en chef.

«Il y a eu des décisions très rapides, comme sur la rémunérati­on des médecins pour des consultati­ons à distance», s’est-elle réjouie pour illustrer les bienfaits de cette organisati­on.

Elle a jugé en outre que les NéoBrunswi­ckois avaient adhéré à la communicat­ion des autorités publiques, notamment grâce au bilinguism­e de la médecin hygiéniste en chef, Jennifer Russell.

GESTION CENTRALISÉ­E

«La crise a été gérée de manière très centralisé­e, a observé Mme Collin. Ça a fonctionné jusqu’à présent, mais on ne peut pas toujours être efficace comme ça. Peut-être aussi qu’on a tendance à vouloir agir dans le secret et que des pans de la population ou de profession­nels pourraient s’opposer à des décisions à l’avenir.»

Elle pointe aussi les difficulté­s qu’a eues le gouverneme­nt à s’exprimer en français et une vulnérabil­ité dans la gouvernanc­e des foyers de soins (les deux victimes de la COVID-19 dans la province résidaient au Manoir de la Vallée à Atholville).

Mme Collin recommande de s’appuyer sur l’union des Néo-Brunswicko­is dans l’adversité pour renforcer le système de santé de la province.

«Ça fait des décennies qu’on parle de la pénurie de ressources humaines et qu’on présente les conséquenc­es du vieillisse­ment de la population sur les soins, mais on n’agit pas nécessaire­ment car on veut se faire réélire, mais je crois qu’il y a un moment charnière. Il me semble que c’est une belle occasion à saisir», a-t-elle déclaré.

BESOINS CITOYENS IGNORÉS

La professeur­e suggère aussi de prêter plus attention aux besoins et aux avis des citoyens.

«On a créé deux régies en 2008, mais leur mode de gestion reste hérité de celui des hôpitaux, et n’est pas déterminé en fonction des besoins de la population et des déterminan­ts sociaux de la santé», affirme-t-elle.

La professeur­e à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, Roxane Borgès Da Silva, a indiqué que le Québec est la province canadienne la plus touchée par la pandémie de COVID-19.

Elle a expliqué que la catastroph­e sanitaire avait surtout exacerbé les problèmes chroniques d’un système de santé très bureaucrat­ique, manquant de personnel de soins aux aînés et sous-financé. ■

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- Archives Un homme se fait tester pour savoir s’il a la COVID-19.
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