L’enseignement virtuel n’est pas encore une réalité pour tous au secondaire
Si presque tous les élèves du secondaire ont désormais accès aux outils technologiques indispensables à l’apprentissage à domicile, l’enseignement virtuel en est encore à ses balbutiements dans les écoles.
Depuis la rentrée, les élèves néo-brunswickois de la 9e à la 12e année ne passent qu’une journée sur deux à l’école. Une partie de la classe se trouve physiquement en présence de l’enseignant pendant que l’autre partie poursuit sa scolarité à distance, depuis la maison.
Seuls les écoles Étoile de l’Acadie de Rogersville, Marie-Gaétane de Kedgwick et l’école régionale de Baie Sainte-Anne ouvrent leurs portes aux jeunes tous les jours, car leur faible population scolaire permet d’assurer la distanciation.
Dans les 19 autres établissements francophones qui accueillent des élèves du secondaire, on expérimente un modèle d’apprentissage hybride dont les contours restent à définir.
Dans la plupart des cas, l’encadrement à distance est ponctuel et le jeune travaille davantage par lui-même.
«Il y a différentes façons d’assurer la continuité des apprentissages quand l’élève n’est pas à l’école. Ça peut se faire sous forme de projets, de travaux ou de recherches, décrit Marc Pelletier, directeur général du District scolaire francophone Nord-Est. On demande un contact régulier avec les jeunes au cours de la journée. Ça implique de se connecter de temps en temps et de rendre des comptes le lendemain. Les enseignants se branchent pour s’assurer que toute la classe a reçu des consignes et se branchent à nouveau pour répondre aux questions.»
Il reconnaît qu’il reste du chemin à faire pour s’adapter à cette nouvelle réalité. Son district n’a pas encore reçu tout le matériel informatique commandé, l’approvisionnement est difficile en raison de l’explosion de la demande à travers le monde. «Nous ne sommes pas encore où nous souhaiterions être au niveau technologique», admet M. Pelletier. Il affirme toutefois que la distribution d’ordinateur portable aux élèves n’ayant pas en leur possession les outils nécessaires va bon train.
Certains élèves vulnérables, ceux qui ont besoin de services de soutien ou ceux qui ne peuvent pas accéder à internet en tout temps depuis leur domicile ont reçu l’autorisation de fréquenter l’école tous les jours.
«On ne veut pas perdre des jeunes entre les craques, mentionne Luc Caron, qui dirige le District scolaire francophone Nord-Est. Nous comptons prendre un temps d’arrêt d’ici quelques semaines pour déterminer si nous sommes passés à côté de certains qu’on devrait desservir 100% du temps.»
Comment les jeunes vivent-ils cette petite révolution? Simon Thériault, élève à la polyvalente Thomas-Albert de Grand-Sault, remarque que son groupe ne doit pas être connecté en permanence avec l’enseignant lors des journées à la maison.
«Ce sont surtout des travaux à réaliser», décrit-il, ajoutant que ses enseignants «font plus d’efforts pour incorporer la technologie».
Simon Thériault espère que cette nouvelle donne permettra aux jeunes du secondaire de multiplier les stages et l’expérience sur le marché du travail, mais aussi de renforcer «leurs compétences plutôt que leurs connaissances».
Jeanne Boucher, élève à l’école l’Odyssée, observe de son côté que les enseignants assurent un suivi plus serré qu’au printemps dernier.
«Après la fermeture des écoles, il n’y avait rien d’imposé. Maintenant on a des examens, des devoirs à remettre. Personnellement, ça me permet d’être plus productive.» ■