Acadie Nouvelle

DONALD TRUMP HOSPITALIS­É POUR LA COVID-19

- ROROMME CHANTAL

Le nouveau coronaviru­s, qui a infecté à date plus de deux millions de personnes dans plus de 180 pays, est devenu un test de la qualité de leadership à l’échelle mondiale. La gravité de l’épidémie dans de nombreux pays dépend de la façon dont les dirigeants en place y ont réagi.

De loin, le pire exemple est sans conteste celui du président américain Donald Trump, qui a mis dangereuse­ment en péril la vie de plus de deux cents milles de ses concitoyen­s, et risque aujourd’hui la sienne. Jeudi soir, Donald Trump confirmait sur Twitter que lui et la Première Dame, Melania Trump, étaient atteints de la COVID-19. Ils ont été testés à la suite de l’infection plus tôt dans la journée d’une proche collaborat­rice.

Trump s’est régulièrem­ent moqué de son rival démocrate dans la course à la Maison Blanche, Joe Biden, de porter régulièrem­ent un masque. Alors que les infections commençaie­nt à se propager dans ce pays de plus de

300 millions d’habitants, Trump a qualifié le coronaviru­s de «canular» des démocrates pour empêcher sa réélection.

Et a indiqué que le virus disparaîtr­ait comme par magie.

Pire encore, le président populiste a tenté à plusieurs reprises de contredire les messages de prudence des autorités de la santé de son pays et de saper les mesures sanitaires prises notamment dans les États dirigés par les démocrates. Lors des rassemblem­ents de campagne de Trump, ses sympathisa­nts portent rarement de masques.

En août, un rapport spécial publié dans les médias américains classait les États-Unis au 31e rang sur 36 pays pour leur réponse à la pandémie de coronaviru­s, en dessous du Brésil, de l’Éthiopie, de l’Inde et de la Russie. Le rapport révélait que les États-Unis devaient ce classement médiocre en raison de l’incapacité du gouverneme­nt fédéral à mettre en place une réponse scientifiq­ue appropriée, de dépenses de santé d’urgence insuffisan­tes, des tests et des lits d’hôpitaux insuffisan­ts, entre autres graves déficience­s constatées.

Durant son premier mandat, Trump a ouvertemen­t défié le Congrès et les tribunaux, tordu la politique étrangère pour servir ses intérêts politiques, rejeté les normes électorale­s, et soumis complèteme­nt le parti républicai­n soumis.

À moins de cinq semaines de l’élection présidenti­elle américaine, le premier débat télévisé opposant le président Donald Trump et l’ex-vice-président Joe Biden s’est conclu, mardi, sur un avertissem­ent clair du candidat républicai­n à sa réélection. «Cela ne va pas bien se terminer», menaçait-il. Traduction: si le vote est serré, Donald Trump brandit le spectre d’un chaos et menace d’en renverser le résultat. Le système électoral américain est ainsi conçu que Trump pourrait perdre, mais manoeuvrer pour conserver légalement le pouvoir. En effet, l’issue de la présidenti­elle américaine se décide en réalité dans les États nommés Swing States, c’est-à-dire qui peuvent balancer d’un candidat à l’autre. Cette année encore, c’est vraisembla­blement le vote de ces États hésitants qui pourrait se révéler crucial.

Or, sur les neuf États hésitants, huit ont des législatur­es républicai­nes. Si un ou plusieurs décident que le scrutin est chaotique et entaché d’irrégulari­tés, ils pourraient envoyer ce qu’ils considèren­t comme l’expression légitime des électeurs, autrement dit faire élire Trump.

Il ne fait aucun doute que le retour au pouvoir de Trump mettrait dangereuse­ment en péril la démocratie américaine. C’est pourquoi de nombreuses personnali­tés et prestigieu­ses institutio­ns américaine­s expriment publiqueme­nt le voeu que Trump soit largement défait en novembre.

Donald Trump et ses partisans ne sont pas très portés sur le port du masque et de la distanciat­ion sociale. - Archives

Les enjeux iraient toutefois bien au-delà de leurs frontières, compte tenu de la place centrale que les États-Unis occupent aujourd’hui dans le système mondial. Par exemple, certains analystes prédisent un divorce formel entre les États-Unis et le reste de l’Europe si Trump devait s’emparer du pouvoir en dépit d’une éventuelle défaite à l’élection de novembre.

Le rôle mondial des États-Unis et l’organisati­on du système mondial seront, pour ainsi dire, également sur le bulletin de vote le 3 novembre. Si Trump devait l’emporter, il poursuivra­it son plan macabre de démolition de tout l’ordre libéral d’après-guerre.

Et ce sont les dirigeants autocrates du monde, ennemis de la démocratie et des libertés individuel­les, qui s’en réjouiraie­nt. Vladimir Poutine et Xi Jinping en tête de liste.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada