Métamorphose et espérance
«Au fond d’un vieux marécage vivaient quelques larves qui ne pouvaient comprendre pourquoi nul du groupe ne revenait après avoir rampé le long des tiges de lys jusqu’à la surface de l’eau. Elles se promirent l’une à l’autre que la prochaine qui serait appelée à monter reviendrait dire aux autres ce qui lui était arrivé.
Bientôt, l’une se sentit poussée de façon irrésistible à gagner la surface; elle se reposa au sommet d’une feuille de lys et subit une magnifique transformation qui fit d’elle une libellule avec de fort jolies ailes. Elle essaya en vain de tenir sa promesse.
Volant d’un bout à l’autre du marais, elle voyait bien ses amies en bas. Alors, elle comprit que même si elles avaient pu la voir, elles n’auraient pas reconnu comme une des leurs une créature si radieuse.
Le fait que nous ne pouvons voir nos amis et communiquer avec eux après la transformation que nous appelons la mort n’est pas une preuve qu’ils ont cessé d’exister.»1
Il y a environ deux semaines, j’eus la chance de trouver cette allégorie (de Walter Dudley Cavert). Elle était soigneusement affichée sur la porte de la salle familiale de l’unité des soins palliatifs de l’hôpital. Cette histoire vint nourrit mon espoir, ainsi que celui de ma famille. L’espoir de discerner la beauté et la dignité en fin de vie.
D’un geste tendre, un ange sur terre vêtu d’un uniforme d’infirmier et d’un sourire compatissant nous offrit une copie de ce conte. Une simple feuille de papier qui servait de baume au coeur.
Accepter le départ d’un proche n’est pas chose facile et le processus nous soumet à une épreuve énorme. Voilà pourquoi tout baume est comme un vent d’espoir qui souffle sur nous et sèche nos pleurs.
VISITE LUMINEUSE
Il y a quelques jours, une libellule s’introduisit chez nous. Je pensai immédiatement à l’allégorie. J’approchai ma main et le joli insecte se posa sur elle. Je me rendis dehors pour le libérer et pour lui déclarer que j’étais prête à la laisser partir. En dépit de la liberté qui était à sa portée, il demeura sur ma main quelques minutes avant de s’envoler tout doucement. Je restai émue devant la magnificence du cycle de la vie et de la mort. Quelques larmes coulèrent sur mes joues en l’honneur de mon père qui, telle une jeune libellule lumineuse, était dépouillé de son corps et veillait sur nous.
Merci à tous ces anges sur terre qui accompagnent, avec bienveillance et respect, les personnes en fin de vie.
Percevons l’omniprésence de la vie! ■
«Tu n’es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis.» – Victor Hugo