Santé: les dons fortement à la baisse dans le Restigouche
La COVID-19 fait une nouvelle victime au chapitre des événements publics. La Fondation des Amis de la santé du Restigouche vient d’annoncer qu’elle abandonne une autre de ses campagnes de financement majeure, celle-là prévue cet automne, soit sa marche annuelle des médecins.
La décision a pris longtemps à tomber. C’est que l’organisation avait toujours espoir de tenir l’activité en dépit de la pandémie.
Après tout, le nombre de cas est minime au Nouveau-Brunswick, nul même au Restigouche. Mais en raison de la recrudescence du virus un peu partout au pays, et particulièrement près de la frontière, en Gaspésie, la direction de la fondation a préféré ne courir aucun risque.
«On pensait vraiment être en mesure de tenir notre marche, quitte à ce que ce soit un peu différent des autres années, par exemple un parcours de 1 km au lieu de 5 km, exiger le port du masque, restreindre le nombre de participants...
Mais la situation a rapidement évolué au cours des deux dernières semaines. Les cas ont explosé chez nos voisins si bien qu’on a vu la bulle avec Avignon rétrécir. Ce n’est donc pas un bon moment pour ce type d’activités, et ce ne serait pas très avisé, alors que l’on demande aux gens de redoubler de prudence, de tenir une marche à laquelle prennent part environ de 400 à 500 personnes», commente le directeur général de la fondation, Jean-Luc Landry.
Sa grande crainte est que cet événement, qui à la base vise à venir en appui au système de santé, soit la source d’une éclosion dans la région.
«On préfère ne pas jouer inutilement avec la santé des gens. On va passer notre tour cette année et revenir l’an prochain», ajoute-t-il.
L’ironie veut que cette huitième Marche des médecins avait comme slogan Ensemble, surmontons la COVID-19.
L’abandon de cet événement vient par ailleurs priver la fondation d’un revenu d’environ 20 000$ à 30 000$, montant provenant de dons corporatifs et de la population. La perte est donc énorme.
Mais ce qui fait encore plus mal, c’est qu’elle vient s’ajouter à d’autres pertes issues de campagnes précédentes également annulées. Depuis le début de la pandémie le printemps dernier, la fondation a en effet été dans l’obligation de faire une croix sur son radiothon et son tournoi de golf, deux activités de financement majeures.
Conséquence de ces pertes financières? Privée de rentrées de fonds, la fondation prévoit revoir considérablement à la baisse l’importance de ses dons. En temps normal, celle-ci redonne annuellement de 150 000 à 200 000$ aux établissements et programmes de la santé du Restigouche, notamment par l’entremise d’achats d’équipements.
«La perte de toutes nos activités depuis ce printemps a un impact majeur sur nos revenus, c’est clair. C’est difficile pour la fondation en ce moment, et nous ne sommes pas les seules à vivre cette réalité. Les autres fondations de la province sont sensiblement dans le même bateau que nous. Et je sais que c’est la même chose pour plusieurs organismes sociaux qui sollicitent des fonds à la communauté», souligne M. Landry qui estime pouvoir – au mieux – redonner la moitié des montants habituels.
En fait, le montant anticipé pour le moment est même moindre, environ 60 000$.
«C’est un montant conservateur, car on ne sait pas ce qui nous attend encore d’ici la fin de l’année. Ce qui est triste, c’est que le grand perdant dans tout cela ce n’est pas nous, car on redistribue l’argent. Celui qui écope, c’est notre système de santé au Restigouche. C’est lui que nous appuyons. Qu’il y ait la COVID-19 ou pas, ses besoins demeurent», poursuit le directeur.
Autre conséquence, sans ses campagnes de financement, la fondation n’a plus besoin d’autant de personnel. Habituellement trois, il n’en restera plus qu’un en poste lundi prochain, et ce, jusqu’à ce que les affaires redémarrent.
La Fondation reconnaît que le besoin d’aide en santé pour la communauté du Restigouche est encore plus grand durant la période de pandémie. Elle demande ainsi aux gens de faire preuve de solidarité et de faire preuve de générosité malgré l’absence d’événements. S’ils peuvent bien entendu.
«Encore là, c’est un souhait pour ceux qui ont la capacité de le faire, mais on sait à quel point les gens et les entreprises ont été durement touchés par la COVID-19. On comprend que tous n’ont plus les mêmes moyens de contribuer en cette période particulière, et on ne veut surtout pas surtaxer les gens, même si la cause est noble, en leur demandant de l’argent. Les temps sont difficiles pour tout le monde», concède M. Landry. ■