Acadie Nouvelle

Les droits linguistiq­ues ne sont pas négociable­s

- René Cormier Sénateur indépendan­t du N.-B. Judith Keating Sénatrice indépendan­te du N.-B.

Les récentes élections provincial­es ont révélé de profondes divisions entre les différente­s régions du Nouveau-Brunswick. Qu’elles soient linguistiq­ues, culturelle­s, politiques ou socio-économique­s, ces tensions ont mis en lumière la responsabi­lité de l’ensemble des élus de l’Assemblée législativ­e du Nouveau-Brunswick d’agir promptemen­t pour unifier notre province tout en reconnaiss­ant les diverses réalités de ses régions. Alors que les appels à la mobilisati­on se multiplien­t dans la sphère publique, il nous apparaît plus important que jamais en tant que sénateurs, de rappeler aux élus les instrument­s législatif­s sans égal dont ils disposent pour agir dans l’intérêt de toutes les régions de notre province.

Nous savons que le Nouveau-Brunswick possède une Loi sur les langues officielle­s et une Loi reconnaiss­ant l’égalité des deux communauté­s linguistiq­ues. Or, nous oublions souvent que le statut de notre province est unique et que les drwoits linguistiq­ues de ses citowyens transcende­nt toute question de juridictio­n.

L’unicité du Nouveau-Brunswick repose dans l’enchâsseme­nt de ces droits dans la Charte canadienne des droits et libertés. Il s’agit de droits constituti­onnels non négociable­s. Qui est plus, c’est la reconnaiss­ance de l’égalité des communauté­s linguistiq­ues du NouveauBru­nswick que nous avons codifiée et élevée au statut de droit fondamenta­l.

Rappelons-nous d’ailleurs que c’est à l’initiative de plusieurs gouverneme­nts provinciau­x successifs que ces droits ont été enchâssés dans un premier temps, dans la Charte canadienne des droits et libertés, soit la Loi constituti­onnelle de 1982, et dans un second temps, par le biais de négociatio­ns bilatérale­s avec le gouverneme­nt fédéral suivant l’échec des réformes constituti­onnelles de l’accord de Charlottet­own.

Ces droits et obligation­s sont applicable­s sans égard au gouverneme­nt en place. De l’adoption de la première Loi sur les langues officielle­s sous Louis J. Robichaud, en passant par la Loi reconnaiss­ant l’égalité des deux communauté­s linguistiq­ues au Nouveau-Brunswick sous Richard Hatfield, ou encore par l’inclusion de l’article 16.1 dans la Charte canadienne des droits et libertés sous Frank McKenna ; l’histoire nous démontre que tous les partis au pouvoir ont contribué, chacun à leur façon, au renforceme­nt des droits linguistiq­ues au NouveauBru­nswick.

Il appert donc que ces droits n’ont pas d’appartenan­ce politique et ne devraient jamais en avoir. Ceux-ci appartienn­ent aux citoyens et citoyennes de toutes les régions de notre province que les élus se sont engagés à représente­r le 14 septembre dernier.

Nous invitons les parlementa­ires de la 60e législatur­e à s’inspirer de la vision et des actions de leurs prédécesse­urs pour faire pleinement reconnaîtr­e le caractère non négociable des droits linguistiq­ues et assurer scrupuleus­ement leur applicatio­n dans toute prise de décision, qu’elle relève d’un projet de loi, d’un règlement ou d’une politique.

Bien sûr, nous ne pouvons faire fi de l’immense clivage qui semble séparer les régions de notre province, et cette réalité ne date pas d’hier. Nous reconnaiss­ons que

Glen Savoie a conservé son poste de ministre responsabl­e de la Francophon­ie dans le nouveau Cabinet du premier ministre Blaine Higgs présenté mardi. - Gracieuset­é: GNB90 différents facteurs contribuen­t à cette situation et que les solutions sont multiples. Cela dit, on ne peut ignorer que ces divergence­s sont inextricab­lement liées aux questions linguistiq­ues.

Les tensions politiques et sociales récurrente­s que subit la population néo-brunswicko­ise portent sur des droits qui nous sont pourtant acquis, et dont les enjeux ont été tranchés il y a déjà longtemps. Les citoyennes et citoyens de notre province s’attendent plus que jamais à ce que leurs représenta­nts provinciau­x agissent pour éliminer les disparités qui existent entre les communauté­s de langue officielle.

Afin de pouvoir remédier aux divisions régionales exacerbées par la récente élection provincial­e, nous réitérons que le respect du droit à l’égalité réelle des communauté­s linguistiq­ues nécessite l’applicatio­n de la lentille linguistiq­ue dans la réalisatio­n des politiques sociales et économique­s du gouverneme­nt. Ceci permettrai­t aux élus d’identifier les disparités entre les communauté­s et de mieux répondre aux besoins spécifique­s de chacune d’entre elles. En outre, le paragraphe 16.1(2) de la Charte confirme le rôle de la législatur­e et du gouverneme­nt du Nouveau-Brunswick non seulement de protéger le droit des communauté­s linguistiq­ues, mais de promouvoir ce droit à l’égalité. Les élus doivent répondre à l’obligation positive qui est exigée d’eux au sens de la Charte.

Nos représenta­ntes et représenta­nts à l’Assemblée législativ­e disposent aujourd’hui d’un coffre à outils législatif­s solide leur permettant d’assurer le plein respect des droits linguistiq­ues contribuan­t ainsi à reconstrui­re les ponts entre toutes les régions de notre province. Il ne tient qu’à eux de les utiliser de manière éclairée et efficace.

En conclusion, nous tenons à féliciter les députés et députées de tous les partis de leur récente élection, et leur exprimons notre profonde gratitude pour leur engagement à servir la population du Nouveau-Brunswick.

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