Alone: simple et efficace
C'est probablement un des pires cauchemars des femmes: être suivie et harcelée par un homme louche aux intentions inconnues. Dans Alone (disponible en location), le réalisateur John Hyams réduit ce genre d'expérience à sa plus simple expression dans un suspense très efficace.
Jessica (Jules Wilcox) est déprimée. Après avoir vécu un drame personnel, elle décide de déménager «dans le nord». Elle embarque donc toutes ses affaires dans une remorque et prend la route au volant de sa voiture.
En chemin, elle réalise qu'elle croise souvent le même homme (Marc Menchaca). D'abord lors d'une tentative de dépassement, puis dans le stationnement de son motel et, plus tard sur la route, alors que celui-ci semble éprouver des problèmes avec son véhicule.
Jessica prend de plus en plus peur à chaque rencontre.
Son pire cauchemar se matérialisera dans l'Oregon quand une crevaison le rendra totalement vulnérable à son poursuivant...
DU BON
Commençons par parler de ce qu'Alone fait de bien: nous tenir sur le bout de notre siège.
Si la première demi-heure est plutôt terne (j'y reviendrai), l'heure qui suit, elle, est profondément angoissante.
On a droit à un captivant jeu de chat et de souris dans lequel l'intensité grimpe de minute en minute.
L'homme (qui n'est pas nommé) multiplie les tactiques vicieuses pour effrayer et faire souffrir sa proie.
Une scène dans laquelle le prédateur torture psychologiquement Jessica avec un discours sur le courage est particulièrement puissante.
Écrit par Mattias Olsson - qui a coréalisé un film pratiquement identique intitulé Gone dans sa Suède natale -, Alone se tient loin des clichés hollywoodiens.
Pas de scénario compliqué, de surprises forcées, de conspiration secrète ou de sauvetage in extremis ici; seulement l'histoire d'une femme qui puise au plus profond d'elle même pour survivre.
C'est simple, mais diablement efficace, surtout que Wilcox et Menchaca sont vraiment excellents.
DU MOINS BON
Alone est efficace, certes, mais il demande une certaine patience.
Par exemple, l'élément déclencheur survient à la 26e minute, ce qui est extrêmement tard pour un film de 95 minutes.
La première demi-heure est donc assez ennuyeuse. On reste sur nos gardes, en attendant que quelque chose se produise, mais on n'est pas vraiment récompensés.
L'intrigue, assez réchauffée, repose également sur beaucoup trop d'heureuses coïncidences pour être totalement crédible.
Jessica et son futur agresseur se croisent en effet très souvent sur une période de deux jours. Les chances qu'il soit parvenu à la pister avec autant de facilité sur un si grand territoire sont à peu près nulles, surtout qu'il l'avait doublée en voiture dès leur première rencontre...
Alone reste tout de même un bon petit suspense qui joue avec beaucoup de justesse sur nos peurs les plus primitives. ■