Acadie Nouvelle

Lafrenière tente de s’inscrire dans la lignée des grands

Alexis Lafrenière n’était même pas né quand le dernier attaquant québécois a été sélectionn­é au premier rang du repêchage de la LNH, mais il est sur le point de mettre fin à une disette de 22 ans.

- Simon Servant La Presse Canadienne

Les présentati­ons ne sont plus à faire dans son cas et tout semble déjà avoir été dit et écrit à son sujet. À moins d’un revirement majeur de situation, Lafrenière devrait être un nouveau membre des Rangers, mardi, alors que la troupe new-yorkaise détient le premier choix du repêchage.

Le natif de Saint-Eustache deviendrai­t alors le premier attaquant québécois à entendre son nom en premier depuis Vincent Lecavalier, en 1998, et il deviendrai­t le 10e joueur de la LHJMQ depuis 1980 à être sélectionn­é au premier rang.

Outre Lecavalier, Lafrenière rejoindrai­t entre autres Mario Lemieux et Sidney Crosby, qui ne sont pas les moindres et qui étaient également destinés à une grande carrière dans la LNH dès leurs débuts dans le hockey junior.

La Presse Canadienne a cherché à comprendre quelles caractéris­tiques font qu’un joueur soit unanimemen­t considéré comme le meilleur espoir d’un repêchage et si Lafrenière s’inscrit dans la lignée des Lemieux, Lecavalier ou Crosby. Qui de mieux que leurs anciens coéquipier­s pour faire cette analyse?

UNE BONNE DOSE DE TALENT

Ne devient pas premier choix au total qui veut. Lorsque les recruteurs se déplacent dans les arénas pour évaluer les joueurs, ils cherchent à voir du talent, qu’il soit déjà bien visible ou à polir. Après tout, c’est une des principale­s raisons qui aident une équipe de la LNH à remporter la coupe Stanley.

L’histoire aura été favorable aux Lemieux, Lecavalier et Crosby, mais il n’y a aucun doute que Lafrenière a montré tout son savoir-faire lors de son passage dans la LHJMQ. En trois saisons avec l’Océanic, Lafrenière a amassé 114 buts et 297 points en 173 matchs et il a terminé au sommet des pointeurs en 2019-20.

Le vétéran Cédric Paré a joué sur son trio la saison dernière et il a connu ses meilleurs moments en carrière. À sa dernière campagne dans le circuit Courteau, Paré a récolté 37 buts et 88 points en 64 matchs et il a été aux premières loges pour voir Lafrenière accomplir de grandes choses.

«C’est un joueur extrêmemen­t intelligen­t avec ou sans la rondelle. Quand tu joues contre lui à un contre un et que tu penses avoir réussi à lui faire perdre la rondelle, c’est là qu’il te bat, a observé Paré. Sa vision du jeu est incroyable, il possède un excellent lancer et il est capable de jouer physique. Il détient des qualités qu’ont peu de joueurs.»

DÉBORDANT DE CONFIANCE

Lorsqu’il est passé des Bisons de Granby aux Voisins de Laval, lors de la saison 1981-82, François Sills a rejoint un Mario Lemieux âgé de 16 ans et encore en développem­ent.

Après une saison recrue de 96 points, Lemieux a suivi avec des campagnes de 184 et 282 points. Dans le dernier cas, il s’agit d’un record de la LHJMQ qui ne sera probableme­nt jamais battu.

Pour Sills, qui a lui-même amassé 130 points en 1983-84, le dénominate­ur commun de tous ces joueurs de premier plan est sans contredit la confiance en leurs moyens et leur capacité à élever le niveau de jeu de leurs coéquipier­s grâce à leur attitude sur et hors glace.

«Ils ont une grande confiance en eux et ils ont une force d’attraction qui fait en sorte que toute l’équipe devient meilleure. Selon moi, c’est leur plus grande qualité et ils sont capables de rallier les gens à eux. Pour l’avoir vu avec Mario, il avait une assurance que le joueur moyen n’avait pas, a déclaré Sills. On dirait que le chemin est déjà tracé pour ces joueurs dès qu’ils sont petits. Ils veulent devenir des profession­nels dans la LNH et ils font tout pour y arriver.»

DES PROFESSION­NELS AVANT LE TEMPS

Il n’est peut-être pas juste pour Lafrenière de le comparer à Lemieux, Lecavalier ou Crosby, mais une chose est sûre, les quatre joueurs ont dû vivre une énorme pression malgré leur jeune âge.

Ils ont tous commencé leur carrière junior à 16 ans et ils ont rapidement été considérés par les recruteurs comme de futurs premiers choix au total.

Qualifié de «Next One», en lien avec le surnom de Wayne Gretzky (The Great One), avant même qu’il donne un coup de patin au hockey junior, Crosby en a impression­né plus d’un par sa maturité.

Ce fut notamment le cas de son ancien coéquipier chez l’Océanic Marc-Antoine Pouliot, avec qui il a joué de 2003 à 2005. Pouliot se souvient très bien de la première impression faite par Crosby et à quel point son attitude était exemplaire malgré son jeune âge.

«J’étais tellement impression­né par la façon dont il (Crosby) gérait la pression médiatique. Autant il est un joueur exceptionn­el sur la glace, autant il est une personne terre à terre. Il était déjà très mature à 16 ans. C’est comme s’il était sur une autre planète, a mentionné Pouliot. Avec cette combinaiso­n de talent et de maturité, je ne suis pas surpris de voir qu’il a eu autant de succès dans la LNH.»

Alexandre Jacques avait déjà été repêché dans la LNH quand il s’est joint à Lecavalier chez l’Océanic pour quelques mois. Il a pu constater que le futur premier choix au total en 1998 parvenait tout de même à avoir du plaisir en jouant au hockey malgré toute la pression entourant le repêchage.

Jacques, qui est maintenant entraîneur des habiletés techniques avec l’Armada de Blainville-Boisbriand, a eu l’occasion de voir Lafrenière se développer au fil des années et il note justement des similitude­s avec Lecavalier.

«Alexis a vécu beaucoup de pression depuis son arrivée dans la LHJMQ à 16 ans parce qu’on parlait déjà de lui comme un potentiel premier choix. Mais je le vois encore s’entraîner au Centre d’excellence Sports Rousseau et il a toujours le sourire au visage et jouer au hockey n’a pas l’air d’être une corvée pour lui», a-t-il insisté. ■

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Alexis Lafrenière. – La Presse canadienne: Peter Power

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