Acadie Nouvelle

La forêt poétique de Raymonde Fortin

Dans sa nouvelle exposition présentée à Caraquet, l’artiste Raymonde Fortin rend hommage à la forêt et nous invite à découvrir son journal visuel.

- Sylvie Mousseau sylvie.mousseau@acadienouv­elle.com

Depuis qu’elle est établie à Notre-Dame dans le sud du Nouveau-Brunswick, Raymonde Fortin se sent de plus en plus inspirée par la forêt qui l’entoure et la relation avec son environnem­ent. Les arbres matures sont nombreux près de chez elle. Chaque jour, celle qui contemple la forêt qui longe la rive de la petite rivière devient alors attentive aux sons de la nature et aux odeurs.

Pour créer ses oeuvres, elle a réalisé des empreintes des troncs de grands arbres, se rapprochan­t ainsi de son sujet.

«Je pose la toile directemen­t sur le tronc. Par la technique du frottis (une technique de dessin), je recueille le plus doucement possible l’empreinte de l’écorce», explique l’artiste.

La prise d’empreintes, qu’elle pratique depuis maintenant une décennie, est un merveilleu­x prétexte pour s’approcher de ces géants. Devenir Forêt est le cinquième projet où elle emprunte cette technique de dessin.

Que ce soit le vieux bouleau ravagé par le porc-épic, l’immense érable dont l’écorce s’effrite tranquille­ment, la pruche près de la rivière, ils ont tous une longue histoire. C’est leur histoire que l’artiste tente de recréer dans cette série de grandes installati­ons abstraites intitulée Devenir forêt. En avançant dans sa recherche et sa réflexion, elle a constaté que la forêt devenait aussi une métaphore de la communauté puisque les

«Ce sont des moments où la vie arrête où on est comme dans un intervalle, une parenthèse. Dans ces moments-là, c’est là que j’ai envie de m’exprimer en peinture et puis de fouiller et de chercher des réponses.»

arbres ont aussi une relation entre eux. Ce projet l’a amené également à imaginer un texte poétique lié aux empreintes.

Parallèlem­ent aux empreintes, on retrouve une série de grands tableaux, Intervalle­s, inspiré de moments marquants intenses, heureux ou tristes de la vie. Des événements qui se produisent sans s’annoncer, mais qui l’ont fait grandir ou s’effondrer, souligne Raymonde Fortin.

Elle dit souvent que son travail de peintre s’apparente à son journal personnel dans lequel elle note ses états d’âme et ses réflexions. Chacune de ses exposition­s devient en quelque sorte des chapitres de son journal. Au cours des trois dernières années, elle a vécu des moments intenses, dont deux convalesce­nces et la perte d’amis.

Lorsqu’elle peint, elle développe des textures, des vides, des pleins, tout en cherchant à créer la transparen­ce.

«Pour lire mes oeuvres que je veux abstraites, il faut s’attarder aux textures, à la manière dont la matière est appliquée, à la qualité des contrastes et à la gestuelle. La lumière dans un tableau est pour moi essentiell­e. Dans cette série d’oeuvres, elle se veut moins intense, filtrée par les multiples couches de couleurs appliquées en transparen­ce», précise l’artiste dans sa présentati­on.

Ce sont des oeuvres puissantes. Pour cette série de peintures, elle a aussi travaillé avec un pinceau japonais et l’encre de Chine, apportant ainsi de la poésie et un second souffle à ses toiles.

«Une fois que le tableau est presque terminé, je trempais mon pinceau dans l’encre de Chine et puis j’y allais très spontanéme­nt. J’avais l’impression de remettre un souffle dans la peinture et de refaire une espèce de sentier différent de pensée.»

Cette exposition qui a déjà été présentée à Bouctouche est en montre à la Galerie Bernard-Jean à Caraquet jusqu’au 1er novembre. ■

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Raymonde Fortin – Gracieuset­é

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