Le regard de Georgette Bourgeois sur la vie avant la Déportation
Comment était la vie des Acadiens avant la Déportation? C’est ce que Georgette Bourgeois a dû imaginer en créant deux oeuvres majeures qui reflètent le mode de vie de cette époque dans une seigneurie au bord du détroit de Northumberland, en Nouvelle-Écosse.
Les deux tableaux seront dévoilés officiellement, jeudi, lors du vernissage de l'exposition Seigneurie de Remsheg. Exposés à la galerie du Centre des arts et de la culture de Dieppe, les tableaux sont assortis d'une centaine d'images, de photographies et de croquis, ainsi que d'une vidéo explicative réalisée par son fils, le cinéaste Chris Harrigan. Cette exposition permet ainsi aux visiteurs de découvrir le travail et la recherche ayant mené à la réalisation des deux oeuvres. Un vrai travail de titan.
«Je voulais que le public sache le genre de recherche qu’on doit faire pour aboutir à ces oeuvres-là. Les gens peuvent voir qu’est-ce qui en arrière d’une oeuvre, le pourquoi et la recherche. Ça faisait longtemps que je rêvais de faire une exposition comme ceci où on voit la recherche», a déclaré en entrevue l’artiste.
Georgette Bourgeois qui est artiste en résidence au CACD a oeuvré à ce projet pendant deux années. Celle qui s'était intéressée à l'Acadie contemporaine dans ses oeuvres remonte dans le temps avec cette nouvelle série de peintures. Pour chaque oeuvre, elle a créé six croquis en plus de la recherche d'images et de photographies. Si les oeuvres sont issues de son imaginaire, il reste qu'elle a fondé son travail sur des bases historiques bien documentées.
Le projet est issu d'une collaboration avec l'auteur Stephen Leahy de la région de Pugwash qui cherchait un artiste pour illustrer un nouvel ouvrage sur l'histoire de sa région avant la Déportation. Même si Georgette Bourgeois savait que le projet s'annonçait colossal, il a piqué sa curiosité.
Pour mener à bien sa création, elle a visité la région de Pugwash à plusieurs reprises. Dans cette région, il y avait une seigneurie à Remsheg, rebaptisé plus tard Wallace. Comme il n'y a plus aucun bâtiment, celle qui se passionne pour l'histoire a dû consulter des archives, les musées et des historiens afin de recréer un établissement acadien avec ses maisons, ses lignes à hardes, les animaux de ferme, ses moulins et des personnages. Sur la première oeuvre, on voit le manoir de la seigneurie, quelques plus petites maisons, ainsi que des habitations temporaires des Mi'kmaqs qui entretenaient des relations sociales, économiques, militaires avec les Acadiens. Il y a eu des mariages mixtes.
L'auteur tenait aussi à ce qu'il y ait des moulins, ce que l'artiste a mis à l'avant-plan dans le second tableau. On peut voir, entre autres, un moulin à marée et un chariot à grains. Comme elle ne trouvait aucun modèle de seigneurie en Acadie, elle s'est inspirée d'une grande maison de Fort Louisbourg pour peindre la résidence du propriétaire de la seigneurie.
Dans ses oeuvres, il y a aussi de la vie. On y retrouve quelques personnages inspirés de ses proches qui ont servi de modèles, dont sa fille Mélissa et une grande amie passionnée de voile. Si vous regardez bien, vous reconnaîtrez peut-être l'artiste aux cheveux roux qui loge dans une des maisons.
«Ça fait un peu comme ma signature. Je veux qu'on sache que c'est une femme qui a fait ça», a ajouté l'artiste qui a signé les oeuvres de son nom au complet.
Encore une fois, les ciels immenses de ses tableaux et la lumière intense constituent des symboles de la force et de la ténacité des Acadiens. Le vernissage de l'exposition se tient ce jeudi de 18h à 20h. L'exposition est en montre jusqu'au 11 décembre. L'organisme Nation prospère Acadie a également collaboré à ce projet. Les oeuvres seront éventuellement exposées en permanence dans le futur Centre de la francophonie à Halifax. ■