Acadie Nouvelle

LA CONSÉQUENC­E DES HÉSITATION­S DE BLAINE HIGGS?

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Le gouverneme­nt Higgs, de concert avec la Santé publique et les partis d’opposition, impose des restrictio­ns comme nous n’en avons jamais vu au Nouveau-Brunswick. Aussi bien s’y habituer. “Ça va bien aller”, aime-t-on répéter. Mais ça risque d’abord d’empirer.

La Santé publique a révélé vendredi que pas moins de 13 nouveaux cas de personnes infectées à la COVID-19 ont été confirmés, la plupart dans la région de Campbellto­n.

Par ailleurs, 18 employés du Réseau de santé Vitalité sont en quarantain­e dans le Restigouch­e parce qu’ils ont la COVID-19 ou ont été en contact étroit avec des personnes porteuses du virus.

La situation est tellement préoccupan­te que les zones du Sud-Est et du Restigouch­e sont retombées en phase orange.

L’heure n’est pas à la panique. Nous avons été témoins d’autres éclosions depuis le début de la pandémie, avant de voir celles-ci être rapidement circonscri­tes.

Néanmoins, nous ne pouvons balayer du revers de la main la possibilit­é que ceci pourrait être le début d’une vague.

Nous faisons affaire avec un virus sournois et extrêmemen­t contagieux. S’il s’est propagé au restaurant Saint-Hubert, dans un McDonald’s et au magasin Costco de Moncton, comme le craint la Santé publique, le coronaviru­s est peut-être en train de faire son chemin à travers la province.

Le Costco, en particulie­r, attire des consommate­urs de partout dans le nord et l’est de la province. Et contrairem­ent à d’autres chaînes comme Walmart et Atlantic Superstore, le port du masque n’y était pas encore obligatoir­e…

Nous n’aimons pas jouer aux gérants d’estrade. Le Nouveau-Brunswick avait jusqu’à cette semaine l’un des meilleurs bilans depuis le début de la pandémie en Amérique du Nord. Personne ne manifestai­t devant l’Assemblée législativ­e afin de rendre les règles sanitaires plus sévères.

Néanmoins, la réalité a fini par nous rattraper et nous force à poser une question importante: le Nouveau-Brunswick paie-t-il le prix de l’hésitation du gouverneme­nt Higgs à imposer le port du masque dans tous les endroits intérieurs publics?

En Nouvelle-Écosse le masque est obligatoir­e depuis le 31 juillet. Terre-Neuve fait de même depuis le 24 août.

Le Nouveau-Brunswick jonglait avec l’idée d’imposer le port du masque dans tous les lieux publics intérieurs depuis un certain temps déjà. En juin, la directive a même été imposée, avant d’être renversée quelques heures plus tard.

La semaine dernière, nous avons cru que le premier ministre allait enfin se décider. La décision a toutefois été repoussée d’une autre semaine. Un manque de leadership qui nous avait alors laissés pantois.

Ce n’est finalement que jeudi, alors que 17 nouveaux cas étaient confirmés au Manoir Notre-Dame de Moncton, que le gouverneme­nt a finalement tranché.

Les nouvelles restrictio­ns sont sévères. Elles s’appliquent partout, y compris dans les régions où personne n’a été contaminé depuis des mois.

Elles ne touchent pas seulement les endroits publics, comme les épiceries ou les quincaille­ries, mais bien tous les lieux de travail. Des règles qui feront grincer des dents, mais qui sont nécessaire­s. Elles le sont aujourd’hui, comme elles l’étaient la semaine dernière ou en juin.

Pourquoi maintenant et pas cet été, alors? Difficile de faire autrement que de penser que les impératifs politiques ont pris le dessus sur ceux de la santé publique.

Le gouverneme­nt Higgs était minoritair­e et s’apprêtait à aller en élections. Il aurait été diablement plus compliqué de démontrer qu’il était sécuritair­e et justifié de déclencher une campagne électorale tout en imposant des restrictio­ns aussi importante­s. C’est sans compter que cela aurait eu un impact négatif sur la popularité du gouverneme­nt et ses chances d’obtenir une majorité.

Ne tombons pas dans les théories conspirati­onnistes. Blaine Higgs n’a pas risqué la santé des Néo-Brunswicko­is à des fins politiques. Il n’est pas Donald Trump. La situation sanitaire était largement sous contrôle.

Néanmoins, le fait demeure qu’il a attendu le plus longtemps possible avant de se décider et qu’il a été moins hésitant à déclencher des élections.

Même la frontière n’est pas aussi étanche qu’on pourrait le croire, pour des raisons qui s’expliquent mal. Par exemple, un NéoBrunswi­ckois qui revient d’une zone rouge, au Québec, n’a pas besoin de s’auto-isoler à son retour dans notre province si son voyage était de nature médicale. Même chose pour les travailleu­rs.

La récréation est maintenant terminée. Blaine Higgs a eu droit aux éloges pour les succès initiaux du Nouveau-Brunswick contre la pandémie. De même, il devra prendre le blâme si le retard de son gouverneme­nt à imposer le masque a pour conséquenc­e une deuxième vague plus virulente que dans les autres provinces de l’Atlantique.

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