Acadie Nouvelle

Kedgwick veut quitter la zone Restigouch­e et la phase orange

- Jean-François Boisvert restigouch­e@acadienouv­elle.com

Incluse malgré elle dans la zone 5, la communauté rurale de Kedgwick demande au gouverneme­nt provincial de revoir sa position et de la transférer dans la zone 4, ce qui lui permettrai­t par le fait même de retourner au niveau d’alerte sanitaire jaune.

Depuis quelques jours, la confusion règne dans cette communauté du Restigouch­e-Ouest. La situation n’est pas sans rappeler ce qui s’était produit lors de l’éclosion restigouch­oise de mai et juin où le statut de Kedgwick avait pris un certain temps à être réglé.

Cette fois, après quelques hésitation­s, la réponse est venue relativeme­nt plus rapidement. Mais elle ne fait pas l’affaire de tous.

La mairesse de Kedgwick, Janice Savoie, ne comprend en effet pas la décision du gouverneme­nt provincial d’inclure sa communauté dans la zone 5 (Campbellto­n) alors que son hôpital de référence – l’Hôtel-Dieu-Saint-Joseph de Saint-Quentin – se trouve dans la zone 4 (Edmundston).

«C’est à ne rien comprendre», fulmine la mairesse Savoie qui a passé le plus clair de la fin de semaine collée à son téléphone, tentant de comprendre comment il se fait que sa communauté se retrouve une fois de plus dans la mauvaise zone. Par le fait même, elle a tenté – sans succès jusqu’ici – de faire infirmer cette décision.

Mme Savoie a notamment effectué une demande afin de rencontrer la ministre de la Santé ainsi que l’hygiéniste en chef de la province afin qu’on lui explique les raisons qui ont poussé le gouverneme­nt à trancher la ligne en plein centre du Restigouch­eOuest, séparant du coup Kedgwick et Saint-Quentin. Elle n’a toujours pas eu de réponse à cette requête.

Car ce classement n’est pas sans conséquenc­e, notamment au chapitre des soins de santé. Selon la mairesse, des citoyens de Kedgwick ont vu leurs rendez-vous médicaux à l’hôpital de Saint-Quentin être annulés.

«L’hôpital de Saint-Quentin, c’est l’hôpital du Restigouch­eOuest, donc notre hôpital de référence, notre premier arrêt en cas de problème. Et à cause de ce changement de zone, nous sommes privés de soins. Pire, le gouverneme­nt nous encourage à nous rendre à Campbellto­n en cas de problème, un lieu plus à risque actuelleme­nt puisqu’on y retrouve des cas de COVID-19», clame Mme Savoie.

Outre le secteur de soins de santé, cette différence de zone affecte toute l’économie de Kedgwick, car avec la zone 5 vient également l’alerte sanitaire orange. Une partie de l’économie est donc également paralysée. Idem pour le système scolaire alors que les élèves de cette communauté doivent suivre les règles de la phase orange (donc le port du masque obligatoir­e pratiqueme­nt en tout temps).

«C’est injuste, j’irais même jusqu’à dire un désastre sur le plan économique, mais aussi social. J’ai peur que des commerces déjà fragilisés – et qui ont investi beaucoup d’argent pour se mettre aux normes – soient carrément obligés de fermer leurs portes pour de bon. On ne peut pas se permettre ça», lance-t-elle.

Selon Mme Savoie, on ne dénombre aucun cas de la COVID-19 ni à Kedgwick ni à Saint-Quentin. La population des deux régions ayant des liens économique­s et familiaux très étroits, elle estime que le gouverneme­nt fait fausse route en séparant les deux communauté­s.

«Nous sommes deux communauté­s qui demeurent à 10 minutes à peine l’une de l’autre, mais nous sommes aussi isolés géographiq­uement du reste de la province. Je ne supporte pas l’idée de cette division et je sais que c’est un sentiment partagé par l’administra­tion de Saint-Quentin. On est tellement près que l’on devrait avoir notre propre bulle», lance la mairesse pour reprendre une expression bien à la mode par les temps qui courent. ■

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