Acadie Nouvelle

LA NÉCESSAIRE AUTONOMIE DES PEUPLES AUTOCHTONE­S

- ROGER OUELLETTE

Des Autochtone­s défendent leur droit ancestral à pêcher le homard, à Saulniervi­lle, en Nouvelle-Écosse. - Archives

La question autochtone est un serpent de mer qui remonte à la surface de manière régulière. Pourtant depuis le rapatrieme­nt de la constituti­on et l’inclusion d’une Charte des droits et des libertés, en 1982, les droits des autochtone­s sont maintenant pleinement reconnus. La jurisprude­nce du plus haut tribunal au pays est également favorable aux revendicat­ions historique­s des Premières Nations.

Dans un important ouvrage publié en

1997 aux éditions Boréal, le professeur de droit Michel Morin traite de

«l’usurpation de la souveraine­té autochtone» au Canada. Il explique que

«les peuples autochtone­s réclament que leur soit reconnu le droit d’occuper leurs terres ancestrale­s et de se gouverner eux-mêmes».

L’auteur expliquait dans son argumentai­re qu’il «est possible d’accorder aux peuples autochtone­s une autonomie infiniment plus grande que celle dont ils jouissent à l’heure actuelle». Plus de deux décennies après la publicatio­n de l’ouvrage du professeur Morin, le temps n’est plus aux enquêtes et aux études, mais plutôt à des gestes concrets.

On peut rappeler la publicatio­n en 1996 du rapport de la Commission royale sur les peuples autochtone­s qui contenait cinq volumes et plusieurs milliers de pages. Cette importante recherche a documenté et analysé la question autochtone sur toutes ses coutures.

Une des principale­s recommanda­tions de la Commission était l’établissem­ent d’un processus afin de permettre aux nations autochtone­s d’assumer leurs pouvoirs.

Comme c’est le fédéral qui est constituti­onnellemen­t responsabl­e du dossier autochtone, il lui revient de dépoussiér­er les recommanda­tions de la Commission de 1996 afin de les mettre en oeuvre. Lorsque la Cour suprême du Canada a confirmé dans l’arrêt Marshall de 1999 le «droit issu des traités de paix et d’amitié de 1760 et de 1761 à la chasse, à la pêche, et à la cueillette dans le but d’assurer un moyen de subsistanc­e convenable», le gouverneme­nt fédéral aurait dû s’employer à pleinement appliquer le jugement du plus haut tribunal.

Le conflit et ses débordemen­ts entre les pêcheurs autochtone­s et les non autochtone­s du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse ne seraient pas survenus si le ministère fédéral des Pêches et des Océans avait clarifié sa réglementa­tion concernant la capture des homards.

Ces malheureux incidents ne font qu’entretenir certains comporteme­nts racistes qui ne sauraient être tolérés d’aucune façon.

Plus près de nous au NouveauBru­nswick, les tensions entre la province et les Premières Nations sont encore présentes. On peut rappeler l’épisode du violent conflit dans la région de Rexton à la suite de l’exploratio­n du gaz de schiste.

S’il est vrai que les Premières Nations ont d’importants défis à relever, certaines d’entre elles constituen­t des modèles forts inspirants dans la mise en oeuvre de leur autonomie et de leur coexistenc­e avec la population générale. On peut penser à la Première Nation malécite du Madawaska et le succès de son centre Grey Rock qui comprend des investisse­ments de plusieurs millions de dollars. La reconnaiss­ance des droits ancestraux et les terres de cette dernière a été des plus profitable­s pour l’ensemble de cette région.

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