Acadie Nouvelle

Il faut apprendre à vivre avec la vie

- Léon Robichaud, I.V.Dei Shippagan

Depuis quelques mois, les exigences imposées par la COVID-19, sont venues perturber nos relations interperso­nnelles en nous forçant à nous interroger d’une façon nouvelle sur la vie.

Je me suis disposé à faire de la téléconfes­sion pour imiter mon médecin qui fait de la télémédeci­ne. Avec ceux et celles qui s’interrogen­t sur le mystère de la COVID-19 mortelle, je leur dis que le grand mystère c’est celui de la vie et il faut apprendre à vivre avec la vie.

Nous en savons aussi peu de la vie que de la mort. C’est parce que la vie est inconnue que la pensée de la mort paraît être un abîme.

«Quand on ne sait pas ce qu’est la vie, comment pourrait-on savoir ce qu’est la mort.» (Confucius, 551-479 avant J.C.)

Nous passons trop de temps à nous fuir et à nous rencontrer par intermitte­nce. Sans trop savoir qui nous sommes, nous ignorons les autres autour de nous, occupés par les soucis matériels et les divertisse­ments. Et voilà qu’une personne aimée décède.

«C’est devant la surprise de cette mort que nous prenons conscience que la vie aurait pu être autrement», me disait une dame, dont l’époux s’est suicidé.

«Au cimetière, les survivants pleurent ceux et celles qui ne sont plus vivants», me disait une autre personne.

Et elle ajoutait en me disant que «si nous ne connaisson­s si peu ceux avec qui nous vivons, c’est parce que nous sommes fermés comme une huître».

À la suite du suicide de son fils, un proche me dit que toutes les difficulté­s de connaître son enfant dans le fond de son âme, toutes ces difficulté­s resurgisse­nt devant sa mort.

J’ai lu quelque part qu’il ne s’agit pas de savoir si nous serons vivants après la mort, mais l’important c’est d’être bien vivants avant de mourir.

Ce personnage, la mort, personne ne la voit. Ce que nous voyons, c’est une personne morte, un cadavre.

En ces temps de pandémie, il se fait un certain lavage de cerveau où l’on fait une grande consommati­on d’idées que l’on martèle pour en faire des instrument­s d’aveuglemen­t massif, à la manière de Donald Trump.

Je le répète en téméraire, l’important n’est pas de savoir ce qui se passera après la mort, l’important c’est ce qui se passe maintenant et ce que nous faisons avec notre vie.

«Toujours, évitons de demeurer à la surface de nous-mêmes et passons du superficie­l à l’essentiel, du visible à l’invisible», m’écrivait une mère de deux enfants, à la suite de son divorce.

Je termine avec une réflexion de Doris Lussier, aux funéraille­s de son propre fils.

«Ce que je trouve beau dans le destin humain, malgré son apparente cruauté, c’est que pour moi, mourir ce n’est pas finir, c’est continuer autrement. Un être humain qui s’éteint, ce n’est pas un mortel qui finit, c’est un immortel qui commence. Mourir, au fond, c’est peutêtre aussi beau que naître. Est-ce que le soleil couchant n’est pas aussi beau que le soleil levant? Un bateau qui arrive à bon port, n’est-ce pas un évènement heureux? Et si naître n’est qu’une façon douloureus­e d’accéder au bonheur de la vie, pourquoi mourir ne serait-il pas qu’une façon douloureus­e de devenir heureux?» ■

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