QUAND LA COVID-19 NOUS VOLE UN PROCHE
La région du Restigouche a poussé un soupir de soulagement mardi après que les autorités de la Santé publique eurent annoncé qu’il n’y avait aucun nouveau lié à la COVID-19 dans la région. Toutefois, les choses se sont gâtées par la suite.
La journée de mardi a fait du bien au moral des citoyens du Restigouche.
Après avoir été qualifiés la veille «d’indisciplinés» et menacés de sanctions plus sévères par la médecin-hygiéniste en chef, Dre Jennifer Russell, et le premier ministre, on ne rapportait aucun nouveau cas de COVID-19. La réalité de la pandémie et son imprévisibilité ont toutefois eu vite fait de rattraper la région.
Mercredi, la Santé publique a annoncé l’ajout de six nouveaux cas au bilan provincial. On parle d’une personne âgée de 19 ans et moins, d’une entre 30 et 39 ans, de deux entre 40 et 49 ans, d’une entre 50 et 59 ans et d’une entre 60 et 69 ans.
Tous ces cas se trouvent dans la zone 5, portant le total de cas actifs à 57 dans cette région et à 92 pour l’ensemble de la province.
De ce nombre, cinq personnes sont hospitalisées, dont une aux soins intensifs.
Ce qui retient toutefois l’attention, c’est l’ajout d’un nouveau décès à ce triste bilan.
Rhéal Vautour, âgé de 71 ans, de Dalhousie, est décédé mardi matin après avoir contracté le virus. Il allait avoir 72 ans le mois prochain.
Il s’agit du quatrième décès lié à la pandémie. Le second de l’éclosion automnale. Le troisième à survenir au Restigouche.
M. Vautour a été admis à l’Hôpital régional de Campbellton, le 9 octobre, à la suite de difficultés respiratoires.
Peu de temps après son arrivée, le verdict est tombé. C’est la COVID-19.
«Mon père allait bien, il était en bonne santé. Ça s’est dégradé très rapidement, même en dépit des soins offerts tout le long de son séjour à l’hôpital», confie son fils, Mark Vautour, encore sous le choc de cette lourde perte. Celui-ci se rappelle de son père comme de quelqu’un d’aimant, de serviable, et surtout d’un grand-père exceptionnel pour ses petites-filles.
De son propre aveu, jamais il n’a pensé au virus de la COVID-19 lorsque son père a pris la direction de l’hôpital. «Il pensait que c’était une simple grippe, rien de plus», dit-il.
Mark a vu son père pour la dernière fois deux jours avant son admission à l’hôpital. En raison des protocoles en place en lien avec la COVID-19, il n’a pu se rendre à son chevet durant la douzaine de jours où il fut hospitalisé, incluant la dernière, celle de son décès. Un cauchemar qu’il ne souhaite à personne.
«Ce fut particulièrement difficile de ne pas pouvoir aller le voir, surtout sachant que sa situation ne semblait pas évoluer dans la bonne direction», confie-t-il.
Encore aujourd’hui, Mark Vautour se demande bien d’où vient la contamination.
«La Santé publique a été très active à tenter de retracer la source, à effectuer un traçage de ses contacts, mais on n’a pas eu de nouvelle d’où ça pouvait venir. Je me suis fait tester, tout comme les autres membres de notre famille immédiate, et nous sommes tous négatifs, ce qui est une bonne nouvelle», souligne-t-il.
Quoi qu’il en soit, ce dernier perçoit cette épreuve comme un malheureux accident et il n’est pas à la recherche d’un coupable comme tel.
«Est-ce que les gens ont baissé leur garde dans la phase jaune et fait preuve de laisseraller? Peut-être certains. Mais je crois que la très grande majorité de nos citoyens font attention et respectent les consignes. On a été malchanceux, mon père a été malchanceux. Il va grandement nous manquer à moi et à mes filles», souligne-t-il.
Le premier ministre, Blaine Higgs, a tenu mercredi à offrir ses condoléances à la famille.
AUTRE CAS SCOLAIRE
Outre ce nouveau décès, un nouveau cas a été répertorié à l’intérieur d’un établissement scolaire. La direction du District scolaire anglophone Nord a publié un mémo à l’attention des parents de la Dalhousie Regional High School, mardi soir, avisant qu’un deuxième cas positif au virus avait été détecté dans cet établissement.
«Ce cas n’a aucun lien avec celui identifié antérieurement. Nous travaillons avec les responsables de la Santé publique pour identifier les élèves et le personnel de l’école qui peut avoir été en contact avec le cas», peut-on y lire.
Les élèves de cette école secondaire demeurent donc en apprentissage à la maison, et ce, jusqu’à ce que la recherche des contacts soit terminée.
Ce cas s’ajoute à celui déjà annoncé la semaine dernière dans cet établissement.
Depuis le début de l’éclosion, pratiquement tous les établissements scolaires francophones et anglophones du Restigouche-Centre et du Restigouche-Est – à l’exception du Galion des Appalaches et de la polyvalente Roland-Pépin – ont été touchés par la COVID-19, que ce soit par la découverte de cas ou de façon préventive (exposition à des cas potentiellement positifs).
FRUSTRATIONS
Dans la foulée de l’éclosion de la COVID-19 au Restigouche, le député libéral de Campbellton-Dalhousie, Guy Arseneault, s’est tourné vers les médias sociaux afin d’exprimer sa frustration face aux propos tenus lundi par l’hygiéniste en chef de la province ainsi que par le premier ministre Higgs.
M. Arseneault n’a pas du tout apprécié le ton réprobateur des deux orateurs qui ont insinué que les citoyens du Restigouche étaient indisciplinés et que la poursuite de la phase orange était liée à cette attitude désinvolte. ■