L’engouement pour le vélo ne ralentit pas
«Incroyable.» Voilà comment le propriétaire de My Bike Shop à Moncton, Jim Goguen, décrit l’engouement des familles pour le vélo. Il s’étonnait déjà de la croissance de son activité par rapport à l’année précédente au printemps. La tendance est restée la même depuis.
«Normalement, c’est un papa ou une maman qui entrent pour acheter un bicycle pour eux-mêmes ou un enfant. Là, ce sont des familles entières qui entrent et qui achètent quatre ou cinq bicyclettes en même temps», s’exclame-t-il à propos de sa boutique.
«Même en novembre, les vélos rentrent encore pour se faire réparer et le monde en cherche toujours des neufs. J’ai une liste d’attente pour les vélos de montagne de plus de cinquante personnes!»
Même tintement de sonnette auprès du propriétaire de Bent Spokes Bicycle Shop à Moncton, James McNutt.
«Je fournis plus de services (remplacement de pneus et de chambres à air, réglages) et je vends plus d’accessoires que l’année dernière, indique-t-il. Mais je ne vends pas plus de vélos parce qu’il y a des pénuries chez les fournisseurs.»
M. McNutt note en outre qu’il a généré un chiffre d’affaires plus de trois fois supérieur à celui de l’année précédente entre la fin du premier confinement et septembre.
«Maintenant, ça devrait être très calme, avec quelques personnes qui cherchent des cadeaux de Noël ou des vélos à pneus surdimensionnés (fat bikes), décrit le vendeur. Mais des gens continuent de venir. Beaucoup d’entre eux essayent d’étendre la saison du vélo autant qu’ils le peuvent, parce qu’ils ont pris conscience d’avoir oublié à quel point ils aimaient pédaler, quand ils ont recommencé à le faire après la pandémie.»
L’entrepreneur estime que les cyclistes ont renoué avec leur loisir faute de pouvoir s’entraîner et s’amuser autrement après l’arrivée de la COVID-19.
«Le monde a un peu peur en ce moment, ajoute M. Goguen. C’est pourquoi les familles se mettent ensemble. Celles qui seraient allées à Disney ou dans la Sud peuvent mettre l’argent qu’elles auraient dépensé sur d’autres activités, comme le vélo ou les grosses marches.»
PÉNURIES
Cette augmentation de la demande dans le marché du vélo est mondiale. Un rapport de l’entreprise Technavio publié en octobre prévoit une croissance de 4% par an jusqu’en 2024. La compagnie précise toutefois qu’elle n’a pas pris en compte toutes les conséquences de la pandémie de COVID-19 et qu’elle devrait revoir ses prévisions de croissance à la baisse.
L’engouement pour le vélo n’est pas la seule cause des pénuries chez les fournisseurs de ce marché. Les usines d’Asie ont dû fermer pendant quelques semaines pour permettre à leurs ouvriers de se confiner, selon le magazine Matos Vélo. Or, elles sont incapables de rattraper le retard de production en seulement quelques mois.
«Présentement, il n’y a pas vraiment une augmentation de cyclistes, observe d’ailleurs le militant pour le transport actif (vélo, marche, etc.), Antoine Zboralski. À mon avis, l’explosion des ventes concerne plus l’usage récréatif, dans les parcs de Fundy et de Kouchibouguac par exemple.»
ESPOIRS
Le cycliste exprime de la frustration, car il croit que les habitants de Moncton pédaleraient plus souvent vers leur lieu de travail et vers l’épicerie s’ils se sentaient en sécurité sur les routes. Or, il soutient que celles-ci nécessitent des projets d’infrastructure majeurs pour que ce soit le cas.
Quoi qu’il en soit, M. McNutt a beaucoup d’espoirs. Il estime que les pénuries inciteront les personnes qui n’ont pas encore trouvé leur vélo à l’acheter l’année prochaine.
«Ce n’est pas seulement pour mon entreprise, précise M. McNutt à propos de sa joie. Le vélo est bon pour la santé, pour l’environnement et permet de souder la communauté, parce qu’on est plus sociable sur un vélo.» ■