L’ex-député Chris Collins accuse Brian Gallant d’avoir voulu se venger
L’ex-député Chris Collins accuse l’ancien premier ministre Brian Gallant d’avoir révélé l’existence d’une plainte pour harcèlement contre lui en guise de représailles pour certaines de ses décisions à titre de président de l’Assemblée législative.
L’ancien député libéral de MonctonCentre affirme avoir fait l’objet d’«attaques» et de «harcèlement» de la part de M. Gallant et des membres de son équipe pour avoir rejeté deux motions du gouvernement parce qu’elles constituaient à son avis des attaques personnelles à l’endroit du chef de l’opposition de l’époque, Blaine Higgs.
Ces allégations qui n’ont pas été prouvées devant un tribunal ont été déposées en cour le 15 octobre par l’avocat de M. Collins dans le cadre de sa poursuite contre l’ancien premier ministre et l’Assemblée législative.
Chris Collins a été député du Parti libéral de 2007 à 2018 ainsi que président de l’Assemblée législative de 2014 à 2018.
En avril 2018, Brian Gallant a suspendu M. Collins du Parti libéral après avoir annoncé aux médias qu’une ancienne employée de l’Assemblée législative avait porté plainte contre lui pour harcèlement.
Peu de temps après, M. Collins a quitté le Parti libéral et a renoncé temporairement à ses responsabilités en tant que président de l’Assemblée en attendant que l’affaire soit tirée au clair.
Lors des élections de septembre 2018, Chris Collins a été défait à titre de candidat indépendant contre le nouveau candidat libéral dans sa circonscription, Robert McKee.
En avril de cette année, Chris Collins a déposé une poursuite contre M. Gallant et contre l’Assemblée législative pour avoir rompu son contrat de travail et avoir violé sa vie privée. Il estime aussi avoir été victime d’abus de pouvoir.
Brian Gallant et les représentants de l’Assemblée législative nient les allégations initiales de M. Collins et se défendent d’avoir mal agi dans ce dossier.
L’Assemblée législative affirme aussi qu’elle ne peut pas être poursuivie par M. Collins en raison du privilège parlementaire.
Dans le document du 15 octobre, l’avocat de M. Collins, Harold L. Doherty, ne précise pas le contenu des deux motions du Parti libéral dont le rejet par M. Collins lui aurait valu des représailles de la part de M. Gallant et du Parti libéral.
Selon les dates évoquées, il semble toutefois s’agir des motions 15 et 24 déposées le 7 novembre et le 17 novembre par ministre Victor Boudreau.
La motion 15 exhortait le chef de l’opposition officielle, Blaine Higgs, à expliquer son rôle et à donner son avis sur un allègement d’impôt foncier accordé à Canaport LNG de Saint-Jean lorsqu’il était cadre dans l’entreprise partenaire dans ce projet, Irving Oil.
Selon le journal de l’Assemblée législative, Chris Collins a statué que la motion était «irrecevable» puisque selon la tradition parlementaire, le premier ministre et les ministres doivent rendre des comptes à l’Assemblée, mais pas les simples députés comme le chef de l’opposition.
La motion 24 était à peu près la même, sauf qu’elle s’adressait à l’opposition officielle en général au lieu de viser personnellement Blaine Higgs. Cette seconde motion semble être morte au feuilleton sans que M. Collins se prononce sur sa recevabilité et sans avoir été débattue par les députés.
«Cette requête est fondée sur les attaques du défendeur, Brian Gallant, contre le plaignant, Christopher Collins, pour avoir exercé ses fonctions de président en refusant de permettre le dépôt de deux motions (...) qui constituaient une attaque personnelle contre le chef de l’opposition officielle de l’époque», affirme l’avocat de M. Collins au sujet de sa poursuite dans le document du 15 octobre.
Chris Collins «a été personnellement harcelé par des représentants» de M. Gallant «en raison de ses décisions en tant que président», ajoute-t-il.
Une avocate embauchée par l’Assemblée législative pour enquêter sur les allégations de harcèlement dont M. Collins faisait l’objet a déterminé en juillet 2018 que la plainte était «en partie fondée».
Selon elle, M. Collins avait enfreint la directive sur le harcèlement au travail du gouvernement.
Chris Collins a raconté par la suite avoir fait des commentaires «qui ont été perçus comme inappropriés» par l’auteure de la plainte.
«J’offre mes excuses complètes et sans réserve pour tout ce que j’ai dit qui a offensé la plaignante ou qui que ce soit d’autre.»
Le rapport d’enquête n’a jamais été rendu public. M. Collins a cependant indiqué à l’époque que l’«écrasante majorité» des «multiples allégations» formulées contre lui «ont été jugées non fondées» par l’avocate.
Aucune date d’audience n’est encore prévue dans la poursuite de M. Collins contre Brian Gallant et l’Assemblée législative. - MRC ■ le