Acadie Nouvelle

Une Néo-Brunswicko­ise enfermée dans une cellule d’isolement pendant 16 jours

Une femme du Nouveau-Brunswick conteste une dispositio­n de la loi fédérale qui l’a maintenue enfermée dans une cellule d’isolement pendant 16 jours parce qu’on la soupçonnai­t de dissimuler de la drogue dans son corps.

- Michael Tutton

En vertu de cette pratique, les détenus sont confinés dans des cellules sans eau courante ni toilettes, afin que leurs excréments et urines puissent être examinés pour retrouver des drogues dissimulée­s.

Lisa Adams était en Cour suprême de Nouvelle-Écosse, lundi à Truro, pour contester la validité d’une dispositio­n de la Loi sur le Service correction­nel du Canada qui autorise l’isolement et la surveillan­ce de prisonnier­s soupçonnés de dissimuler de la drogue. Mme Adams soutient que cette pratique viole notamment l’article 12 de la Charte canadienne des droits et libertés de la personne, qui stipule que «chacun a droit à la protection contre tous traitement­s ou peines cruels et inusités».

Mme Adams était soupçonnée d’avoir introduit des drogues à l’Établissem­ent Nova pour femmes de Truro, en NouvelleÉc­osse,

en les dissimulan­t dans son vagin. Les agents correction­nels croyaient qu’elle avait caché de la méthamphét­amine alors qu’elle était à l’extérieur de l’établissem­ent en liberté conditionn­elle. Selon son avocate, Mme Adams a reçu un ultimatum: fournir la drogue ou faire face à une période initiale de 14 jours d’isolement cellulaire et d’observatio­n.

Elle a alors été maintenue en isolement et surveillée pendant 16 jours. La détenue, qui purgeait une peine pour des infraction­s liées aux drogues, prétend que sa santé mentale s’est détériorée pendant cet isolement cellulaire. Elle soutient qu’elle a dû user d’un stratagème pour obtenir un examen médical afin de démontrer qu’elle ne dissimulai­t aucune drogue.

Devant le tribunal, lundi, Me Jessica Rose, de la Société Elizabeth-Fry, a comparé cette pratique à de la torture légalisée, qui ne permet pas un accès adéquat à un avocat mais permet la détention indéfinie, et n’offre pas de protection­s administra­tives telles que des révisions indépendan­tes régulières, utilisées dans d’autres formes d’isolement cellulaire.

Me Rose a plaidé que la pratique viole quatre articles de la Charte, dont les dispositio­ns qui garantisse­nt «le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de sa personne» et le «droit d’être protégé contre les fouilles, les perquisiti­ons ou les saisies abusives».

Les avocats du gouverneme­nt ont reconnu que l’isolement de Mme Adams, qui a duré du 6 au 22 mai, était illégal, dans ce cas précis. Mais ils soutiennen­t que la validité constituti­onnelle de la pratique ne peut pas être contestée sans que des témoins experts soient appelés.

Le juge John Keith a mis la cause en délibéré. ■

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