Let Him Go: un film authentique et d’une grande humanité
Je l’avoue, je me suis laissé avoir par le marketing entourant Let Him Go (en salles depuis le 6 novembre). L’affiche et le synopsis laissaient présager une version gériatrique du plus récent Rambo avec Kevin Costner dans le rôle-titre. J’ai plutôt eu droit à une oeuvre remplie d’humanité malgré son ton extrêmement lourd.
L’ex-flic George Blackledge (Costner) et sa femme Margaret (Diane Lane) sont les propriétaires d’un petit ranch dans le Montana des années 1960.
Ils y vivent avec leur fils James, leur belle-fille Lorna (Kayli Carter) et leur petit-fils Jimmy.
Un jour, James est victime d’un accident de cheval et en meurt.
Quelques années plus tard, Lorna se remarie avec Donnie Weboy (Will Britain), un homme sombre et renfermé.
Quand Lorna et Donnie s’installent en ville, Margaret vit mal la séparation avec son petit-fils. Son désespoir devient plus grand quand, un jour, elle voit, impuissante, Donnie frapper Lorna et Jimmy.
Quelques jours plus tard, elle décide d’aller confronter Donnie. Mais quand elle débarque chez son ex-belle-fille, elle découvre un appartement vide.
Elle apprendra alors que Donnie est retourné dans sa famille, dans le Dakota du Nord, et qu’il a amené Lorna et Jimmy sans leur permettre de faire leurs adieux à George et Margaret.
Craignant pour la sécurité de leur petit fils, les deux grand-parents prennent la route avec une seule idée en tête: récupérer Jimmy.
Ce qu’ils ignorent, c’est que le clan Weboy est dangereux et qu’il n’est pas enclin au partage...
VIOLENT, MAIS HUMAIN
J’écrivais plus haut que je m’attendais à découvrir dans Let Him Go une version gériatrique de Rambo: Last Blood (2019). Il faut dire que la comparaison était assez facile à faire.
Dans les deux films, l’intrigue débute sur un ranch et met en scène la disparition d’un être cher, un voyage, une promesse de vengeance et se termine par une fusillade. Le personnage principal est de plus interprété par un ancien héros de film d’action des années 1980 et 1990 (Sylvester Stallone, dans le cas de Rambo).
Mais c’est là que s’arrête toute comparaison. Parce que Let Him Go est une oeuvre qui a une âme.
C’est un film profondément humain, qui traite du deuil et de la façon dont nous abordons la perte de ceux qui nous sont chers.
Thomas Bezucha (The Family Stone) nous propose beaucoup plus qu’une simple oeuvre d’exploitation à la Rambo. Par le biais de retours en arrière, il nous offre de magnifiques moments de tendresses qui sauront toucher la corde sensible des plus endurcis.
DIANE LANE BRILLE
Let Him Go est donc une oeuvre humaine. Et personne n’incarne cette humanité avec autant de grandeur que le personnage de Margaret, interprété avec un brio à couper le souffle par Diane Lane.
Finaliste pour l’Oscar de la meilleure comédienne en 2003 pour Unfaithful, la vétérane a fait sa marque au cinéma de répertoire (Under the Tuscan Sun, Trumbo) comme au cinéma commercial (Man of Steel, Seabiscuit) depuis ses débuts dans A Little Romance, en 1979.
Dans Let Him Go, Lane affiche un grand éventail d’émotions, allant de la colère à la peur en passant par la douceur et la compassion.
Elle crève tout simplement l’écran quand elle tente, en jouant les innocentes, de désamorcer de nombreux moments tendus. Sa maîtrise d’elle même est absolument parfaite.
Je m’en voudrais aussi de ne pas souligner le jeu de Lesley Manville dans le rôle de la très malotrue chef du clan Weboy, Blanche. J’ai rarement eu autant de plaisir à détester un personnage cette année!
AUTHENTIQUE
La grandeur de Let Him Go repose dans son désir d’être authentique.
Les dialogues sont peu nombreux dans la magnifique première heure, à l’image d’un vieux couple des années 1960.
Dans sa reconstitution historique, Bezucha s’appuie beaucoup sur les montagnes et les hautes herbes si typiques du Midwest.
Mais surtout, il n’y a pas d’exagération hollywoodienne ici. Les héros sont des personnages imparfaits qui ont leurs propres problèmes (et inquiétudes).
Quand George prend d’assaut le ranch Weboy, il le fait à titre de mortel apeuré et non pas comme un superhéros infaillible qui tire sur tout ce qui bouge.
Les motivations des Blackledge, bien que nobles, sont aussi discutables.
Quel droit ont-ils de vouloir retirer de force un enfant à son père et à sa mère, même si c’est pour sa prétendue sécurité?
Let Him Go n’est pas un chef d’oeuvre. Mais c’est un film qui fait cogiter et qui fait du bien à l’âme, en plus de nous dépayser avec ses magnifiques paysages.
Pensez-en ce que vous voulez, mais à mes yeux, c’est déjà beaucoup. ■
Kevin Costner en 7 films
o Bull Durham (1988)
o Field of Dreams (1989)
o Dances with Wolves (1991)
o JFK (1992)
o Robin Hood: Prince of Thieves (1992)
o The Bodyguard (1993)
o Tin Cup (1997)