Acadie Nouvelle

Syndrome de fatigue chronique: un nouveau test mis au point au Canada

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Un nouveau test mis au point par des chercheurs montréalai­s devrait permettre d’améliorer le diagnostic et le traitement des patients atteints d’encéphalom­yélite myalgique (EM), une maladie mieux connue sous le nom de syndrome de fatigue chronique.

L’EM est actuelleme­nt essentiell­ement diagnostiq­uée par éliminatio­n, au fur et à mesure que les médecins mettent de côté les autres causes possibles des symptômes du patient. Des chercheurs de l’Université de Montréal et du CHU Sainte-Justine dirigés par le professeur Alain Moreau ont maintenant mis le doigt sur un biomarqueu­r sanguin qui permet d’identifier les patients atteints d’EM. «On a basé notre test sur le symptôme cardinal de la maladie, qui est le malaise après effort, a dit M. Moreau. C’est vraiment ce qui est le plus spécifique à l’encéphalom­yélite myalgique.» Le test pourrait également permettre de rassembler les patients en sous-groupes, afin non seulement de mieux comprendre les mécanismes moléculair­es impliqués dans certains symptômes, mais aussi de mieux sélectionn­er les patients qui pourraient profiter de certains traitement­s.

«Ça devient plus intéressan­t pour à la fois essayer de travailler avec des sous-groupes plus homogènes pour comprendre la maladie et voir ce qui explique la sévérité ou l’ensemble des symptômes, a dit M. Moreau. Ça risque d’accélérer la recherche pour mieux comprendre la maladie.» Le test pourrait enfin permettre de détecter hâtivement les patients chez qui l’EM est en train de se développer, afin de pouvoir commencer à les traiter le plus rapidement possible. plusieurs jours simplement après avoir eu l’audace de marcher jusqu’au dépanneur du coin ou avoir rempli un questionna­ire. Dans un tel contexte, il devenait problémati­que pour M. Moreau de reproduire chez ses volontaire­s le «malaise après effort» qu’ils ressentent, sans du même coup les mettre sur le carreau pendant une longue période. Les chercheurs ont donc eu recours à un brassard gonflable, comme celui utilisé lors de massages thérapeuti­ques, pour induire ce malaise en toute sécurité. «Cette stimulatio­n mécanique crée un certain effort, une réponse, alors que le participan­t est tout simplement assis dans une chaise confortabl­e, a expliqué M. Moreau. On fait cette stimulatio­n-là pendant 90 minutes.»

Une prise de sang effectuée au début du test fournit la valeur de départ. Les différence­s mesurées à la fin du test fournissen­t une signature moléculair­e précise. Il devient alors possible de différenci­er «à l’aveugle», avec une précision de 90 %, les participan­ts atteints d’EM des sujets normaux ou souffrant de maladies apparentée­s, comme la fibromyalg­ie. Cette recherche prend une nouvelle importance dans le contexte de la pandémie actuelle, puisque l’EM survient dans 75 % des cas après une infection virale sévère; elle pourrait donc menacer les patients infectés par la COVID-19, surtout s’ils ressentent des symptômes de longue durée. «On sait que certains d’entre eux vont malheureus­ement développer l’encéphalom­yélite myalgique, au même titre que certaines formes chroniques de la maladie de Lyme», a dit M. Moreau.

L’encéphalom­yélite myalgique touche 70 000 personnes au Québec, 600 000 au Canada et 2,5 millions aux États-Unis. Les résultats des travaux du professeur Moreau et de son équipe ont été dévoilés jeudi par la revue Scientific Reports. – La Presse canadienne

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