Acadie Nouvelle

UNE DÉMOCRATIE DÉFAILLANT­E

- ROGER OUELLETTE

Encore une fois, la démocratie représenta­tive américaine a été mise à rude épreuve lors des dernières élections présidenti­elles. Quels sont les démons qui minent le système électoral du plus puissant pays de la planète? Pourquoi les États-Unis peuvent être comparés à des états voyous peu soucieux du respect des règles élémentair­es concernant un processus électoral fondé sur le principe une personne un vote? Les États-Unis se démarquent défavorabl­ement du Canada dans la gestion de son système électoral. Il n’y a pas chez nos voisins du sud un organisme indépendan­t comme Élection Canada qui est responsabl­e du bon déroulemen­t de celles-ci. Il n’y a pas aux États-Unis une liste permanente des électeurs. C’est la responsabi­lité de ceux-ci de s’inscrire sur les listes électorale­s qui sont gérées par les États. Ils doivent indiquer lors du processus d’inscriptio­n s’ils souhaitent être affiliés au parti démocrate, républicai­n ou encore comme indépendan­t. Le découpage des cartes électorale­s est également des plus partisans. Le gerrymande­ring qui consiste à toutes fins utiles aux politicien­s la possibilit­é de choisir leurs électeurs au lieu des électeurs d’élire leurs représenta­nts, a été validé par la Cour suprême des États-Unis. Les républicai­ns, qui contrôlent depuis des décennies plusieurs chambres de représenta­nts au niveau des États, se sont employés à inclure dans leurs circonscri­ptions les électeurs susceptibl­es de voter pour leurs candidats. Les décisions de la Cour suprême des États-Unis font en sorte que les candidats aux élections peuvent dépenser des sommes considérab­les d’argent qui ne sont pas plafonnées comme au Canada. C’est la même chose pour le financemen­t des campagnes électorale­s où des Super PAC peuvent recueillir de manière anonyme des centaines de millions de dollars pour appuyer ou s’opposer à certains candidats. Lorsqu’il s’agit d’élire le président des États-Unis, le principe une personne un vote n’est pas respecté en raison de la

présence d’un collège électoral qui donne aux petits États majoritair­ement blanc un vote prépondéra­nt. Ce système a permis par le passé au parti républicai­n de faire élire son candidat à la présidence même si celui-ci a obtenu moins de votes que son rival démocrate. C’est ce qui s’est produit aux élections de 2000 et de 2016 où Al Gore et ensuite Hilary Clinton ont été privés de la victoire même s’ils avaient obtenu plus de votes que le candidat républicai­n. Il n’y a pas aux États-Unis une loi fédérale qui encadre le processus électoral. Les élections pour la présidence, les membres de la Chambre de représenta­nts et du Sénat se font selon les différente­s lois des États. À l’intérieur de chaque État, la gestion du vote est décentrali­sée au niveau des comtés. Par exemple, en Floride, chaque comté peut avoir des machines à voter différente­s. Lors des élections présidenti­elles controvers­ées de 2000, comme par un heureux hasard, les machines à voter des comtés ayant une forte minorité noire ont été défectueus­es! Ce n’est pas demain la veille que nos voisins américains vont moderniser et démocratis­er leurs institutio­ns politiques qui contribuen­t au climat corrosif qui sévit dans ce pays.

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La gestion du vote aux États-Unis est décentrali­sée au niveau des comtés. - Archives
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