PIGER DANS LA POCHE DES PROPRIÉTAIRES
Plus de 100 000 propriétaires de résidence au Nouveau-Brunswick paieront en moyenne 100$ de plus en impôt foncier l’an prochain.
Cette hausse découle de la volonté du gouvernement de Blaine Higgs de donner un coup de pouce financier aux municipalités en faisant payer tous les propriétaires selon la véritable valeur de leur résidence.
Afin d’y arriver, Fredericton a décidé d’éliminer une clause exceptionnelle dans les règlements de l’impôt foncier qui date de l’époque du premier ministre David Alward.
Lors de la campagne électorale de 2010, le chef du Parti progressiste-conservateur avait promis de plafonner les augmentations de la valeur des résidences dans le calcul de l’impôt foncier à 3% par année pendant deux ans pour protéger les propriétaires contre un marché immobilier en surchauffe.
Dans le but d’éviter un choc aux propriétaires après deux années de plafonnement à 3%, le gouvernement de M. Alward avait décidé que la véritable hausse de la valeur des résidences durant ces deux années ne serait pas considérée dans le calcul de l’impôt foncier tant qu’elles ne changeraient pas de propriétaire.
À l’époque, environ 146 000 propriétaires ont bénéficié de la protection de cette clause spéciale appelée «l’écart d’évaluation permanent».
Le gouvernement de Blaine Higgs a décidé d’éliminer pour de bon cet écart dont profitent toujours 102 000 propriétaires aujourd’hui.
Dans le discours du trône, le gouvernement a présenté cette mesure comme une façon d’aider financièrement les municipalités qui peinent à rejoindre les deux bouts.
Quatre-vingt-dix pour cent des revenus générés par l’élimination de l’écart d’évaluation, environ 8,3 millions $, seront versés directement aux municipalités.
«Cela fait également partie de notre engagement à mettre en oeuvre la réforme de la gouvernance locale, qui constitue une priorité pour notre gouvernement», a confié la ministre de Service NB, Mary Wilson, dans un communiqué de presse.
La nouvelle a été très bien reçue par les représentants des organisations municipales comme le président de l’Association des cités du Nouveau-Brunswick, Adam Lordon.
«L’écart d’évaluation entraîne une perte de revenus pour les villes depuis de nombreuses années et nous sommes heureux de constater que le gouvernement s’attaque à ce problème», a commenté celui qui est aussi le maire de Miramichi.
«Les gouvernements locaux pourraient utiliser ce financement pour réduire leur taux d’imposition. À tout le moins, cela nous offrira davantage de possibilités pour améliorer la qualité de vie de nos résidents.»
De l’avis du gouvernement, l’élimination de l’écart d’évaluation est aussi une question d’équité avec les autres propriétaires qui payent leurs impôts fonciers en fonction de la véritable valeur marchande de leur résidence.
Le directeur par intérim en Atlantique de la Fédération canadienne des contribuables, Renaud Brossard, affirme toutefois qu’il s’agit d’un bien mauvais moment pour faire payer davantage certains propriétaires.
«Ne vous laissez pas berner, c’est juste une façon compliquée de dire que le gouvernement augmentera vos factures d’impôt foncier. Ce n’est pas quelque chose que les contribuables néo-brunswickois peuvent se payer en ces temps d’incertitude économique.»
Le premier ministre Higgs estime plutôt que les propriétaires touchés devraient se considérer chanceux d’avoir profité d’un rabais d’impôt durant toutes ces années.
«Leurs voisins vont plutôt dire qu’il était temps (que ça change). Ceux qui vont être touchés par le changement devraient se dire qu’ils ont épargné des milliers de dollars pendant ces huit années», a-t-il confié en mêlée de presse, jeudi.
Puisque l’augmentation de la valeur des propriétés aux fins d’impôt foncier est limitée à 10% par année, l’élimination de l’écart d’évaluation pourrait s’échelonner sur plusieurs années pour certains propriétaires. ■